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le Mardi 3 Décembre 2019 13:09 Francophonie

Notre langue, mon accent! Appel à la mobilisation des jeunes contre l’insécurité linguistique

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Sue Duguay, présidente de la FJCF — Photo : avec l’autorisation de la Fédération de la jeunesse canadienne-française
Sue Duguay, présidente de la FJCF
Photo : avec l’autorisation de la Fédération de la jeunesse canadienne-française
La Fédération de la jeunesse franco-ontarienne présente le concours Notre langue, mon accent, une initiative qui vise à sensibiliser les jeunes au phénomène de l’insécurité linguistique – un obstacle que rencontrent fréquemment les jeunes francophones vivant en situation minoritaire.
Notre langue, mon accent! Appel à la mobilisation des jeunes contre l’insécurité linguistique
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Ce concours de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) compte parmi les nombreuses initiatives lancées par divers organismes dans la foulée de la mobilisation de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF).

En 2019, en collaboration avec l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) et la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE), la FJCF a mené une consultation et organisé le Symposium national sur la sécurité linguistique dont la discussion débouchera sur la création d’une stratégie nationale attendue en 2020.

Par le passé, l’ACELF et la FCE ont accueilli des conférences portant sur l’insécurité, comme le 70e congrès de l’ACELF à Calgary en 2017 et l’ouverture du Symposium francophone 2018 parrainé par la FCE à Winnipeg. 

Sue Duguay, présidente de la FJCF, décrit la démarche de l’organisme jeunesse et de ses collaborateurs comme suit : «L’idée était de recueillir les perceptions que les gens avaient d’une sécurité linguistique et de comprendre comment ils vivaient l’insécurité linguistique.»

Pour la jeune engagée, la stratégie nationale pour la sécurité linguistique devrait toucher à de principaux domaines : la sécurité linguistique dans le domaine de l’éducation et du milieu associatif, sur le marché du travail et dans la société en général.

Le concours en Ontario

Le concours de la FESFO est ouvert aux élèves qui fréquentent les écoles secondaires francophones de l’Ontario. Pour y participer, les candidats doivent soumettre une œuvre numérique originale interactive qui reflète les enjeux que pose l’insécurité linguistique. La période de soumission des candidatures se termine le 2 décembre. Les gagnants, dont les noms seront connus le 19 décembre, recevront des prix tels que des bourses d’études de 500 $ à 1 000 $ ainsi qu’une invitation aux 27es Jeux franco-ontariens qui auront lieu du 15 au 18 mai 2020 à Embrun.

Photo : avec l’autorisation de la Fédération de la jeunesse canadienne-française

L’insécurité en situation minoritaire

Certains sociolinguistes définissent deux types d’insécurité linguistique : l’insécurité intralinguistique et interlinguistique.

L’insécurité de type interlinguistique nait de l’omniprésence de la langue anglaise en Amérique du Nord. Plusieurs francophones en situation minoritaire ont souvent recours à l’anglais, ce qui influence leur français. La présidente de la FJCF a observé cette incidence. «Dans le quotidien des francophones qui vivent dans un milieu minoritaire, ne pas avoir d’occasion de parler dans un cadre de langues officielles est une cause d’insécurité linguistique.»

L’insécurité intralinguistique, elle, survient lorsque les francophones éprouvent un sentiment d’insécurité par rapport au statut de leur langue vis-à-vis un français dit standard. Yves Cormier, spécialiste en langues et auteur de Dictionnaire du français acadien, décrit ce phénomène dans un article publié en 2015 : «Le francophone canadien apprendra que son accent n’est pas correct, que le vocabulaire qu’il utilise est vieilli et chargé d’anglicismes, et que sa grammaire est truffée d’archaïsmes syntaxiques et de formulations anglaises.»

L’auteur soulève aussi la contradiction entre un tel raisonnement et le fait que tous les linguistes s’entendent pour dire que chaque région du monde à sa propre façon de parler français. Il cite par exemple le langage familier parisien qui est loin de ressembler au français dit standard.