Le député acadien d’Acadie–Anapolis en Nouvelle-Écosse, Chris d’Entremont, est passé du côté libéral, mardi. Sa décision est motivée par une déception des actions du Parti conservateur.
FRANCOPHONIE
- Un député acadien passe du bleu au rouge, un autre démissionne
Le député acadien et néoécossais Chris d’Entremont est passé du camp de Pierre Poilievre à celui de Mark Carney, mardi, juste après le dévoilement du budget fédéral 2025.
Il a affirmé qu’il s’agissait de la meilleure solution pour ses commettants et pour les Canadiens. Le député a également justifié cette décision par le fait qu’il ne «voyait plus» dans le camp conservateur une volonté de rendre le pays meilleur.
Ce n’est qu’un aurevoir : Dans une déclaration officielle du Parti libéral du Canada (PLC), l’élu insiste sur le fait qu’il «existe une meilleure voie pour notre pays […], non pas en nous plaignant, mais en ayant confiance en un avenir prometteur».
«Le premier ministre Mark Carney propose cette voie par un nouveau budget qui répond aux priorités que j’ai le plus souvent entendues dans ma circonscription : bâtir des infrastructures communautaires fortes et bâtir une économie plus forte.»
D’autres départs : Le député albertain de la circonscription d’Edmonton Riverbend, Matt Jeneroux, a démissionné jeudi. Il pourrait rester en poste jusqu’au printemps, a suggéré Pierre Poilievre sur X, jeudi.
Plusieurs députés conservateurs, dont la Québécoise Dominique Vien, réfléchiraient également au même geste, soit de quitter pour rejoindre les libéraux, soit de partir définitivement.
Le vote du budget dans les prochaines semaines pourrait offrir une occasion pour ces derniers.
- La recherche en français oubliée dans le budget
Dans un communiqué publié dans la foulée du budget, l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas) reconnait que le budget fédéral 2025 mentionne le rôle central de la recherche scientifique et la décision de limiter les compressions aux conseils subventionnaires.
Inquiétudes : En revanche, l’association déplore l’absence de mesures spécifiques pour la recherche en français et rappelle que les chercheurs francophones – qui représentent 21 % de la communauté scientifique – reçoivent un financement insuffisant.
L’organisme insiste pour que la modernisation du système de recherche tienne compte de la diversité linguistique.
Il accueille positivement les investissements destinés à attirer des talents étrangers, tout en relevant les effets possibles de la baisse des permis d’études sur la relève francophone.
L’Acfas attend enfin que les recommandations du Groupe consultatif prévues en 2026 contribuent à renforcer la vitalité de la recherche en français au Canada.
CANADA
- Le gouvernement Carney survit à un premier vote de confiance
Le gouvernement Carney a passé un premier test de confiance à la Chambre des communes avec le vote sur un sous-amendement conservateur lié à son «budget générationnel».
Confiance : Le gouvernement a choisi de rendre les votes sur les amendements des partis d’opposition déterminants. Les conservateurs proposaient dans le leur de réduire le déficit à 43 milliards, de couper davantage dans les dépenses et d’abolir la taxe carbone industrielle.
Mais leur amendement a été rejeté par 198 voix contre 139, malgré l’abstention de quatre de leurs députés.
Le prochain test, prévu aujourd’hui, pourrait être plus périlleux pour les libéraux, le Bloc québécois comptant présenter un amendement dénonçant un budget jugé «nuisible pour le Québec».
- Retour sur le budget 2025
Malgré près de 80 milliards de dollars de déficit public, le premier ministre a défendu un «budget générationnel».
À lire aussi : Budget fédéral 2025 : Générationnel? Peut-être. Transformationnel? Non (Chronique)
Investissements records pour un déficit record : Le premier budget du gouvernement Carney, présenté par le ministre François-Philippe Champagne, propose un plan d’investissements massifs de 280 milliards $ sur cinq ans afin de renforcer la résilience du Canada dans un contexte économique instable.
Les priorités incluent les infrastructures (115 G$), la productivité et l’innovation (110 G$), la défense (30 G$) et le logement (25 G$).
Ces mesures visent à stimuler la croissance, moderniser le pays et atteindre les cibles de l’OTAN en matière de défense. Malgré ces ambitions, le déficit devrait grimper à plus de 78 G$ en 2025-2026 avant de diminuer légèrement, et la dette continuera d’augmenter à court terme.
Le gouvernement prévoit aussi des économies de 60 G$ et une réduction de 40 000 postes dans la fonction publique, jugées modestes par certains experts.
Critiques principales : Si le budget est salué pour ses mesures favorables à l’innovation et à la recherche, il est critiqué pour le manque d’engagement environnemental et risque de rencontrer une forte opposition politique, le gouvernement minoritaire ayant besoin d’appuis pour éviter des élections anticipées.
Également, il n’affiche que peu d’éléments qui permettent de rassurer les communautés francophones en situation minoritaire (CLOSM). Il coupe aussi près de 2 milliards de dollars dans les services aux Autochtones et plus de 200 millions dans les Relations Couronne-Autochtones.
Le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, l’a accusé d’être trop dépensier et de faire «profiter aux banquiers».
