Un sondage [en anglais] d’Angus Reid, publié juste avant l’arrivée des souverains, affirmait que 83 % de Canadiens interrogés sont «indifférents» ou «ne s’intéressent pas» à la visite historique du monarque.
Les rues d’Ottawa semblaient démontrer l’inverse, les lundi 26 et mardi 27 mai.

Des milliers de Canadiennes et de Canadiens se sont massés derrière les barrières pour espérer voir le roi et la reine, après le discours du Trône, le 27 mai.
Les rues bondées depuis la veille n’ont pas empêché Shay Murray et Anna Swaan, deux étudiantes francophones de l’Ontario, de s’installer derrière les barrières dès 8 heures du matin lundi, pour apercevoir le roi Charles III et la reine Camilla, en visite dans la capitale canadienne.
Visite au cours de laquelle le souverain a lu le discours du Trône pour ouvrir la nouvelle session parlementaire. Une manière de réaffirmer la souveraineté du Canada face aux menaces répétées et concrétisées des États-Unis.
Les deux amies faisaient partie des milliers de Canadiens et de Canadiennes qui bordaient le chemin depuis l’édifice du Sénat jusqu’au Monument commémoratif de la guerre.
Ma mère l’a vu à Halifax, il y a plusieurs années. Elle m’a poussé, en disant qu’il n’y a probablement pas une autre chance dans ma vie de voir le roi. Ça dit tellement pour notre pays de voir toutes les personnes ensemble, de voir le roi et la reine. C’est vraiment symbolique à nous.
Ce sont bien les menaces étatsuniennes qui poussent les deux jeunes femmes à être présentes pour démontrer leur patriotisme. «Évidemment, s’il n’y avait pas toutes ces émotions négatives, ça ne sera pas si excitant», confie Anna Swaan.

Pour Shay Murray et Anna Swaan, deux étudiantes francophiles, la visite royale était «importante, surtout en ce moment».
L’unité avant le désamour des francophones pour la royauté?
Sur la question du peu d’affection souvent démontré par les francophones envers la royauté, Anna affirme qu’il y a «beaucoup d’histoire» à considérer pour comprendre «toutes les émotions» qui entourent la relation entre les francophones et le roi, faisant notamment référence à la déportation des Acadiens.
Mais je pense, juste quand tu regardes les situations qu’on a avec les États-Unis, que les Québécois et les francophones sont intéressés à l’idée d’unité. J’ai vu qu’il y a des personnes au Québec qui ont dit qu’ils préfèrent être Canadiens au lieu d’Américains!
Les francophones hors Québec seraient en outre moins enclins à totalement monter aux barricades lorsqu’il s’agit de royauté.
Avec son amie Shay, Anna espère que les menaces des États-Unis «ramènent les gens ensemble [au Canada, NDLR]».
Plus loin, une Franco-Ontarienne établie aux Mille-Îles, à la frontière avec les États-Unis, affirme que l’unité canadienne «passe avant tout».
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