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le Vendredi 20 mars 2020 9:59 Sciences et environnement

Le parc national de l’Î.-P.-É. panse lentement ses plaies

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Bob Harding. — Laurent Rigaux, avec l’autorisation de La Voix acadienne
Bob Harding.
Laurent Rigaux, avec l’autorisation de La Voix acadienne
INITIATIVE DE JOURNALISME LOCAL —APF (Atlantique) — Six mois après le passage de la tempête posttropicale Dorian, ses impacts sont encore bien visibles au parc national de l’Île-du-Prince-Édouard.
Le parc national de l’Î.-P.-É. panse lentement ses plaies
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De passage à la bibliothèque de Charlottetown dans le cadre d’une conférence sur les impacts de la tempête, l’agent de sensibilisation du public pour Parcs Canada, Bob Harding, a rappelé les faits et dresse le portrait de la situation.

«Ce n’était pas vraiment un méchant ouragan, mais il nous a touché à un mauvais moment», reconnait-il en préambule.

Ce dernier rappelle que le parc national de l’Î.-P.-É. est situé sur la côte nord de l’ile, sans cesse changeante.

À l’aide des photographies et des vues aériennes, le public présent à la conférence a pu constater la forme constamment renouvelée des plages, dunes et forêts à l’est de Rustico-Nord, autour de l’ile Robinsons. Là, sur des décennies, un chenal s’est fermé pendant qu’un autre apparaissait, des zones boisées rétrécissaient et d’autres s’étendaient, la côte reculait ou gagnait du terrain sous l’effet de l’érosion. «Il n’y a aucun moyen d’arrêter Mère Nature, prévient Bob Harding. Elle a certainement vu passer beaucoup de Dorian, et elle va s’en remettre.»

Laurent Rigaux, avec l’autorisation de La Voix acadienne

Des dégâts considérables

En revanche, les dégâts sur le Parc et ses installations sont considérables. Le plus gros des dommages est dans la partie la plus à l’ouest du parc, à Cavendish. Là, autour du camping qui attire des milliers de touristes chaque année, 80 % des arbres sont tombés ou ont été abattus à cause de la tempête. «Une partie va servir pour les feux de camp, l’autre a été enterrée», indique Bob Harding à la question d’un homme du public se demandant ce qu’il était advenu de tout ce bois.

La côte y a aussi reculé de plusieurs mètres. Pour preuve, le conférencier a présenté l’image d’une publicité visible sur le site de Parcs Canada : de jeunes gens assis autour d’un feu de camp, à côté de leur tente, à quelques mètres du rivage. Une scène idyllique vantant la douceur de vivre en été au nord de l’Î.-P.-É. impossible à reproduire aujourd’hui. Ce qu’il en reste? Le foyer presque dans l’eau, l’emplacement n’existe plus.

En mode camping

Les réservations pour le camping en vue de la prochaine saison ont beau être ouvertes, plus d’une centaine d’emplacements ne sont plus disponibles en raison des dégâts et des travaux devant être menés sur place. La carte risque encore d’évoluer pour s’adapter à la nouvelle réalité géographique de l’endroit.

L’agent de sensibilisation du public pour Parcs Canada raconte que certaines personnes téléphonent pour réserver «leur» emplacement et pas un autre. «On leur propose d’aller ailleurs, à Brackley Beach ou à Greenwich, qui sont des zones moins fréquentées», explique le conférencier.

Les impacts de la tempête sur une partie de la faune sont encore inconnus, notamment sur l’hirondelle de rivage. L’espèce en voie de disparition vient nicher chaque année sur les falaises du Parc. «On l’aime bien, parce qu’elle mange les moustiques», sourit Bob Harding. À la suite de Dorian, ces falaises sont devenues «des murs» dans lesquels il sera difficile pour les oiseaux de creuser. «On verra comment ils s’en sortent», ajoute-t-il.

En attendant, il rappelle que l’essentiel des dégâts sur les dunes est provoqué par les humains. Malgré les nombreux panneaux, certains continuent de prendre des raccourcis à travers le sable, endommageant du même coup la protection naturelle de l’ile contre les ouragans comme Dorian. «Ces dunes nous protègent jusqu’à Charlottetown», insiste-t-il. Bob Harding encourageant le public à être des acteurs de la préservation pour la faune et de la flore, en «partageant ses observations» sur le site inaturalist.ca de la Fédération canadienne de la Faune.