Grâce à un accord entre le gouvernement fédéral canadien, le gouvernement du Nunavut et l’association inuite du Qikiqtani, Tuvaijuittuq est, depuis un an, un sanctuaire de préservation des ressources environnementales de l’Arctique.
L’arrêté ministériel prévoit de limiter les activités humaines dans la région pendant une période de cinq ans afin de protéger et de permettre l’étude de cet écosystème et d’en optimiser sa conservation.
Un écosystème riche et sensible
Tuvaijuittuq a la particularité d’abriter depuis des décennies une banquise épaisse et pluriannuelle. Le gyre de Beaufort, un courant d’eau douce, est localisé au sein de la ZPM. Il permet la formation de ces glaces.
La zone est également un habitat de choix pour divers organismes. On y retrouve des algues microscopiques qui forment le point de départ de la chaine alimentaire — le réseau trophique marin — qui est nécessaire à la survie des espèces présentes sur le territoire comme les ours polaires, les phoques et les morses.
Enfin, Tuvaijuittuq est la dernière région arctique où la glace de mer sera préservée jusqu’en 2050, selon les experts.
Face aux changements climatiques, la zone devait plus que jamais être préservée et étudiée comme un tout. «Les espèces et les environnements ne réagissent pas indépendamment aux changements climatiques ou à tout autre facteur de stress», stipule le rapport Les océans du Canada maintenant : Écosystèmes de l’Arctique.
«Il existe une forte interconnexion entre les écosystèmes, les environnements et les espèces qui y vivent», poursuivent les experts de Pêches et Océans Canada en 2019.
La ZPM permettra la protection et la recherche autour, entre autres, de l’évolution de la glace de mer qui influe sur les réseaux trophiques marins et menace l’équilibre de cet écosystème fragile.
La coopération au centre des actions
Un aspect essentiel de la mise en place de la protection de Tuvaijuittuq est celui du principe de cogestion et de partage des savoirs : «Les conclusions présentées dans ce rapport sont fondées sur les connaissances scientifiques et inuites, qui sont toutes deux nécessaires pour fournir des renseignements liés aux écosystèmes à l’appui de la gestion de l’océan et de ses ressources», expliquent les experts.
«Nous sauvons ces écosystèmes arctiques intacts et jetons les bases d’une économie de conservation dans des industries durables comme la pêche […]» déclare P.J. Akeeagok, président de l’Association inuite du Qikiqtani par voie de communiqué.
Fin 2019, le Canada est devenu le chef de file de ce courant en protégeant 13,8 % de son territoire marin, «ces investissements dans l’emploi et l’infrastructure auront de profondes répercussions dans l’Extrême-Arctique et serviront d’exemple de ce qu’il est possible d’accomplir lorsque nous collaborons en tant que partenaires égaux dans un esprit de réconciliation», conclut P.J. Akeeagok.