La présidente de la FCFA, Liane Roy, déplore des cibles en immigration francophone inférieures à celles promises par Mark Carney lorsqu’il était en campagne électorale au printemps dernier.
La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Liane Roy, a une vision acerbe du budget : «Il y a de bonnes annonces pour l’augmentation de la petite enfance, l’augmentation en santé. Mais il n’y a rien qui nous dit que les communautés francophones et acadienne, ou Monsieur et Madame Tout-le-Monde vont avoir des services en français avec ça.»
Elle se dit néanmoins heureuse pour le maintien des programmes culturels et du financement pour la Fête nationale de l’Acadie.
Un mystère demeure cependant pour elle : «Dans les investissements faits dans ce budget, va-t-il y avoir une lentille francophone?»
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La promesse brisée du gouvernement Carney : l’immigration francophone
En revanche, Liane Roy voit trop peu de détail à propos de l’immigration francophone. À part un de taille : les cibles promises par Mark Carney en campagne électorale visaient 12 % de résidents permanents francophones d’ici 2029. Le budget annonce seulement 10,5 % en 2028.
Selon elle, la cible de 12 % d’immigration serait protégée, mais la présidente de la FCFA n’en sait pas plus et préfère se fier à ce qui est rédigé dans le budget.
«Ça fait depuis septembre qu’on se demande si on va avoir des clarifications sur la façon dont on va se rendre au 12 %.»
Éducation : pas d’investissement dans la dualité linguistique
En revanche, le milieu de l’éducation en français, notamment comme langue seconde, déplore par la voix de la présidente de Canadiens parents for french (CPF), Kate Ashley, par communiqué, que «le budget 2025 représente une occasion manquée de renforcer la souveraineté du Canada en investissant véritablement dans notre identité bilingue».
Parmi les mesures concrètes demandées par la CPF pour soutenir l’enseignement dans la langue seconde, l’une des priorités est de rendre permanentes les augmentations de financement prévues dans le Plan d’action pour les langues officielles (notamment les 80 millions de dollars par année pour le postsecondaire promis par l’ex-gouvernement Trudeau).
La CPF souhaite aussi voir le fédéral augmenter les transferts fédéraux pour l’enseignement de la langue seconde, avec des «mécanismes clairs de reddition de comptes et de transparence».
L’économie francophone à valoriser
Le RDÉE Canada partage l’inquiétude de la FCFA concernant les compressions de 2 milliards de dollars observées au sein des ministères d’Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada ainsi que d’Emploi et Développement social, notamment en lien avec la «réorientation des programmes», selon leur communiqué.
«Nous comprenons la nécessité d’un examen des dépenses publiques, mais il faudra s’assurer que les programmes contribuant directement à la vitalité économique des communautés francophones et acadienne en situation minoritaire continuent d’être appuyés», souligne Yan Plante, président-directeur général du RDÉE Canada.
Le RDÉE applaudit la stratégie de diversification du commerce dans le budget, même si pour l’organisme, c’est le commerce interprovincial qui prime sur les marchés internationaux.
«Les 116 000 entreprises francophones et acadiennes en situation minoritaire forment à elles seules un corridor économique d’un océan à l’autre, capable de stimuler les échanges et de renforcer la productivité», peut-on lire dans le communiqué.
Les investissements pour construire des logements abordables et la création du Fonds d’infrastructure pour l’Arctique sont des annonces de bon augure, indique encore le RDÉE, de même que les mesures liées à la vie abordable, que le RDÉE avait déjà présenté comme une priorité
Soukaina Boutiyeb répète au ministère de Femmes et Égalité des genres que les femmes francophones ne sont «pas un groupe homogène» et qu’il faut un financement structurel et permanent pour aider des femmes en situation d’urgence.
Un peu de sécurité pour les femmes
Il manque des détails, soupire de son côté la présidente de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), Soukaina Boutiyeb, qui affirme : «On est passées d’une coupe de 80 % de financement au ministère Femmes et Égalité des genres à un revirement de bord».
En effet, le gouvernement fédéral a annoncé une semaine avant le budget plus de 660 millions de dollars sur cinq ans pour honorer une série de champs de bataille, comme la lutte contre la violence basée sur le genre.
Pour justifier les besoins de financements stables et durables, Soukaina Boutiyeb prend l’exemple d’une femme victime de violence conjugale.
«Les ressources sont souvent insuffisantes», affirme-t-elle, en indiquant que certaines maisons de transition ne comptent que quelques appartements et peinent même à entretenir leurs bâtiments.
Du côté de la culture francophone, la Fédération de la culture canadienne-française (FCCF) salue la reconduction des aides au secteur artistique et les nouveaux fonds accordés à l’Office national du film, ainsi que l’augmentation de 150 millions de dollars au budget de Radio-Canada/CBC et l’instauration d’un droit de suite pour les artistes.
Elle demeure toutefois préoccupée par le faible financement de 6 millions de dollars accordée au Conseil des arts du Canada sur les 140 millions demandés et affirme qu’elle aussi restera vigilante quant aux compressions budgétaires.
