Ines Bouguerra, une étudiante de la Tunisie, est sur le point de terminer son doctorat en Science humaine et interdisciplinarité à l’Université Laurentienne. Elle vit avec «l’estomac noué» et dans deux fuseaux horaires à la fois, puisqu’elle reste en contact étroit avec sa famille. «Sincèrement, c’est un entredeux très amer.»
Elle tente d’être forte devant sa famille — surtout que sa mère lui demande d’activer la caméra lors de leurs discussions — et même de leur remonter le moral, pendant qu’elle est seule dans son appartement, incertaine de ce qui s’en vient.
Rentrer en Tunisie est pratiquement impossible pour Ines. Au début de la crise, son pays a fermé son espace aérien. Finalement, un vol a été organisé le 4 avril à partir de Montréal, mais les demandes des ressortissants ont été traitées en ordre de priorité. Faire le voyage vers Montréal aurait augmenté ses risques de contamination, ce qu’elle préférait éviter. Finalement, à son arrivée en Tunisie, elle aurait été en quarantaine sans assurance de pouvoir rejoindre ses parents, puisque la circulation entre les villes est interdite en Tunisie. Aucun autre vol n’est prévu pour le moment.
Le stress qu’elle vit a des répercussions sur sa «performance intellectuelle», alors qu’elle tente de terminer la rédaction de sa thèse de doctorat.
Je me serre la ceinture pour terminer avant le 30 avril, pour déposer le manuscrit, mais je ne veux pas en même temps bâcler mon travail.
Sa situation financière n’a rien pour la rassurer. Elle a payé ses droits de scolarité de la session d’hiver avec ses économies et elle ne sait pas comment elle payera son inscription à la session d’été – requise au doctorat afin que son travail soit évalué. Elle n’aurait pas d’objection à travailler, mais n’est pas certaine de pouvoir se trouver un emploi.
La réaction de la population lors des premiers jours de la pandémie l’a aussi inquiétée. Voir les étagères vides, alors qu’elle n’avait «ni les moyens ni l’espace» pour entreposer de grandes quantités de produits, lui faisait craindre de manquer de produits essentiels.
Elle tente de suivre la progression de la maladie dans son pays d’origine, mais aussi en Italie, en France et au Québec, lieux de résidences de gens qu’elle a rencontrés lors de voyages et de ses études. Ceci ajoute à sa charge mentale.

Loin des gens et des évènements importants…
Raissa Feza Galu est étudiante de première année en administration des affaires au Collège Boréal. Originaire de la République démocratique du Congo, elle a fait le choix de rester à Sudbury afin de poursuivre ses études.
Malheureusement, après notre conversation avec Raissa jeudi dernier, elle a appris que sa mère était décédée dans la journée de complications à la suite d’une chirurgie. Raissa est donc encore plus coincée au Canada, incapable d’aller rendre un dernier hommage à sa mère.
Avant cette triste nouvelle, l’étudiante se tirait d’affaire, même si la solitude se faisait un peu lourde. Il reste très peu d’étudiants dans la résidence et les interactions sont limitées, même avec sa colocataire ivoirienne, dit-elle.
Il y a beaucoup plus de sécurité que de rentrer de mon pays et là, je ne pourrais pas avoir une bonne connexion [internet] ou étudier dans d’aussi bonnes conditions qu’ici.
Elle est donc restée sous les encouragements de ses parents. Elle trouve cependant les cours en ligne plus difficiles à suivre ; un peu plus de discipline est nécessaire pour éviter de se laisser distraire.
Elle veut rester à Sudbury cet été et poursuivre ses études à l’automne. Justement, le Collège permettra à ses étudiants de rester dans la résidence au cours de l’été, ce qui n’est habituellement pas le cas.
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