Les radios communautaires sont principalement des organismes sans but lucratif. Elles profitent de subventions et, éventuellement, de dons provenant de leurs collectivités.
Elles sollicitent aussi la générosité de la population lors de campagnes de financement, tel le radiothon organisé récemment par Nord-Ouest FM. De tels efforts sont essentiels pour maintenir la station de radio à flot et pour sensibiliser la communauté à son existence.

Gisèle Bouchard et deux bénévoles à l’occasion de leur première émission de Tricote placote lors du radiothon de Nord-Ouest FM.
Gisèle Bouchard, directrice générale de Nord-Ouest FM, explique que son équipe «essaie le plus possible de varier [ses] sources de financement pour la radio communautaire», qui couvre 17 collectivités et municipalités à 100 kilomètres à la ronde de Rivière-la-Paix, dans le nord de l’Alberta.
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La plus récente campagne de financement a permis de récolter 8 700 $, dont la moitié provient du radiothon qui a tenu 30 heures de programmation en direct et trois spectacles musicaux diffusés simultanément sur les ondes de la radio et sur sa chaine YouTube.
Bien que Nord-Ouest FM n’ait pas tout à fait atteint son objectif initial de 10 000 $, certains dons continuent d’arriver par la poste. «C’est une belle réussite pour nous», affirme la directrice générale. Or, malgré cet afflux récent de fonds, le financement reste une préoccupation.
Programmes de financement, pas une panacée
La station Radio Cité, écoutée partout à Edmonton, organise aussi des campagnes de financement. Carole Saint-Cyr, sa directrice générale, ajoute cependant que son organisme profite de programmes de financement de différents bailleurs de fonds, dont Patrimoine canadien et le Fonds canadien de la radio communautaire (FCRC).
Alyson Roussel, directrice générale de Boréal FM, en convient : «Le financement principal de la radio, ce sont les subventions.»
Pour Boréal FM de la région économique de Wood Buffalo-Cold Lake, au nord d’Edmonton, les subventions viennent principalement du gouvernement fédéral. «On a eu beaucoup de difficultés à avoir des fonds provinciaux», se désole Alyson Roussel.
Bien que la précarité financière des trois stations de radio soit atténuée par le financement fédéral, il y a loin de la coupe aux lèvres. S’il y a certes toujours des subventions qui sont offertes, «elles ne sont jamais garanties», s’inquiète Alyson Roussel.
Cette incertitude lui fait d’ailleurs dire qu’«il n’y a pas de sécurité d’emploi, même pour les employés qui sont ici depuis quatre ans. C’est assez instable.»
Rôle essentiel des bénévoles
Les campagnes de financement menées par ces radios communautaires apportent plus que de l’argent : elles leur permettent aussi de se rapprocher de la communauté.
Par exemple, lors du radiothon de Nord-Ouest FM, «on a recruté des bénévoles et impliqué de nouvelles personnes dans les autres rôles comme les musiciens des concerts en direct», explique Gisèle Bouchard.
Pour Alyson Roussel de Boréal FM, le constat est évident :
Une radio ne peut pas fonctionner qu’avec des bénévoles lorsque l’on pense à la programmation musicale.
Selon elle, la radio a quand même besoin de deux ou trois employés d’expérience pour fonctionner.

Sarah et Louange en formation à Radio Cité.
Elle avoue aussi que le manque de moyens financiers amène parfois des difficultés salariales. Elle raconte que l’année dernière, son conseil d’administration voulait lui offrir une petite augmentation de salaire en reconnaissance de son bon travail. Toutefois, elle n’a pas pu en bénéficier et a, au contraire, vu ses heures de travail réduites à cause du manque de fonds.
Radio Cité aimerait avoir des gens en ondes de 6 h à 18 h, mais malheureusement «cela coute cher!» Heureusement, Carole Saint-Cyr peut compter sur ses bénévoles. «Ils proposent des émissions hyper intéressantes!»
Carole Saint-Cyr explique qu’il est difficile de trouver autant du personnel que des bénévoles qui sont formés en radio et qui viennent de l’Ouest. «Ça n’existe pas. La seule formation qui existe est en anglais», dit-elle.
Proximité avec la collectivité
En plus des difficultés de financement, les radios communautaires peinent à assurer une présence physique auprès de la collectivité qui les soutient. Gisèle Bouchard regrette «qu’avec la pandémie, on ne puisse pas aller dans les communautés, à tous les évènements qui ont lieu dans la région.»
Selon elle, ces évènements constituent un excellent moyen d’établir une relation avec les auditeurs et d’amasser des fonds supplémentaires. Elle ajoute «qu’il y a environ 8 000 francophones et francophiles» potentiels à l’écoute de Nord-Ouest FM.
Alyson Roussel affirme, elle aussi, «qu’un des plus grands défis pour la radio est d’être présente pour sa communauté» lors d’évènements, alors qu’environ 18 500 personnes parlent français ou sont bilingues sur les bords du lac La Biche, région albertaine où diffuse Boréal FM.
Elle souligne que «sans les aides fédérales, la radio aurait perdu tous ses employés en 2020». Une telle catastrophe aurait pu mettre en péril ce lien communautaire très important.
La pandémie semble toucher à sa fin et les fonds d’aide vont aussi disparaitre. La générosité du gouvernement devra être remplacée par celle des communautés francophones. Les stations de radio communautaire ne pourront pas survivre sans elle.
Carole Saint-Cyr souligne que «c’est vital d’avoir une bonne programmation qui répond aux besoins de la communauté francophone». Pour ce faire, la radio communautaire doit avoir de la musique, des animateurs et des bénévoles de qualité.