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le Vendredi 23 octobre 2020 14:29 Francophonie

Comment les francophones peuvent-ils avoir l’oreille du gouvernement?

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L’Assemblée législative n’est pas nécessairement le meilleur endroit où s’adresser pour se faire entendre d’un gouvernement. — Archives Acadie Nouvelle
L’Assemblée législative n’est pas nécessairement le meilleur endroit où s’adresser pour se faire entendre d’un gouvernement.
Archives Acadie Nouvelle
INITIATIVE DE JOURNALISME LOCAL (Atlantique) – L’Assemblée législative n’est pas nécessairement le meilleur endroit où s’adresser pour se faire entendre d’un gouvernement. C’est l’une des grandes leçons qu’ont pu tirer la cinquantaine de participants du premier «Parle-Ouère» virtuel de la Société de l’Acadie Nouveau-Brunswick (SANB). L’organisme avait invité comme experte Stéphanie Chouinard, professeure en sciences politiques au Collège militaire royal du Canada et à l’Université Queen’s, à Kingston, en Ontario.
Comment les francophones peuvent-ils avoir l’oreille du gouvernement?
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La SANB avait invité comme experte Stéphanie Chouinard, professeure en sciences politiques au Collège militaire royal du Canada et à l’Université Queen’s, à Kingston, en Ontario.

Selon elle, plusieurs autres avenues sont possibles et même préférables afin d’avoir une certaine influence sur les décisions, telles que le secteur municipal, le gouvernement le plus près de la population.

Il y a de nombreuses municipalités où les Acadiens sont majoritaires et nous avons le pouvoir pour la population. Il y a aussi beaucoup de gens importants, en plus des élus provinciaux, dont les chefs de cabinet et les fonctionnaires, qui sont souvent des alliés. Et il ne faut pas oublier l’arsenal des organismes communautaires.

— Stéphanie Chouinard, invitée spéciale du Parle-Ouère

La politologue a souligné le besoin de bâtir de bonnes relations avec la fonction publique, qui est non partisane et plus permanente. C’est une relation à long terme qui évite de tout recommencer après chaque élection.

Elle estime qu’environ 10 % des décisions seulement sont prises par les ministres, ce qui serait une bonne raison, conseille-t-elle, d’avoir l’appareil gouvernemental (les fonctionnaires) de son côté.

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L’importance de la gouvernance locale

Au cours de la discussion, il a été question de l’importance de travailler avec les fonctionnaires afin qu’ils puissent mieux connaitre la communauté francophone et que les dossiers de celle-ci soient sur leurs radars.

D’autres participants ont renchéri sur le fait que c’est au niveau municipal que ça commence ; il s’agit, selon certains, d’un milieu mal connu avec lequel il faut travailler.

Puisqu’une réforme de la gouvernance locale est l’une des priorités du gouvernement provincial, certains participants ont affirmé qu’il faut s’assurer que les hauts fonctionnaires soient en contact avec la communauté francophone et réalisent qu’elle n’est pas contre eux.

D’autres ont avancé que l’un des points importants de cette réforme sera d’éviter que les régions francophones soient fusionnées à des régions anglophones. Il faut pour se faire s’assurer qu’on tienne compte des «communautés d’intérêts».

Établir des liens avec la majorité linguistique

En soulignant que le gouvernement Higgs a été reconduit sans avoir besoin des francophones, des participants ont indiqué que le jeu mathématique permettrait au pouvoir à Fredericton de faire fi des régions acadiennes.

Selon certains, il faut être en mesure de se faire comprendre par la majorité ; il y a de l’incompréhension par la majorité anglophone des défis et des raisons derrière les demandes des francophones. Il faut mieux expliquer les besoins et la réalité des francophones à la majorité, en ciblant des gens de la communauté anglophone avec qui on peut atteindre des résultats en ce sens. Il faut bien choisir le milieu et bien cibler le message.

On ne peut pas défendre le bilinguisme avec des gens qui ne veulent pas comprendre. Le lien essentiel avec les anglophones comme alliés est fondamental, ont défendu les participants du Parle-Ouère.

SANB

Outiller la population

Autre point crucial : démontrer que le bilinguisme, c’est payant!

Le point de vue économique pourrait attirer l’attention du premier ministre provincial Blaine Higgs, ont soutenu les participants.

La discussion a également abordé l’engagement des citoyens et citoyennes comme étant l’un des éléments clés pour se faire entendre du gouvernement. Cet engagement va au-delà d’aller voter, a-t-on expliqué : il faut s’assurer de bien outiller la population pour qu’elle prenne la parole, écrive des lettres d’opinions dans les journaux et cultive l’envie de faire partie d’une communauté.

Les partenariats avec les conseils d’éducation ont aussi été jugés pertinents, car ce sont souvent les parents qui montent aux barricades. Ils défendent l’article 23 de la Charte canadienne.

«On a déjà parlé d’avoir un seul conseil d’éducation au Nouveau-Brunswick et on manquerait le bateau si ça arrivait», a mentionné Paul Demers, président du Conseil d’éducation du District scolaire francophone Sud (DSFS).

Il a indiqué que des rapprochements avec les conseils d’éducation anglophones ont lieu et il s’attend à des développements de ce côté.

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Réviser la LLO provinciale

Finalement, la révision de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick, qui doit être complétée d’ici le 31 décembre 2021, a été mentionnée.

La SANB demande depuis un certain temps la création d’un comité législatif afin de mener cette révision, ce qui permettrait d’obtenir un minimum d’écoute et de discussions avec tous les partis politiques.

Selon le président de la SANB, Alexandre Doucet, ce serait aussi une belle occasion de bâtir de nouveaux ponts avec la communauté anglophone.

Colin Jolin et Peter Hominuk, respectivement président et directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ont assisté à ce forum citoyen.

Le Parle-Ouère du 21 octobre devrait être disponible en ligne sur le site de la SANB pour les deux prochaines semaines.