le Samedi 20 septembre 2025
le Samedi 20 septembre 2025 6:30 Sciences et environnement

Sentier transcanadien : relier le Canada pas à pas

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Le Sentier transcanadien s’étend aujourd’hui d’un océan à l’autre sur 29 500 kilomètres de voies navigables et terrestres. Chaque tronçon est géré à l’échelle locale par des organismes partenaires et des bénévoles.  — Photo : Marine Ernoult – Francopresse
Le Sentier transcanadien s’étend aujourd’hui d’un océan à l’autre sur 29 500 kilomètres de voies navigables et terrestres. Chaque tronçon est géré à l’échelle locale par des organismes partenaires et des bénévoles.
Photo : Marine Ernoult – Francopresse

FRANCOPRESSE – C’est le sentier récréatif le plus long au monde, et pourtant, beaucoup de Canadiens et de Canadiennes ignorent son existence. Le Sentier transcanadien lance une levée de fonds pour mettre en lumière ce vaste réseau, mais aussi le protéger.

Sentier transcanadien : relier le Canada pas à pas
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«Il y a beaucoup de monde qui n’est pas au courant qu’il existe un sentier transcanadien», souligne Stacey Dakin, cheffe des programmes de Sentier transcanadien, l’organisme qui gère le réseau. Pourtant, 80 % de la population canadienne vit à moins de 30 minutes ou 20 km de ce parcours.

«Le monde connait leur sentier local; ils connaissent le P’tit Train du Nord au Québec, le Martin Goodman Trail à Toronto, etc. Ils sont capables de vous dire “Je m’en vais sur le sentier à côté de ma maison”, mais ils ne savent pas toujours que ça fait partie du Sentier transcanadien et qu’il y a à peu près 650 tronçons qui sont reliés à travers le pays.»

Relier tout le Canada

La construction du Sentier transcanadien a débuté en 1992, à l’occasion des célébrations du 125e anniversaire du pays, précise l’Encyclopédie canadienne. «Le but, c’était vraiment au début [d’avoir un moyen de] réunir les Canadiens», appuie Stacey Dakin.

Les concepteurs imaginaient un réseau hors route reliant des pistes existantes, des tronçons neufs et d’anciennes voies ferrées.

Le Sentier transcanadien a finalement réussi à relier un bout à l’autre du pays en 2017, l’année du 150e anniversaire de la Confédération. Depuis, des tronçons continuent de s’ajouter pour permettre l’exploration d’un nombre toujours plus grand de coins du Canada.

Néanmoins, le sentier n’est pas un corridor vert sur toute sa longueur. Il emprunte parfois une route ou même une voie navigable.

Introspection et rencontres

Le Sentier transcanadien souhaite également encourager la pratique de la randonnée de longue durée.

La cinéaste Dianne Whelan s’est elle-même donné cet objectif. Celle qui ne se définissait pas comme une randonneuse aguerrie a commencé à fouler le Sentier transcanadien en 2015. Il lui aura fallu six ans pour explorer près de 24 000 kilomètres de ce sentier à pied, à vélo et en canoë. Elle raconte d’ailleurs son voyage dans le film 500 jours dans la nature.

Plus récemment, le Québécois Yannick Proulx a parcouru environ 10 000 km d’un océan à l’autre, en suivant certaines sections du sentier. Il a commencé sa traversée en avril 2023, au cap d’Espoir, à Terre-Neuve, le point le plus à l’est du Canada, pour se rendre jusqu’à la côte ouest du pays, à Victoria, en Colombie-Britannique. Il a terminé son aventure le 5 aout 2024.

Mon objectif c’était de dépenser mon argent dans mon pays, de rencontrer les gens dans mon pays et d’avoir un impact environnemental plus restreint que de prendre l’avion.

— Yannick Proulx

«Sans oublier de marcher et de comprendre les bienfaits de la marche sur ma santé physique et ma santé mentale», explique Yannick Proulx.

À ses yeux, la randonnée permet d’«abandonner un peu sa vie extérieure, sa vie quotidienne» : «Ça nous ramène beaucoup plus à une introspection et à une sensibilité qu’on perd avec le temps, avec le stress du travail de tous les jours. On devient beaucoup plus sensible aux signes de la vie, aux messages, à l’abondance, à la générosité des gens, à nos besoins.»

«Plusieurs fois sur le chemin, j’avais besoin de quelque chose puis ça se présentait. Puis quand ça se manifeste, on est beaucoup plus en gratitude et reconnaissant. Dans la vie de tous les jours, quand on veut telle affaire, on va l’acheter, mais là, quand ça nous arrive, on est juste ému.»

À lire aussi : Traverser le Canada à pied : le défi de Yannick Proulx

Patrimoine autochtone

Le réseau du Sentier transcanadien est relié à 66 communautés autochtones partout au pays. «On essaie, au possible, d’assurer que les noms locaux du sentier reflètent l’histoire des communautés», explique Stacey Dakin.

Des codes QR et des pancartes ponctuent d’ailleurs les chemins pour expliquer l’histoire locale. Certains Autochtones organisent aussi des activités pour les personnes qui passent par leur communauté.

Futur chemin de Compostelle?

Pour Yannick Proulx, cette expérience reste une belle façon de se rapprocher des gens, de la nature, des commerces environnants et de la communauté.

Stacey Dakin souligne que le Sentier reste encore méconnu d’une grande partie de la population. 

Photo : Courtoisie

«Le Sentier permet de voir l’immensité du pays, qui est grand et petit à la fois. C’est faisable de faire des voyages Compostelle dans son propre pays puis de connecter avec tout ce qui nous entoure.»

Il souligne aussi la diversité des chemins : «Ça part des conifères, des forêts d’épinettes, jusqu’aux cactus et aux serpents à sonnette, au sud de la Colombie-Britannique. On passe par tous les climats et types d’environnement.»

Le réseau permet également de rencontrer des personnes et des cultures différentes, ajoute-t-il, à l’image du multiculturalisme canadien.

«On aimerait à l’avenir développer ce concept de Compostelle», annonce Stacey Dakin. Elle rappelle que, par exemple, le tour de l’Île-sur-Prince-Édouard par le Sentier peut se faire sur un mois.

30 000 kilomètres en 30 jours

Marcher, pédaler, rouler ou pagayer 30 000 kilomètres en 30 jours : c’est le pari que lance le Sentier transcanadien avec sa «Grande rando canadienne», un défi national pour faire découvrir ce réseau qui relie plus de 15 000 communautés d’un océan à l’autre.

Du 20 septembre au 19 octobre, les participants et participantes sont invités à parcourir les tronçons près de chez eux et à enregistrer leur distance, afin d’atteindre collectivement la longueur approximative du Sentier, qui s’étend actuellement sur 29 500 kilomètres.

L’inscription est gratuite, ouverte à tous les âges et toutes les conditions physiques. Il est également possible de faire un don.

Grâce à cette collecte de fonds, l’organisme – soutenu par des financements publics et privés – souhaite sensibiliser la population tout en entretenant et en améliorant le réseau et son accessibilité.

Le but est aussi de redistribuer l’argent à plus de 600 groupes locaux chargés de l’entretien du sentier. «Ce sont souvent des bénévoles», rappelle Stacey Dakin.

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Données de parution:

Montréal

Camille Langlade

Cheffe de pupitre

Adresse électronique: