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le Jeudi 13 juin 2024 15:23 Sciences et environnement

Pédaler pour les forêts : «Notre engagement écologique s’est accéléré au fil des kilomètres»

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Solène Soton et Kevin Firmin ont traversé à vélo le Canada d’ouest en est. Plus de 5000 kilomètres pour récolter des fonds pour replanter des arbres dans les forêts touchées par les incendies.  — Photo : Courtoisie
Solène Soton et Kevin Firmin ont traversé à vélo le Canada d’ouest en est. Plus de 5000 kilomètres pour récolter des fonds pour replanter des arbres dans les forêts touchées par les incendies.
Photo : Courtoisie
ENTRETIEN – Solène Soton et Kevin Firmin ont traversé le Canada à vélo, avec l’ambition de récolter de l’argent pour la reforestation. Une manière de se sentir utile dans la lutte contre le changement climatique.
Pédaler pour les forêts : «Notre engagement écologique s’est accéléré au fil des kilomètres»
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Solène Soton et Kevin Firmin sont arrivés à Montréal le 11 juin, après deux mois sur les routes canadiennes. Ils se disent marqués par l’immensité et la diversité des paysages, ainsi que par la gentillesse de la population canadienne. 

Photo : Courtoisie

Le 6 avril dernier, Solène Soton et Kevin Firmin ont enfourché leur vélo à Vancouver pour parcourir les 5000 kilomètres qui les séparent de Montréal. Les deux Français ont un seul objectif en tête : récolter des fonds au profit de l’association OneTreePlanted afin de replanter des arbres dans les zones touchées par les incendies. 

Deux mois plus tard, ils viennent d’arriver au Québec avec 7400 dollars dans leur cagnotte. De quoi planter plus de 7000 arbres.

Le couple revient sur son aventure au cœur des forêts canadiennes, à la rencontre des populations touchées par les mégafeux. Ils évoquent leur engagement écologique pour lutter contre les effets des changements climatiques, mais aussi préserver la nature sauvage pour les générations futures.

Solène Soton et Kevin Firmin n’avaient jamais fait de vélo sur de si longues distances. Une équipe de sept personnes les a aidés pendant le voyage. 

Photo : Courtoisie

Francopresse : Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cette aventure? 

Kevin Firmin : L’été dernier, on travaillait à la station de ski de Big White [en Colombie-Britannique] et on a été témoins des feux de forêt, notamment d’un gros feu qui a eu lieu à Kelowna. On a été assez surpris par l’amplitude, nos emplois ont été complètement arrêtés, on ne pouvait plus travailler à cause de la fumée. 

La station de ski a dû accueillir beaucoup de personnes évacuées qui avaient parfois perdu leur maison, leur emploi. On a vraiment été touchés, on a eu envie de jouer un rôle. On s’est dit que c’était l’occasion de faire un projet sportif pour aider à replanter les arbres brulés.

Solène Soton : On avait déjà un engagement écologique à notre niveau, au quotidien, et les feux ont vraiment renforcé cette prise de conscience. On s’est dit : «On va vendre la voiture et puis on va aller dans l’est du Canada à vélo pour vraiment minimiser notre empreinte carbone». 

C’était aussi une envie de modifier un peu nos manières de voyager en prenant le temps.

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Solène Soton et Kevin Firmin n’avaient jamais fait de vélo sur de si longues distances. Une équipe de sept personnes les a aidés pendant le voyage. 

Photo : Courtoisie

Est-ce que c’était aussi une manière de lutter contre une certaine forme d’angoisse climatique?

Solène Soton : Un petit peu, je pense que c’était important pour nous de nous rendre utiles et de redonner du sens à nos actions. Au quotidien, nous ne sommes pas forcément des personnes anxieuses à ce sujet-là, mais c’est vrai que l’écoanxiété s’imprègne un peu partout. 

À notre niveau, on a voulu mettre une petite pierre à l’édifice, faire changer un peu les choses et, en premier lieu, notre manière de voir les choses. Notre engagement écologique s’est accéléré au fil des kilomètres.

Kevin Firmin : Quand les gens nous disaient : «Mais pourquoi vous faites ça au Canada et pas en France?» On leur disait : «On n’est peut-être pas Canadiens, mais on partage tous la même planète.» 

On fait ça au Canada, mais ça aura évidemment un impact partout ailleurs et en France aussi.

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Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant cette traversée? 

Solène Soton : L’immensité et la diversité des paysages. On le sait, mais il faut monter sur un vélo pour s’en rendre compte. Au fil des kilomètres, les paysages se transformaient, les couleurs et les horizons changeaient. 

Les rencontres qu’on a faites nous ont aussi marqués. Il y a des personnes qui avaient envie de tout nous offrir, alors qu’elles ne nous connaissaient pas. Elles s’arrêtaient pour savoir si tout allait bien, savoir ce qu’on faisait, nous offrir un refuge, nous donner un double des clés de leur cabane pour qu’on puisse se reposer.

Quand on est à vélo, il n’y a plus la carapace de la voiture, il n’y a plus de barrière, donc tout le monde est curieux, vient vous voir, vous parler. Dès qu’on s’arrêtait dans un café, tout le monde s’intéressait au projet, nous donnait un petit billet pour la cagnotte. 

Quand on a dû faire du stop une ou deux fois, on a toujours trouvé des gens dans des pickups prêts à nous aider. On a vraiment été porté par cette générosité.

«Quand on est à vélo, il n’y a plus la carapace de la voiture, il n’y a plus de barrière, donc tout le monde est curieux, vient vous voir, vous parler», raconte Solène Soton. 

Photo : Courtoisie

Kevin Firmin : On a réalisé la chance qu’on avait de vivre proche de la nature et de la vie sauvage, au cœur de paysages peuplés d’arbres. En croisant des animaux sauvages sur nos vélos, au bord des routes, on avait vraiment l’impression d’être chez eux, d’être juste de passage et de les admirer.

On veut aussi offrir cette chance aux générations futures. Le but de notre projet c’est aussi ça, replanter des arbres, non seulement pour combattre le réchauffement climatique, mais aussi pour que les générations futures puissent voir des animaux sauvages dans leur milieu naturel et pas dans un zoo.

Les feux de forêt préoccupent-ils les populations que vous avez rencontrées?

Solène Soton : Quand on est passé au Manitoba, il y avait déjà des feux dans le nord de la province depuis avril. La plupart des gens à qui on a parlé étaient assez inquiets, car les feux arrivent toujours plus tôt dans la saison. Tout le monde nous a parlé de l’hiver très doux sans neige.

On a aussi rencontré une dame qui nous disait qu’elle avait perdu les deux tiers de sa ferme l’année dernière dans les feux. Elle nous racontait que dès qu’elle voyait de la fumée ou sentait à nouveau cette odeur de brulé, il y avait ce traumatisme qui remontait en elle. 

On sent que le climat fait vraiment partie des discussions et des inquiétudes, quelle que soit la province.

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Type: Q&R

Q&R: Une interview qui fournit une perspective pertinente, éditée pour plus de clarté et non entièrement vérifiée.

Marine Ernoult

Journaliste

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