Selon Homeward Trust Edmonton, un organisme de services sociaux, le nombre de personnes itinérantes ne cesse d’augmenter à Edmonton. En janvier 2021, la ville comptait 1808 sans-abris.
Mais lorsque Amarjeet Sohi est devenu maire en octobre dernier, ils étaient désormais 2784 à vivre dans la rue… Un nombre porté à 2963 le 20 décembre. Une croissance exponentielle préoccupante pour le nouveau maire d’Edmonton.
Déjà en octobre 2020, les refuges manquaient de places, leur capacité d’accueil étant limitée à 70 % en raison des mesures sanitaires imposées par la pandémie. Parallèlement, rien n’avait été mis en place par la Ville d’Edmonton pour aider les sans-abris à l’approche de la saison froide.
Dès son entrée en fonction, Amarjeet Sohi a pris connaissance de l’urgence du dossier.

C’est la première chose dont je me suis occupé dans l’administration de la Ville. Chaque Edmontonien doit avoir une place au chaud et rester en sécurité cet hiver.
Le 3 novembre 2021, le maire a rencontré le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney. Ils ont fait une analyse de la situation pour trouver des solutions à court terme.
Mi-novembre, le gouvernement provincial a annoncé un financement de 13 millions $ pour la mise en œuvre de mesures d’urgence pour les personnes sans domicile. 1200 places sont alors créées dans les refuges à Edmonton.
Ces fonds ont aussi permis d’ouvrir, le 16 décembre dernier, un refuge temporaire situé au Commonwealth Stadium, le lieu de résidence de l’équipe de football, les Elks. Accessible jour et nuit, le lieu accueille 200 personnes et offre des services de santé et d’accompagnement pour les personnes vivant des problèmes de dépendance.

Selon l’organisme Homeward Trust Edmonton, il y avait 383 Edmontoniens âgés de 16 à 24 ans qui vivaient dans la rue, le 13 décembre 2021.
Bien qu’il soit situé à 30 minutes de marche du centre-ville, le refuge au Commonwealth Stadium est, selon Christel Kjenner, directrice du service Logement abordable et itinérance pour la Ville d’Edmonton, un bon emplacement puisqu’il est localisé près d’une station de métro. Un métro néanmoins payant pour les itinérants.
De plus, le Commonwealth Stadium «offre un meilleur design» qu’au Edmonton Convention Centre, qui avait servi de refuge l’année dernière. Christel Kjenner indique que l’accessibilité aux infrastructures est aujourd’hui beaucoup plus sécuritaire.
Les difficultés hivernales
Le nouveau maire d’Edmonton sait que «les refuges temporaires ne sont pas la solution à la problématique de l’itinérance». Néanmoins, à très court terme, ils doivent assurer la sécurité des personnes vivant dans la rue en leur offrant un endroit pour rester au chaud et pour prendre une douche.
Il est d’ailleurs conscient que les personnes sans-abris n’aiment pas aller dans les refuges. La cohabitation est difficile en raison des problèmes de commodités des itinérants. Toutefois, Amarjeet Sohi indique que la Ville travaille en collaboration avec le personnel du refuge au Commonwealth Stadium, pour s’assurer que les personnes «se sentent à l’aise d’y venir».
En revanche, pour éviter d’y dormir, certains préfèrent faire du camping d’hiver près de la River Valley. Le maire déclare que cette alternative n’est pas sécuritaire, puisqu’ils n’ont accès à aucun service.
«Il n’y a pas de toilettes publiques disponibles ni d’endroit où prendre une douche», observe-t-il. Il n’a d’ailleurs pas l’intention de fournir des installations aux sans-abris pour leur permettre de dormir à l’extérieur.

Christel Kjenner, directrice du service Logement abordable et itinérance de la Ville d’Edmonton, explique que les personnes itinérantes sont plus visibles au centre-ville d’Edmonton, en raison des nombreux services d’aide d’urgence qui y sont accessibles.
Malgré tout, Christel Kjenner indique que la Ville d’Edmonton garde l’œil sur les itinérants. Des équipes d’interventions sont présentes sur le terrain pour leur venir en aide.
Coup d’œil sur l’avenir
À long terme, Amarjeet Sohi précise vouloir obtenir plus de logements permanents, afin d’aider les itinérants à sortir de la rue. Il veut que tout le monde dans la ville ait «un logement décent qu’il puisse appeler chez soi».
Il souligne qu’il travaille aussi pour que les itinérants puissent accéder à des programmes de soutien à la santé mentale et pour vaincre la toxicomanie, ainsi qu’en collaboration avec la province pour trouver d’autres solutions aux problèmes de l’itinérance. «Je prends mes responsabilités très au sérieux», conclut-il.
Estimation du nombre d’itinérants à Edmonton
Brandon Kelm, spécialiste des communications marketing de l’organisme Homeward Trust Edmonton, explique que les personnes sans-abris doivent s’inscrire à un système d’accès coordonné pour obtenir des services d’aide au logement.
Ce système agit également comme une liste communautaire permettant d’estimer le nombre d’itinérants à Edmonton. Toutefois, les personnes non inscrites ne sont pas comptabilisées dans les estimations de Homeward Trust Edmonton.