Justin Trudeau est contraint de démissionner le 6 janvier 2025, après de nombreux mois de querelles internes au Parti libéral du Canada.
- Démission de Justin Trudeau
Le 6 janvier, Justin Trudeau tire sa révérence, après presque dix ans au pouvoir et le Parlement est prorogé. Il jette l’éponge après plusieurs mois très compliqués au sein du Parti libéral, avec des divisions sur son leadeurship. L’annonce n’est pas une surprise, mais ses larmes confirment qu’il aurait préféré se battre.
«Je ne suis pas quelqu’un qui recule facilement devant un combat, surtout un combat si important pour le parti et pour le pays, déclare-t-il devant les journalistes. Je fais ce job parce que l’intérêt des Canadiens et le bienêtre de notre pays, de notre démocratie, me tient à cœur. Et c’est devenu clair que je ne peux pas être le chef aux prochaines élections, à cause des batailles internes [au Parti libéral].»
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- Couronnement de Mark Carney comme chef libéral et premier ministre
C’est l’ancien conseiller économique de Justin Trudeau qui remporte la victoire comme chef du Parti libéral du Canada, le 9 mars. Sur 151 899 votes, il en récolte plus de 131 600.
Il bat l’ex-ministre et son amie Chrystia Freeland de loin, cette dernière arrachant avec peine plus de 11 000 voix seulement. Elle était pourtant une figure politique et ministre d’envergure depuis l’entrée de Justin Trudeau à la Chambre des communes, en 2015.
Mark Carney est ensuite assermenté comme premier ministre le 12 mars.
Pierre Poilievre a perdu son siège dans la circonscription de Carleton, en banlieue d’Ottawa, pour la première fois en 20 ans, mais a réintégré le Parlement avec le siège que lui a cédé son député Damien Kurek, dans Battle river – Crowfoot.
- Élections fédérales : victoire de Carney et chute de Poilievre
Le 28 avril, Mark Carney remporte les élections, avec 169 députés sur 343, défaisant ainsi le Parti conservateur du Canada (PCC), donné pourtant favori dans les sondages quelques mois avant les élections. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) n’est plus un parti officiel; il ne compte plus que 7 députés comparativement à 22 avant les élections. Leur chef, Jagmeet Singh, démissionne.
Les conservateurs gagnent 24 sièges de plus qu’en 2021, mais doivent s’incliner devant la victoire des libéraux. Pierre Poilievre perd son siège, mais sera réélu en aout après que le député conservateur Damien Kurek de la circonscription de Battle River–Crowfoot, en Alberta, démissionne.
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- Le vote du projet de loi C-5 et ses critiques
Adopté le 19 juin 2025 en accéléré par le Sénat, le projet de loi controversé C-5 a été approuvé par la Chambre des communes par 306 voix contre 31 grâce à un appui bipartisan des libéraux et des conservateurs. Le NPD, le Bloc québécois et le Parti vert s’y sont opposés.
Le texte vise à accélérer les projets d’infrastructure d’intérêt national et à lever les barrières au commerce interprovincial en accordant davantage de pouvoirs au fédéral.
Ses critiques dénoncent un processus accéléré avec un affaiblissement des protections environnementales et un non-respect du consentement des peuples autochtones.
- Le Canada reconnait l’État de Palestine
Le 21 septembre 2025, le Canada a officiellement reconnu l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, au moment où un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas se dessinait.
Cette reconnaissance, jugée surtout symbolique par certains, s’inscrit dans une volonté de relancer une paix durable, tout en maintenant le soutien d’Ottawa à Israël.
Au Canada, des voix appellent depuis deux ans aussi à revoir les liens diplomatiques et militaires avec Israël et à légiférer pour empêcher l’exportation d’armes vers des zones en conflit, notamment avec le projet de loi C-232, proposé par la députée du NPD Jenny Kwan et appuyé par le libéral Fares Al Soud. Les négociations sur ce projet de loi se poursuivaient en coulisses à la fin de l’année.
Des rapports accablants contre le Canada pour l’exportation d’armes et l’inaction pour les évacuations médicales, notamment d’enfants palestiniens, ont écorché l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, puis l’actuelle ministre, Anita Anand.
Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, s’est vu attribuer de nouveaux pouvoirs de sanction questionnés par la suite sur leur portée et leur efficacité, notamment par le parti conservateur, lors des comités de langues officielles qui ont suivi.
- Le commissaire aux langues officielles a de nouveaux pouvoirs
Le 26 novembre 2025, le gouvernement fédéral a présenté un avant-projet de règlement après deux ans et demi d’attente des francophones.
Il vise à accorder au commissaire aux langues officielles de nouveaux pouvoirs de sanctions administratives pécuniaires.
Si le règlement est adopté tel quel, ces sanctions lui permettraient d’imposer des amendes pouvant atteindre 50 000 $ à certaines entreprises de transport et autorités aéroportuaires qui ne respectent pas leurs obligations en matière de services en français et en anglais.
Les pénalités seraient modulées en fonction de la gravité, la fréquence et les conséquences des infractions, dans le but de renforcer l’application de la Loi sur les langues officielles.
Le député acadien qui représente la circonscription d’Acadie—Annapolis, en Nouvelle-Écosse, a traversé la Chambre des Communes pour passer du Parti conservateur du Canada au Parti libéral. Critiqué par une partie de ses commettants, il a été imité par Michael Ma plus d’un mois après, et son collègue albertain Matt Jeneroux a démissionné.
- Traversées de la Chambre et démission chez les conservateurs
Début novembre, le député acadien Chris d’Entremont traverse la Chambre des communes pour passer du Parti conservateur au Parti libéral.
Son collègue albertain, Matt Jeneroux, ne traverse pas, mais démissionne, sans qu’il ait pour autant de date fixe de départ.
Derrière ces deux départs : le style de leadeurship de Pierre Poilievre, qui contrôle son caucus d’une main de fer.
En décembre, quelques heures après avoir assisté à la Fête de Noël du Parti conservateur, le député ontarien de Markham–Unionville, Michael Ma, traverse aussi la Chambre. Les libéraux ne sont plus qu’à un siège de la majorité.
Pierre Poilievre remet en question la démocratie, lorsque des députés élus sous une bannière passent sous une autre.
L’ex-ministre de l’Immigration sous Justin Trudeau a fait son retour au Cabinet Carney comme ministre de l’Identité, de la Culture et ministre responsable des Langues officielles.
- Une règlementation très attendue par les francophones déçoit
Le 9 décembre, un règlement lié à la partie VII de la Loi sur les langues officielles, visant à favoriser l’épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire, a été déposé à la Chambre des communes. Comme celui sur le commissaire aux langues officielles, le texte est attendu depuis juin 2023.
Mais le document soulève des inquiétudes. Le commissaire déplore l’absence de clauses linguistiques obligatoires dans les ententes fédérales-provinciales-territoriales, ce qui nuirait à la transparence et à l’utilisation des fonds destinés aux communautés, notamment en éducation.
Il considère aussi que le processus de consultations est insuffisant et celui d’analyses d’impact incomplet, ce qui pourrait limiter l’efficacité réelle du règlement.
Autre règlementation, même loi : 733 nouveaux bureaux sont désignés bilingues sur 8 750.
- Marc Miller nommé ministre responsable des Langues officielles
Le 1ᵉʳ décembre 2025, Marc Miller a fait son retour au cabinet fédéral comme ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et responsable des Langues officielles, suscitant un accueil plutôt positif chez plusieurs organisations francophones, qui se disent rassurées par son expérience et son écoute, notamment acquises lorsqu’il était ministre d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada sous Justin Trudeau, de 2023 à 2025.
Ces organismes espèrent qu’il poursuivra les efforts pour renforcer les institutions francophones, la culture et l’application de la Loi sur les langues officielles.
- Patrimoine canadien doit consulter les minorités linguistiques
Le 12 décembre, la Cour fédérale a partiellement donné raison au Conseil scolaire francophone de Terre-Neuve-et-Labrador en statuant que Patrimoine canadien doit consulter adéquatement les conseils scolaires francophones avant de conclure toute entente avec une province.
Cette décision reconnait pour la première fois une obligation fédérale de consultation en éducation, notamment au regard de la Loi sur les langues officielles et de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés qui protège l’éducation dans la langue de la minorité.
Toutefois, la Cour a jugé que les mécanismes de transparence du financement étaient suffisants et n’a pas accordé de dommages et intérêts.
