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le Vendredi 12 février 2021 14:20 Société

Nord de l’Ontario : un plaidoyer pour une plus grande place à l’histoire des Noirs à l’école

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L’enregistrement de la discussion est disponible sur la page Facebook du North Bay & District Multicultural Centre. — Capture d’écran
L’enregistrement de la discussion est disponible sur la page Facebook du North Bay & District Multicultural Centre.
Capture d’écran
LE VOYAGEUR (Ontario) – Le combat contre le racisme et pour faire plus de place aux Noirs dans la communauté canadienne doit passer par l’éducation. L’éducation de tous. Cette opinion était partagée par les trois conférenciers qui ont participé à la table ronde pour Mois de l’histoire des Noirs organisée par le North Bay & District Multicultural Centre, le 3 février.
Nord de l’Ontario : un plaidoyer pour une plus grande place à l’histoire des Noirs à l’école
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«Apprenons-nous à nos jeunes que jusqu’en 1980, par exemple, la police de Montréal s’entrainait dans le champ de tir avec des portraits de Noirs?», lance l’auteur Blaise Ndala.

Juste avant, le professeur et historien Amadou Ba illustrait que l’image du noir criminel a été imprégnée dans la mémoire collective américaine par les affiches et les annonces dans les journaux que les esclavagistes publiaient pour retrouver les esclaves en cavale.

Le professeur et auteur Melchior Mbonimpa appuie : il ne faut pas simplifier ou mystifier l’histoire. Les parents doivent expliquer les choses difficiles à leurs enfants. Les raisons qui expliquent l’exil de leurs parents loin de leur terre d’origine et qui peuvent être, comme dans le cas de M. Mbonimpa, une question de vie ou de mort.

Amadou Ba, qui a écrit le livre L’Histoire oubliée de la contribution des esclaves et soldats noirs à l’édification du Canada (1604-1945), espère voir les gouvernements provinciaux s’inspirer des progrès faits dans l’enseignement de l’histoire des Premières Nations à l’école et que l’histoire des noirs sera intégrée de façon similaire au curriculum.

Les trois conférenciers plaident pour un enseignement tourné vers les points positifs de cette histoire. L’un des avantages sera de donner des modèles inspirants aux jeunes noirs. Ils s’en inspireront et prendront leur place, précise Blaise Ndala.

Amadou Ba a aussi profité de la présence du député fédéral Anthony Rota pour suggérer au gouvernement canadien de présenter des excuses aux noirs pour l’esclavage qui a été pratiqué au Canada jusqu’en 1833, année où l’Empire britannique a aboli la pratique. Des excuses comme celles présentées aux Canadiens d’origine japonaise ou aux Premières Nations.

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Une histoire différente

«L’histoire des Noirs n’a aucune ressemblance avec celle des autres peuples du monde», rappelle Amadou Ba. Ils ont été les seuls désignés comme esclaves dans l’histoire récente. Une blessure qui affecte encore plusieurs d’entre eux.

Cette différence se complexifie selon les pays. Les violences envers les gens de couleurs aux États-Unis sont plus marquées, et surtout plus visibles qu’au Canada. Pourtant, M. Ba constate qu’ils ont une identité et une histoire beaucoup plus connue et reconnue que celle des Noirs canadiens.

«Il ne faut pas perdre de vue l’absence d’homogénéité de la communauté noire canadienne», ajoute Melchior Mbonimpa. Ses membres, selon lui, ont des origines plus diversifiées.

Le Canada peut faire mieux

Melchior Mbonimpa et Blaise Ndala disent ne pas regretter leur choix d’être venu s’établir au Canada. Malgré les problèmes existants, il y a suffisamment d’ouverture pour espérer progresser.

D’ailleurs, Amadou Ba rappelle que le Canada est l’un des rares pays à reconnaitre le multiculturalisme dans sa constitution.

Tout le monde doit faire sa part pour améliorer la situation. Les immigrants doivent aussi travailler à améliorer le pays qui les a accueillis, croit Blaise Ndala.

Il faut exiger des efforts des deux côtés. «On s’intègre, il ne faut pas attendre d’être intégré par les autres», renchérit le professeur Mbonimpa.

«Ce n’est pas assez de dire qu’on n’est pas raciste. Il faut tous être foncièrement antiracistes», a martelé le ministre canadien Ahmed Hussen, qui est venu participer à la dernière demi-heure de la discussion. Ayant fait son secondaire dans les écoles de l’Ontario, le ministre croit aussi que les Noirs n’occupent pas une part assez importante des cours d’histoire.