Les Canadiens se sont déclarés à 66 % en faveur du bilinguisme de leur État. Ils sont aussi une majorité à être d’accord à propos des bienfaits de cette politique sur l’image de leur pays (73 %) et sur son unité (54 %). Ils reconnaissent également le rôle de peuple fondateur des francophones au Canada (66 %) ainsi que la nécessité d’un premier ministre bilingue (65 %).
«Le bilinguisme est une valeur fondamentale du Canada, commente Mme Imbeault. Le pays se distingue sur la scène internationale en étant bilingue et devient un modèle pour d’autres, car il est capable de respecter ses citoyens dans leur langue.»
À l’inverse, les Canadiens sont 31 % à penser que l’anglais devrait être la seule langue officielle de leur pays. La même part de citoyens pense que le bilinguisme est nuisible. Ces proportions sont peut-être encore plus élevées dans les provinces de l’Atlantique (le groupe interrogé dans cette zone géographique est toutefois composé de 106 personnes seulement).
«J’ai l’impression que l’appui au bilinguisme a diminué au pays, avance le directeur de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, Éric Forgues. C’est à se demander si l’antibilinguisme gagne du terrain en dehors du Québec.»
Le chercheur ajoute avoir l’impression que la reconnaissance des droits linguistiques est moins perçue comme un facteur d’unité nationale. Il s’inquiète d’une possible polarisation croissante entre les tenants des valeurs progressistes et ceux des valeurs conservatrices.
«Il faut mettre en avant que le fait français peut bénéficier aux anglophones, estime le PDG du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE), Jean-Guy Bigeau. Il y a un manque de compréhension du levier économique que représente la maitrise de deux langues et la présence de deux cultures, grâce auxquelles nous pouvons faire affaire avec plus de pays.»