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Décès de Benoît Pelletier : la francophonie perd un allié engagé

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L’un des plus importants héritages de l’ancien politicien québécois Benoît Pelletier reste le Centre de la francophonie des Amériques.  — Photo : Courtoisie
L’un des plus importants héritages de l’ancien politicien québécois Benoît Pelletier reste le Centre de la francophonie des Amériques.
Photo : Courtoisie
FRANCOPRESSE – Peu de politiciens du Québec peuvent dire qu’ils ont créé des liens de confiance durables avec la francophonie canadienne. Benoît Pelletier y était parvenu. Le Centre de la francophonie des Amériques constitue l’un des plus importants héritages de l’ancien ministre québécois, décédé le 30 mars à l’âge de 64 ans.
Décès de Benoît Pelletier : la francophonie perd un allié engagé
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Élu député de Chapleau, au Québec, en 1998, lors de la victoire du Parti libéral mené par Jean Charest, Benoît Pelletier a, au fil des ans, été responsable de plusieurs ministères, dont ceux des Affaires intergouvernementales et de la Francophonie canadienne.

Défenseur de la langue française, il a redéfini la relation entre le Québec et les communautés francophones du reste du Canada et des États-Unis. En 2006, le dépôt de la nouvelle Politique du Québec en matière de francophonie canadienne a mené à la création du Centre de la francophonie des Amériques (CFA) en 2008.

Son existence étant enchâssée dans une loi, le Centre est encore aujourd’hui au cœur des relations entre le Québec et la francophonie, 15 ans après sa création.

L’un des principaux objectifs de Benoît Pelletier était de «faire équipe avec les différentes communautés qui vivent en situation minoritaire» pour assurer la pérennité de la langue française, explique l’actuel président du CFA, Michel Robitaille, en entrevue avec Francopresse.

«Cette idée que les francophones des Amériques devaient travailler ensemble, se rassembler, je pense que c’était vraiment au cœur de la démarche de Benoît», ajoute la professeure et chercheuse, Linda Cardinal. Benoît Pelletier l’avait recrutée pour faire partie du premier conseil d’administration du CFA.

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Le président du Centre de la francophonie des Amériques, Michel Robitaille, croit que Benoît Pelletier était particulièrement fier des initiatives auprès des jeunes. 

Photo : Courtoisie CFA

L’héritage du Centre de la francophonie des Amériques

«Il n’y a absolument aucune raison pour laquelle le Québec s’inclurait dans le concept de la francophonie internationale, mais pas dans celui de la francophonie canadienne. C’est complètement contradictoire», a expliqué Benoît Pelletier lors d’un discours à la Journée du savoir de l’Acfas-Alberta, en avril 2016. Une déclaration qui illustre son désir que le Québec regarde davantage à l’intérieur du Canada, plutôt qu’à l’extérieur, pour trouver des alliés.

Michel Robitaille rappelle que le Centre n’a pas été créé pour que le Québec dise au reste de la francophonie comment faire les choses. L’approche de Benoît Pelletier «était de travailler ensemble, de prendre l’expertise des communautés francophones, de celles et ceux qui tous les jours se battent pour leur langue, de jumeler ça à l’expérience québécoise et ensemble on va voir ce que l’on peut faire».

Le CFA fonctionne toujours sous cette philosophie, soutient celui qui a également été le premier président-directeur général du Centre, avec quelque 650 partenaires en Amérique, toujours en respectant les spécificités de chacun.

«Benoît ne voulait pas que les gens soient isolés, il voulait qu’ils soient ensemble et ce centre-là c’est vraiment un témoignage de sa vision de la francophonie dans les Amériques», ajoute Linda Cardinal.

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«Même après avoir quitté la politique [Benoît Pelletier] est demeuré un mentor pour nous», révèle Michel Robitaille. Il était toujours disponible pour participer à un forum et pour parler aux gens.

M. Robitaille croit que Benoît Pelletier était particulièrement fier des activités du Centre des jeunes ambassadeurs de la Francophonie des Amériques, puisqu’il était convaincu qu’il était nécessaire d’intéresser les jeunes à la langue française pour la sauvegarder.

Linda Cardinal a côtoyé Benoît Pelletier à l’Université d’Ottawa et il l’a recrutée comme membre du premier conseil d’administration du Centre de la francophonie des Amériques. 

Photo : Courtoisie

Précurseur de l’asymétrie

Benoît Pelletier a parlé de droits linguistiques asymétriques un peu avant tout le monde. «C’était au cœur de sa démarche, cette asymétrie. Il la voyait nécessaire partout, parce que c’est une asymétrie fondée sur les besoins plutôt que d’une approche mur à mur, universelle, qui ne prend pas en compte les caractéristiques particulières des communautés», confirme Linda Cardinal.

Elle raconte que dans les rencontres, il se présentait à la fois comme un défenseur de l’identité québécoise, tout en étant ouvert a appuyé la francophonie canadienne. «La diversité pour lui, c’était un fédéralisme asymétrique. C’était le Québec dans la Confédération, mais avec un forum, le Conseil de la Fédération. Il a donné une forme institutionnelle à sa vision avec le CFA.»

Benoît Pelletier estimait que les obligations linguistiques envers les minorités devaient s’appliquer de façon plus nuancée au Québec. «Parce que la langue de la majorité au Québec est en même temps la langue d’une minorité, celle que nous formons au Canada», a-t-il déclaré en 2016, en Alberta.

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Julien Cayouette

Rédacteur en chef

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