Un sondage maison mené en ligne par Francopresse du 11 au 28 mars 2025 auprès de 601 francophones en situation linguistique minoritaire partout au pays montre que le Parti libéral du Canada (PLC) arrive en tête de leurs intentions de vote (54,5 %).
Le parti de Mark Carney se classe bien loin devant le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui récolte 26,4 % des intentions, le Parti conservateur du Canada (PCC) 7 % et le Parti vert du Canada (PVC) 2,9 %.
Même en tenant compte de la proportion de personnes indécises (7,4 %), les résultats indiquent que le PLC a la faveur d’une majorité de francophones en milieu minoritaire.
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Trajectoire des appuis par rapport à 2021
Selon les données, 57,3 % des francophones qui ont répondu au sondage ont déclaré avoir voté pour le PLC en 2021, 16,5 % pour le NPD, 9,4 % pour le PVC et 7,7 % pour le PCC.
Le PLC était ainsi déjà le parti largement privilégié par l’ensemble des francophones en milieu minoritaire aux dernières élections fédérales, un résultat qui se reflète dans les intentions de vote de 2025.
La confiance accordée au PCC par les répondants se maintient aussi au même niveau : 7,7 % en 2021 et 7 % en 2025.
Par contre, le PVC perd des appuis – de 9,4 % en 2021, ceux-ci ont chuté à 2,9 % en 2025. Le NPD en a peut-être profité, puisqu’il a grimpé de 16,5 % des votes déclarés à 26,4 %.
Les chiffres – avec les biais que comporte le sondage (voir la méthodologie à la fin du texte) – présentent un fossé entre le PLC et le PCC chez les répondants. Pour l’ensemble de la population, ces deux partis sont ceux qui récoltent toujours le plus d’appuis et qui sont en conséquence susceptibles de former le gouvernement.
Or, le PCC arrive en troisième ou même en quatrième place des préférences de répondants, ce qui pourrait indiquer que ces communautés ne se reconnaissent pas dans les valeurs et les candidatures proposées par ce parti.
Contrecourant francophone dans l’Ouest
La préférence pour le PLC se fait sentir dans toutes les régions du pays. Comme le montre le graphique ci-dessus, le PLC récolte plus de la majorité des intentions de vote des répondants dans l’Ouest (54,9 %) en Ontario (54,8 %), et en Atlantique (51,6 %).
À certains égards, les résultats de l’Ouest, qui comprennent les données de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba, présentent le caractère distinct des francophones – largement minoritaires – par rapport au reste de la population dans cette région.
En effet, l’Ouest est généralement d’allégeance conservatrice, comme en témoignent plusieurs sondages et les résultats d’élections antérieures, mais les francophones de cette région ont plutôt déclaré qu’ils entendaient voter pour le PLC ou encore le NPD (31,8 %), bien avant le PCC (5,6 %).
C’est en Atlantique que le PCC peut espérer les meilleurs résultats chez les francophones (13,4 %). Cette région est aussi celle où le Parti vert (16,2 %) pourrait obtenir la plus grande proportion de votes des francophones minoritaires au pays.
Tendances par tranche d’âge
Si le PLC se situe au premier rang des intentions de vote des francophones de 35 ans et plus, le tableau ci-contre montre que les jeunes (18 à 34 ans), eux, préfèrent le NPD (64,3 %) selon les données recueillies.
Aussi, ce groupe délaisserait le PVC (2,7 % en 2025 contre 18,5 % en 2021) et n’aurait guère acquis plus d’affinités pour le PCC (3,2 % en 2025 c. 2,6 %) dans les quatre dernières années.
La tranche des 35-64 ans demeure celle qui est la plus favorable au PCC, même si le soutien qu’elle exprime à ce parti fléchit légèrement, passant de 15,4 % en 2021 à 10,9 % en 2025. Inversement, son appui au PLC se raffermit; il s’établissait à 53,4 % en 2021 et atteint 67 % en 2025.
Le groupe le moins fidèle au PLC est celui des 65 ans et plus. Plus de quatre ainés sur cinq (82,5 %) avaient voté pour ce parti en 2021, mais à peine trois sur cinq (59,6 %) ont l’intention de faire de même en 2025. Presque le quart des personnes de cette tranche d’âge (23,2 %) entendent maintenant voter pour le NDP, un parti auquel seulement 8,4 % d’entre elles avaient accordé leur vote en 2021.
Raisons et méthodologie du sondage
Le manque de données sur les francophones en situation minoritaire au Canada – incluant leurs intentions de vote – a poussé Francopresse à vouloir effectuer un sondage dans la perspective de l’élection fédérale du 28 avril 2025.
Mené du 11 au 28 mars 2025, celui-ci a été diffusé en majeure partie par l’entremise des réseaux sociaux des journalistes et des journaux membres de Réseau.Presse, qui sont présents dans les communautés francophones de partout au pays à l’extérieur du Québec.
L’Ontario est surreprésenté dans les données, tandis que les trois territoires ont dû être retirés des analyses par région en raison du trop petit nombre de réponses.
Bien entendu, toutes les données provenant du Québec ont aussi été exclues, puisque l’objet du sondage était de dégager les intentions de vote des francophones en contexte minoritaire. Une surreprésentation du NPD dans l’Ouest est aussi à noter.
Enfin, il faut noter qu’une série de facteurs, dont le mode subjectif de diffusion du sondage, l’attente du débat des chefs ou encore la victoire de Mark Carney à la tête du Parti libéral l’avant-veille du lancement du sondage, ont pu influer sur les résultats.
Même si le sondage ne peut prétendre être représentatif de toute la population francophone en situation minoritaire au Canada, il permet tout de même de dégager certaines grandes tendances.