Nathalie Nadeau, de Saint-François-de-Madawaska (Nouveau-Brunswick), et sa conjointe Rachelle, de Saint-Antoine (Nouveau-Brunswick), savaient bien que l’une de leurs seules possibilités de fonder une famille était de choisir un donneur de sperme.

Après avoir fait le tour de quelques banques de sperme et évalué d’autres options, le couple s’est tourné vers Isabelle Caron-Hébert, originaire de Saint-Joseph-de-Madawaska et Philippe Hébert originaire de la région de Moncton.

«Moi et Isabelle on se connait depuis 20 ans. On s’est côtoyées à l’école et au Nunavut par la suite. Éventuellement, on s’est tous retrouvés à Yellowknife. Dans ces années-là, on songeait à fonder une famille. Isabelle et Phil nous ont donc proposé de donner du sperme pour nous aider à avoir un enfant», raconte Nathalie Nadeau.

Selon Isabelle Caron-Hébert, le lien d’amitié qui unit les deux couples et leurs diverses affinités ont été des raisons qui les ont motivés, elle et son mari, à leur faire ce cadeau.

Le destin a toutefois décidé qu’il allait faire encore plus parce qu’à la même époque, Philippe Hébert et sa conjointe ont appris qu’ils attendaient un enfant.

C’est ainsi qu’à environ à trois semaines de différence Nathalie et Rachelle ont donné naissance à Novalie et qu’Isabelle Caron-Hébert et Philippe Hébert ont donné naissance à Jade.

«Ce n’était pas prévu, mais ç’a été une merveilleuse surprise», confie Isabelle Caron-Hébert.

«On croit que chaque chose arrive pour une raison, alors cela nous a donné l’opportunité d’avoir des enfants ensemble, de passer notre grossesse ensemble. Ç’a créé de beaux liens», estime Nathalie Nadeau.

Les petites Novalie et Jade, maintenant âgées de 6 ans, se fréquentent évidemment depuis la naissance. Elles sont après tout demi-sœurs et amies. Les deux familles s’entendent pour dire que les filles ont développé des liens extraordinaires.

L’un des éléments importants pour les deux couples était d’être transparents par rapport à l’origine de Novalie et du lien biologique qui l’unit avec Jade.

«On ne voulait pas qu’il y ait de la stigmatisation ou de la honte associée avec son histoire de naissance. Ses origines ont toujours été célébrées et on en discute ouvertement devant nos filles, nos amis proches et nos familles», indique Isabelle Caron-Hébert.

«On a commencé à en parler lorsqu’elles étaient toutes petites. On leur en parlait même lorsqu’elles avaient un an. Au cours des deux dernières années, elles avaient une meilleure capacité de compréhension alors ç’a un petit peu plus cliqué. Là, tu vois qu’elles comprennent et défendent leur position. Elles sont avant-gardistes dans ce sens-là», ajoute Nathalie Nadeau.

En conséquence, les filles parlent souvent de leur lien biologique à l’école et avec leur entourage.

«Elles comprennent qu’elles viennent de familles différentes, mais elles comprennent aussi que Novalie est venue au monde parce que ses parents avaient besoin d’un donneur pour concevoir un enfant. Pour elles, mon mari, le papa de Jade, a offert un cadeau à Nathalie et Rachelle pour que Novalie puisse grandir dans le ventre de l’une de ses mamans», renchérit Isabelle Caron-Hébert.

De son côté, Nathalie Nadeau s’est dite heureuse de l’appui que les deux couples ont eu de leur entourage lorsqu’ils leur ont annoncé la nouvelle. «Tout le monde a accepté nos choix. S’il y en avait qui n’étaient pas d’accord, ils ne l’ont jamais dit», souligne-t-elle.

Selon elle, les gens sont ouverts en général, mais certains camarades de classe posent des questions auxquelles il est souvent plus difficile de répondre.

«Les enfants ne comprennent pas tout le temps. Donc ils pensent qu’elles mentent lorsqu’elles disent qu’elles sont des demi-sœurs. Ça reste des enfants. C’est important de sensibiliser les gens à ça, car tu n’as pas besoin de vivre dans la même maison pour avoir des liens de parenté. Isabelle a publié un livre sur le sujet et on essaie d’en parler aux enseignants. On s’aide aussi entre familles.»

Pour Mmes Caron-Hébert et Nadeau, les liens d’amitié qui existent entre les deux couples et leurs enfants représentent un cadeau inespéré.

«On a fait ce don, mais jamais on n’aurait pu s’imaginer que l’on allait recevoir tant en retour. On a reçu un cadeau aussi. La connexion que l’on a développée avec Novalie et la connexion que ma fille Jade a avec ses tantes Nathalie et Rachel, c’est spécial», confie Isabelle Caron-Hébert.

«On voulait partager cette histoire, car il y a de bons côtés à avoir un donneur que l’on connait. Ça donne l’opportunité à Novalie d’avoir le plus d’amour possible et de bons liens. Ça prend une bonne communication, mais en général, c’est beaucoup de positif et beaucoup d’amour», conclut Nathalie Nadeau.