le Mercredi 12 novembre 2025
le Lundi 10 novembre 2025 6:30 Immigration

L’immigration francophone face à des défis systémiques

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L’OIFC a identifié cinq obstacles systémiques auxquels font face les immigrants francophones : des barrières linguistiques, administratives, juridiques, financières et pour la reconnaissance des acquis professionnels.  — Photo : Kampus Production – Pexels
L’OIFC a identifié cinq obstacles systémiques auxquels font face les immigrants francophones : des barrières linguistiques, administratives, juridiques, financières et pour la reconnaissance des acquis professionnels.
Photo : Kampus Production – Pexels

FRANCOPRESSE – Le système d’immigration canadien imposerait cinq barrières aux personnes immigrantes francophones. Une équipe de recherche de l’Observatoire de l’immigration francophone au Canada (OIFC) les a identifiés à travers une enquête dont les premiers résultats ont été présentés le 6 novembre lors d’un webinaire.

L’immigration francophone face à des défis systémiques
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Le chercheur principal et coordonnateur de l’enquête, Abdoul-Malik Ahmad, a défini les barrières systémiques ainsi : «l’effet combiné d’orientation, de structure et de biens individuels et collectifs inscrits dans les politiques migratoires et les pratiques administratives qui produisent des effets différents selon l’origine nationale, la race, le genre, etc.».

Qu’est-ce que l’Observatoire de l’immigration francophone au Canada (OIFC) ?

L’OIFC a pour mission de diffuser, d’analyser et de diffuser les savoirs liés à l’immigration francophone, à partir des communautés locales jusqu’au niveau national. Il est affilié à l’Université de l’Ontario français à Toronto .

Abdoul-Malik Ahmad a annoncé la diffusion prochaine de la deuxième phase de l’enquête pour renforcer la base de données. 

Photo : Courtoisie OIFC

Les cinq barrières systémiques et leur impact

Lors du webinaire, l’équipe de l’OIFC a présenté les résultats de l’enquête compris dans un rapport publié récemment et qui détaille les fruits de leurs recherches. L’équipe de recherche a identifié cinq principaux obstacles systémiques. Il s’agit des barrières linguistiques, administratives, juridiques, financières et pour la reconnaissance des acquis professionnels.

Un total de 76 % des personnes qui ont répondu ont dit avoir été servis en français par le personnel du ministère Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) lors d’échanges électroniques. Abdoul-Malik Ahmad identifie cependant l’absence de contact humain direct comme un problème. Les personnes immigrantes d’expression française (PIEF) interagissent principalement avec des plateformes et des formulaires.

Les barrières administratives et juridiques ralentissent aussi le processus, selon la chercheuse associée qui a aussi contribué au rapport, Eya Benhassine. Plus de la moitié des répondants, soit environ 54 %, ont passé six mois ou plus à collecter des informations. De plus, 44 % ont attendu six mois ou plus pour une réponse finale d’IRCC. Ces retards peuvent affecter la stabilité professionnelle et personnelle des immigrants : 47 % des répondants ont indiqué que le délai de décision d’IRCC les affecter négativement.

D’après la même chercheuse, les biais dans la structure administrative responsable de la mise en œuvre des politiques d’immigration rendent les décisions institutionnelles opaques. Quarante-deux pour cent des sondés n’ont pas reçu d’explication pour les retards et 17 % n’ont pas compris les raisons du refus.

Abdoul-Malik Ahmad a constaté que des barrières existent aussi pour la reconnaissance des compétences professionnelles. Seulement 43 % des répondants ont demandé l’équivalence de leurs diplômes étrangers. Le chercheur pense que cela montre que les immigrants, principalement des pays du Sud, s’attendent à ce que leurs diplômes soient remis en question.

Les obstacles financiers sont, selon Abdoul-Malik Ahmad, une «barrière systémique qui est invisible». Selon lui, 23 % des répondants ont eu du mal à trouver des informations sur les couts du processus d’immigration sur les sites gouvernementaux.

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Eya Benhassine a souligné que l’échantillon de la première phase de l’enquête est trop petit pour généraliser les résultats concrets.

Photo : Courtoisie OIFC

Sous la surface du système d’immigration

Le chercheur principal indique que la recherche se concentre sur le recrutement, y compris la promotion, la sélection et la communication avant l’arrivée des candidats au Canada. Les barrières systématiques identifiées se trouvent tout au long du continuum de l’immigration.

Elles ne sont pas le fruit du hasard, mais résultent d’instruments et d’outils mis en place par l’administration publique, indique Abdoul-Malik Ahmad.

Il affirme que les instruments du gouvernement influencent les décisions des acteurs pour atteindre leurs objectifs. Un immigrant francophone peut rencontrer des obstacles liés à la langue et à la communication lorsqu’il remplit des formulaires, comme l’a montré l’expert de l’OIFC durant le webinaire.

À travers une analyse intersectionnelle, Abdoul-Malik Ahmad a montré comment les contraintes se combinent pour compliquer encore plus le parcours des PIEF.

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Vers des démarches adaptées

Les PIEF, selon Abdoul-Malik Ahmad, relancent souvent les plateformes d’IRCC et s’appuient sur leur réseau de soutien – comme leurs proches, les forums ou les médias sociaux – pour obtenir de l’aide.

Kimberly Jean Pharuns, la directrice générale de l’OIFC, a assuré que son organisme travaillera sur des pratiques prometteuses à l’issue des résultats de cette enquête. 

Photo : Courtoisie OIFC

Les répondants demandent «humanisation du traitement des dossiers en permettant quelque part un contact direct», indique le chercheur principal. Les PIEF souhaitent aussi une simplification des démarches administratives et une réduction des délais de traitement.

Le coordonnateur de la recherche évoque qu’ils voudraient d’ailleurs une meilleure accessibilité géographique et linguistique aux services d’IRCC, notamment par l’ouverture de bureaux en Afrique francophone.

La directrice générale à l’OIFC, Kimberly Jean Pharuns, a ajouté que d’autres intervenants, comme les services qui suivent le recrutement et l’arrivée des personnes immigrantes, peuvent contribuer à l’humanisation.

Abdoul-Malik Ahmad a observé que les instruments publics, supposément neutres, renforcent les inégalités de pouvoir entre les candidats et ont tendance à privilégier certains groupes socioéconomiques par rapport à d’autres.

Profil des participants

Eya Benhassine a souligné que l’échantillon de cette première phase de l’enquête est trop petit pour généraliser les résultats à toutes les PIEF. Elle a été diffusée au printemps 2025 auprès des PIEF récentes. Lors de cette phase, 133 personnes y ont répondu, dont 81 ont fourni des réponses complètes. La méthode de distribution pourrait aussi avoir favorisé des personnes qui étaient plus au fait des services.

La plupart des personnes interrogées ont entre 30 et 49 ans, de plus, environ 56 % s’identifient comme femmes. Eya Benhassine précise que ces dernières sont entrées au Canada principalement via un programme d’immigration économique et vivaient avec leur famille lors de leur demande de résidence permanente.

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Type: Actualités

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Données de parution:

Ottawa

Lê Vu Hai Huong

Journaliste junior

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