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le Mardi 16 juin 2020 13:55 Société

L’après-pandémie sous quatre angles

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Une conférence en français a été présentée sur la page Facebook de Science Nord, avec des professeurs de l’Université Laurentienne, le 3 juin. — Capture d’écran – Julien Cayouette
Une conférence en français a été présentée sur la page Facebook de Science Nord, avec des professeurs de l’Université Laurentienne, le 3 juin.
Capture d’écran – Julien Cayouette
LE VOYAGEUR (Sudbury) – Si une reprise économique est nécessaire après la pandémie pour éviter l’écroulement de la société, elle doit se faire en développant parallèlement une économie plus verte et durable. C’est l’un des constats que l’on peut retenir d’une conférence en français présentée sur la page Facebook de Science Nord, avec des professeurs de l’Université Laurentienne, le 3 juin.
L’après-pandémie sous quatre angles
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Alors que le professeur titulaire de l’École de l’environnement Christian Bouchard rappelait que la consommation excessive est la cause principale des problèmes environnementaux, le professeur du Département de markéting et de gestion Louis Durand soulignait que la reprise de la consommation serait la seule façon de retrouver une sorte de normalité après la pandémie de la COVID-19.

Les deux opinions sont à première vue contradictoires, mais il y a tout de même un point de ralliement : changer notre façon de consommer. Christian Bouchard reconnait qu’il doit y avoir une reprise de la consommation après la pandémie, mais qu’il faut en profiter pour rapidement développer une économie qui tient compte de l’environnement. Avant cela, il y a «une tempête à passer, celle de la relance».

Louis Durand croit que le confinement a déjà encouragé les gens à réfléchir sur leur façon de vivre. «Je pense que les gens seront un peu plus intelligents qu’avant sur leur type de consommation.»

Quatre secteurs

Le professeur d’histoire Pierre Cameron a été le premier à parler et il a fait une brève histoire de la grippe espagnole, ses similitudes et différences avec la pandémie actuelle. La maladie emportée en Europe par les Américains lors de la Première Guerre mondiale aurait fait entre 30 et 100 millions de morts dans le monde.

Le récit de M. Cameron enseigne qu’il faut surveiller les prochaines vagues de la COVID-19, car on sait maintenant que le virus de la grippe espagnole était revenu avec une mutation qui l’avait rendue encore plus mortelle. Par contre, la société de 2020 est beaucoup mieux préparée que celle de 1918-1920 pour affronter une pandémie.

Le confinement a eu des impacts positifs sur l’environnement, a dit Christian Bouchard, mais «cette embellie n’est que temporaire». De plus, la diminution de la pollution de l’air et de l’eau est contrebalancée par l’augmentation des déchets médicaux, le retour du plastique à usage unique et une plus grande production d’électricité – qui ne provient pas toujours de moyens de production propres.

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Les humains consomment en ce moment l’équivalent de 1,7 planète Terre. Si toute la planète consommait comme les Canadiens, c’est de 4,6 Terres dont nous aurions besoin. Ces chiffres sont l’une des sources de son appel à la modification de l’économie.

Il fait par contre une mise en garde contre les «transferts d’impacts». Par exemple, encourager les automobilistes à échanger leur voiture à essence quatre passagers pour une voiture hybride ne fait que déplacer le problème, cela ne le règle pas comme le fait le transport en commun.

Louis Durand maintient que les gouvernements provinciaux et fédéral ont pris des décisions responsables pour protéger à la fois l’économie et leurs citoyens. La crise a aussi permis de rappeler le rôle primordial que jouent les gouvernements. L’avenir reste tout de même rempli d’incertitudes. Y aura-t-il d’autres vagues qui entraineront d’autres fermetures? Sera-t-on capable de reprendre toutes les activités économiques? Comment remboursera-t-on ces nouvelles dettes énormes?

Pour à la fois relancer l’économie et réduire la dette, il ne faudrait pas trop augmenter les impôts ou réduire les salaires, soutient-il, deux mesures qui freineraient les dépenses des consommateurs.

Finalement, la professeure de sciences politiques Aurélie Lacassagne ne croit pas que ce virus marquera la fin de la mondialisation, même si plusieurs des problèmes qu’il a entrainés y trouvent leur source. Par contre, la Chine en sortira peut-être gagnante en se présentant comme la sauveuse des pays pauvres, pendant que les États-Unis continuent à se refermer sur eux-mêmes.

Comme Louis Durand, elle souligne que les états ont, en général, retrouvé une certaine prestance dans la crise qui, en revanche, a mis à nu les inégalités sociales et la fragilité des systèmes de santé.