Yves-François Blanchet, le chef du Bloc québécois, l’a pour sa part tancé de se faire de l’argent «sur le dos des Québécois» et de donner aux entreprises pétrolières du pays.
«Ce sont les banquiers qui en profitent. Les Canadiens devront dépenser 55 millions $ sur l’intérêt des dépenses nationales. […], pourquoi le premier ministre peut-il diriger l’argent de la santé pour dépenser plus pour les banquiers?», a-t-il déclaré.
À lire aussi : Budget fédéral 2025 : rien pour la francophonie
Nouveauté : Le premier ministre Carney a annoncé en octobre qu’il changeait le cycle budgétaire, précédemment dévoilé au printemps, pour le déplacer à l’automne. Il a aussi fait en sorte de séparer les dépenses courantes des investissements, une manière de rompre clairement avec les manières de faire de ses prédécesseurs.
À lire aussi : Budget 2025 : justifier le déficit par les investissements
- Un projet de loi contre les détenteurs de contenu pédopornographique
Cette semaine, le sénateur conservateur Leo Housakos a déposé un projet de loi visant à déterminer des peines plus sévères pour les personnes qui détiennent des images pédopornographiques. Il souhaite notamment invoquer la clause dérogatoire pour cela.
Ce projet de loi fait suite à la décision de la Cour suprême, la semaine dernière, d’invalider les peines minimales (un an) pour détention d’images pédopornographiques.
Les utilisateurs de matériel pédopornographique doivent purger une peine de prison obligatoire.
— Pierre Poilievre (@PierrePoilievre) October 31, 2025
La décision rendue aujourd’hui par la Cour suprême est inacceptable.
Les conservateurs s’engagent à utiliser la clause dérogatoire pour protéger nos enfants et imposer des peines de…
Leo Housakos, le chef de l’opposition au Sénat, a déposé le projet de loi S-240 pour demander l’utilisation de la clause dérogatoire après que la Cour suprême a révoqué les peines minimales pour les détenteurs de pornographie juvénile.
Le contexte : La Cour suprême du Canada a invalidé, par une décision partagée, la peine minimale d’un an de prison pour possession ou accès à de la pornographie juvénile, jugeant qu’elle contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés en pouvant constituer une peine cruelle et inusitée.
Cinq juges contre quatre ont estimé qu’une telle peine peut être exagérément disproportionnée dans certains cas, comme celui d’un jeune de 18 ans recevant une image intime non sollicitée de sa conjointe mineure, et qu’il faut laisser aux juges la possibilité d’imposer des sanctions moins sévères.
Cette décision confirme un arrêt de la Cour d’appel du Québec, rendue dans le dossier d’un ex-militaire.
Réactions politiques : Après avoir été accusé d’être inactif sur ce dossier par Pierre Poilievre mercredi lors de la période de questions, le premier ministre Carney a rétorqué gravement :«Je me joins à tous les députés de cette Chambre pour condamner de tels actes. […] On présentera des mesures législatives pour pénaliser ceux qui sont responsables.»
- L’Assemblée canadienne de la jeunesse sur le climat demande aux parlementaires de respecter les engagements internationaux du Canada
Aux côtés de la sénatrice Mary Coyle, l’Assemblée canadienne de la jeunesse sur le climat (ACJC) a établi sept recommandations à l’adresse des parlementaires dans leur dernier rapport, après des consultations de 33 jeunes tirés au sort pour débattre et dégager des priorités.
Ils espèrent que cela débouche sur un projet de loi.
Les sept recommandations sont :
- Investir dans la création d’une norme fédérale et créer un organe qui travaille avec tous les ordres de gouvernement y compris les Autochtones. Pour cela, «il faut prioriser la sensibilisation et l’éducation», a souligné une membre de l’ACJC, en conférence de presse, jeudi.
- Encourager la collaboration avec les provinces et territoires pour s’attaquer aux traumatismes liés au climat. L’ACJC demande que des ressources soient disponibles pour les Canadiens comme des lignes d’aide, ou des groupes de soutien.
- Sur la reddition de compte, l’association demande de fournir des rapports. «Les parlementaires devraient communiquer activement sur les questions sur lesquelles ils travaillent important pour renforcer la confiance», a affirmé une autre membre jeudi.
- Collaborer avec les jeunes en amont pour avoir des politiques qui intègrent l’avis des jeunes Canadiens.
- L’ACJC demande aussi aux Autochtones de s’assurer que leurs organismes sont impliqués dans le processus selon la Loi sur la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
- Les membres de ACJC souhaitent que les parlementaires exigent des grandes entreprises particulièrement émettrices et du secteur public qu’ils divulguent publiquement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
- Sur la réduction des émissions de GES : l’ACJC demande de réduire progressivement les financements au secteur des hydrocarbures et que cela s’accompagne de limites rigoureuses en matière de GES.
«On doit agir sur tous les systèmes qui ont une incidence et proposer des solutions. On veut que les journalistes diffusent le rapport. On veut que les parlementaires prennent des mesures à la lecture du rapport. […] On veut qu’ils comprennent que (les changements climatiques) ont des répercussions sur les générations à venir», a affirmé l’un des membres de l’assemblée, en conférence de presse jeudi.
