Lena Metlege Diab est devenue députée fédérale l’automne dernier en remportant largement la circonscription d’Halifax-Ouest – à 48,5 % des voix, devant le candidat néodémocrate John Keith Roberts (24,2 %) et la candidate conservatrice Eleanor Humphries (22 %). En entrevue avec Francopresse, la politicienne raconte qu’elle est fière de son parcours.
Née à Halifax en 1965, Lena Metlege Diab a passé les premières années de sa vie au Liban, d’où ses parents sont originaires. La guerre civile libanaise éclate en 1975 : pendant un an, la députée se souvient qu’elle n’allait «presque plus à l’école». Voyant que la guerre s’étire, ses parents décident de revenir à Halifax, qu’elle et sa famille ne quitteront plus.
Élevée dans un mélange d’arabe et de français au Liban, Lena Metlege Diab cultive son bilinguisme jusqu’à son retour à Halifax, à 11 ans. Elle apprend alors l’anglais, car il est «impossible de faire autrement lorsque le milieu dans lequel tu es élevée est en anglais en grande majorité. C’est nécessaire», assure-t-elle.
Malgré qu’elle ait poursuivi toute son éducation familiale et scolaire en anglais, la future ministre provinciale garantit qu’elle n’en a pas pour autant perdu son français, même si elle avoue y avoir moins recours. Elle le cultive, notamment au gré de ses contacts avec la culture acadienne.

L’ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse Iain Rankin (2021) et Lena Metlege Diab, alors ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie, avec le drapeau de la francophonie le 20 mars 2021, à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie.
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L’immigration, un combat personnel et politique
Après une carrière d’avocate de plus de 20 ans, Lena Metlege Diab est élue députée provinciale de la circonscription d’Halifax-Armdale en octobre 2013, au sein du gouvernement de Stephen McNeill. Elle devient alors la première femme ministre de la Justice de la Nouvelle-Écosse, en plus d’occuper également le poste de ministre de l’Immigration.
Ce poste la pousse à poursuivre la politique :
J’avais quatre enfants, dont deux à l’université. C’était il y a dix ans et à cette époque, je voyais la jeunesse quitter le Canada pour trouver des opportunités d’études ou de travail ailleurs. J’étais triste de ce constat, je ne voulais pas ça pour mes enfants!
Nommée ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie de 2017 à 2021, elle s’appuie sur ces deux portefeuilles pour élaborer le premier Plan d’action pour l’immigration francophone de la Nouvelle-Écosse, en 2019.
Ce plan a fait bondir le pourcentage des candidatures francophones, qui passe de moins de 1 % avant le Plan à 11 % en 2020, à travers le Programme de candidats des provinces (PCP) et le Programme d’immigration au Canada atlantique. Même s’il ne s’agit que de candidatures et non de personnes qui obtiennent bel et bien le statut d’immigrant, Lena Metlege Diab attribue cette hausse en grande partie au déploiement de son plan d’action.
Deux ans après la mise en œuvre du plan, le ministère fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada (IRCC) a de son côté enregistré une hausse de l’immigration francophone en Nouvelle-Écosse, tous programmes confondus, de 1,54 % en 2019 à 4,59 % en 2020, un record depuis 2015. En 2021, la part d’immigrants francophones dans la province a toutefois chuté à 1,97 %.

Lena Metlege Diab lors du 16e anniversaire de célébration de la culture acadienne de Tor Baie, dans le comté de Guysborough, célébrant l’ouverture officielle de la place Savalette et le dévoilement de la désignation du parc historique national.
Le «grand honneur» de représenter l’Acadie et la francophonie
Celle qui a passé de nombreuses années à piloter divers ministères provinciaux se réjouit d’avoir eu le «grand honneur» de représenter les communautés acadiennes et francophones de sa province alors qu’elle était ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie.
En 2019, Lena Metlege Diabb est nommée comme chargée de mission de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) pour l’Amérique.
Un poste qui, combiné à ceux des ministères de l’Immigration et des Affaires acadiennes et de la Francophonie, a justement pu l’aider à cerner les défis de la francophonie néoécossaise et lui a permis de bonifier son Plan d’action pour l’immigration francophone en Nouvelle-Écosse.
L’Assemblée parlementaire de la francophonie est une assemblée interparlementaire qui regroupe 56 «sections membres» à travers le monde. Ces «sections» représentent des parlements de pays ou de provinces où vivent des communautés francophones. Par exemple, le Canada, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario en font partie.
L’APF réalise principalement un travail de réflexion et fournit des recommandations, avis et résolutions concernant les communautés francophones à la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF) et au Conseil permanent de la Francophonie (CPF). Elle intervient aussi devant les chefs d’État lors des Sommets de la Francophonie et collabore avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Grâce à sa carrière d’avocate en Nouvelle-Écosse, puis de politicienne francophone, Lena Metlege Diab dit avoir cultivé une relation particulière avec la communauté acadienne :
J’ai traversé la province je ne sais combien de fois et j’ai rencontré toutes les communautés acadiennes de la Nouvelle-Écosse. Sans elles, je vous le dis, c’est impossible de travailler à augmenter le nombre de francophones dans la province.
Depuis son arrivée à la Chambre des communes, la députée fait valoir son expérience «précieuse» d’ancienne ministre : «Ça m’a donné une vision diversifiée, plus globale de la francophonie et de la politique. Avant la pandémie, j’ai visité le Sénégal comme cheffe de mission de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. J’ai vu du monde très différent. C’est précieux, ça élargit les horizons. Ça vous fait devenir une meilleure politicienne et une meilleure personne.»
«Mon siège de député.e» est une série de portraits des député.e.s francophones, francophiles, francocurieux et francocurieuses du Canada. Ces élu·es ont accepté de se prêter au jeu et de s’ouvrir quant aux enjeux qui leur tiennent à cœur, qu’il s’agisse de la place du français à la Chambre des communes ou de tout autre sujet d’importance dans la société canadienne.