Dans le cadre de la septième édition de l’Université d’été sur la francophonie des Amériques, plus de 75 personnes se sont réunies à l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, du 16 au 20 juin, pour réfléchir ensemble à la présence linguistique, culturelle et économique de la francophonie sur le continent américain.
Organisé par le Centre de la francophonie des Amériques depuis 2010, l’évènement avait cette année pour thème «les espaces francophones».
L’Université d’été sur la francophonie des Amériques a lieu tous les deux ans. Elle a déjà été accueillie par l’Université Laval, le Campus Saint-Jean et l’Université de Louisiane, à Lafayette, aux États-Unis.
Elle réunit des étudiants du cycle supérieur et des professionnels provenant à parts égales du Canada et des autres pays des Amériques.
Le cout d’un tel évènement s’élève à environ 200 000 dollars, financé conjointement par l’établissement hôte et le Centre de la francophonie des Amériques, avec le soutien de partenaires comme Patrimoine canadien, l’Organisation internationale de la Francophonie, l’Acfas et d’autres organismes.
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Briser l’isolement et l’invisibilité
D’après la directrice générale adjointe et directrice de la programmation au Centre de la francophonie des Amériques, Flavie-Isabelle Hade, la formation a été «très nourrissante», offrant aux personnes participantes une occasion de réseauter.

En dehors des panels, plusieurs activités – comme des visites et le concert de l’artiste montréalais d’origine haïtienne Waahli – ont été organisées pour faire découvrir la vie francophone dans plusieurs secteurs du quotidien.
«C’est justement un grand atout pour ma profession […] [de pouvoir collaborer] avec des collègues des autres pays qui passent par la même situation que moi», témoigne Elaine Andrade, professeure de français langue étrangère au Brésil.
Elle a retrouvé à Vancouver des collègues du Mexique et du Chili qui vivent des défis similaires pour connecter leurs élèves à la culture francophone locale.
Étienne Rivard, professeur agrégé de géographie à l’Université de Saint-Boniface, au Manitoba, confirme que les réseaux – qu’ils soient physiques ou numériques – sont essentiels pour les communautés, car ils permettent de créer des liens et de rompre le sentiment de solitude.
En Amérique latine, poursuit-il, les francophones ou les passionnés de français se sentent souvent isolés. Il souligne que la capacité et le désir de parler français dans les Amériques sont plus importants qu’on ne le pense, mais que ces personnes et communautés restent souvent invisibles.
Dans sa région proche de Sao Paulo, Elaine Andrade constate que «les espaces francophones sont très rares et donc on doit les créer».
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Au-delà de la géographie et la langue
Il faut que cette francophonie des Amériques émerge, soit connue. Plus elle est connue, plus elle va être étudiée. Plus elle va être documentée, plus ça va nous donner des outils pour qu’elle soit vivante.
Elaine Andrade, qui a fait sa formation en France, souligne l’importance de «sentir cette culture francophone» ici, sur le continent américain, et d’«oublier un peu la France métropole». «La francophonie, c’est une conception beaucoup plus large que la langue», ajoute-t-elle.
Étienne Rivard, pour sa part, insiste sur l’importance de reconnaitre la diversité des façons de parler, et de ne pas laisser l’insécurité linguistique freiner l’expression en français. Dans un monde dominé par l’anglais, «une alliance entre les autres langues importantes» lui semble essentielle.
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La mission continue

Les participantes et participants travaillent ensemble pour présenter leur vision des espaces francophones, renforçant la collaboration au sein de la communauté.
Pour Flavie-Isabelle Hade, le succès de ces universités d’été témoigne d’un besoin croissant. Elle rappelle aussi l’existence d’autres initiatives comme les programmes de mobilité des chercheurs de l’Agence universitaire de la Francophonie et le Programme des futurs leaders dans les Amériques, porté par le gouvernement fédéral canadien.
Développer plus d’occasions de ce type pour faire rayonner les connaissances de la francophonie des Amériques et créer des liens entre les membres de la communauté reste essentiel, appuie Étienne Rivard.
Elaine Andrade, de son côté, suggère pour les prochaines éditions d’aborder davantage la francophonie dans un contexte de concurrence linguistique et de plurilinguisme dans les Amériques.
Pour elle, la francophonie est bien plus vaste que celle habituellement citée, mais demeure souvent méconnue.