Si Willie O’Ree fut le premier joueur noir à évoluer dans la LNH en 1958 pour les Bruins de Boston, l’athlète natif de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, fut précédé sur la glace bien longtemps avant lui par des compatriotes de la Nouvelle-Écosse.
Puisque l’un des objectifs du Mois de l’histoire des Noirs est de mettre en lumière les faits d’armes de nos concitoyens noirs, Postes Canada a eu l’idée de dévoiler un timbre célébrant le Colored Hockey Championship et les équipes de hockey sur glace uniquement composées de joueurs noirs, qui se sont disputé le titre dans les Maritimes entre 1895 et le début des années 1930.
Les premières traces d’équipes de hockey uniquement composées de joueurs noirs dans la région de Halifax remontent à mars 1895, alors qu’un match a opposé une équipe de Dartmouth et une de Halifax. Peu de temps après, six autres équipes se sont formées, en Nouvelle-Écosse et une à l’Île-du-Prince-Édouard.
Elia Anoia, gestionnaire à l’élaboration du programme de timbre-poste, raconte qu’il a fallu deux ans à la société canadienne des postes pour faire des recherches sur le sujet. L’historien George Fosty et le président du Black Cultural Centre for Nova Scotia, Craig Smith, ont été mis à contribution lors des recherches. Selon Mme Anoia, «beaucoup de Canadiens ne sont pas au courant de cette histoire.» Tout comme il y avait du hockey organisé dans les paroisses des communautés francophones, ce sont les dirigeants de l’Église baptiste qui organisaient les rencontres afin d’attirer plus de jeunes hommes au sein de leur église.
S’enrôler pour exister
De son côté le professeur et chercheur à l’Université Laurentienne Amadou Ba s’est intéressé à la présence des Noirs dans l’armée canadienne. Alors que de nombreux francophones ne voulaient rien savoir de prendre les armes au nom de la couronne britannique, selon le professeur, pour les Noirs faire l’armée, «c’était une façon de s’émanciper.»
Mais attention, tout comme il y eut peu de francophones qui avaient accès à des grades supérieurs, notamment pendant la Première Guerre mondiale, peu de gradés noirs furent nommés. «Les grands officiers étaient Britanniques. Les Noirs, c’était de la chair à canon.» Les parallèles sont d’ailleurs intéressants entre ce qui se passait dans l’armée canadienne avec les Noirs et la question des tirailleurs sénégalais dans l’armée française, qu’il a aussi étudiée.
À cette époque, il y avait peu de Noirs francophones au Canada. Cependant, dès la Nouvelle-France, on notait la présence parmi les proches de Champlain de Mathieu da Costa, qui servit notamment d’interprète entre les Français et les nations autochtones.
Mais qu’en est-il, aujourd’hui, de la présence des Noirs dans sa région d’adoption du chercheur d’origine sénégalaise? Celui qui possède une maitrise en Sciences politiques de la Sorbonne et qui a choisi de s’installer dans le nord de l’Ontario constate qu’il y a de plus en plus d’Africains qui choisissent la francophonie franco-ontarienne. «Je donne un cours à l’université en sciences de l’éducation. Sur 34 étudiants, j’en ai 15 ou 16 qui viennent du Congo, du Bénin ou du Cameroun!» Ils s’affichent comme francophones. Et selon l’universitaire, «ils s’assimilent moins!»