le Samedi 13 septembre 2025
le Samedi 13 septembre 2025 6:30 Éducation

Quand l’école gratuite coute cher aux familles

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L’éducation est une compétence provinciale et territoriale, donc l’accès à l’enseignement et le cout que celui-ci accompagne varient partout au Canada.  — Photo : Pexels – Gustavo Fring
L’éducation est une compétence provinciale et territoriale, donc l’accès à l’enseignement et le cout que celui-ci accompagne varient partout au Canada.
Photo : Pexels – Gustavo Fring

FRANCOPRESSE – L’éducation publique est censée être gratuite au Canada. Mais derrière cette façade, de nombreux frais – fournitures, activités parascolaires, transport – continuent de peser lourd sur le budget des familles.

Quand l’école gratuite coute cher aux familles
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En Ontario, les parents seraient «plus chanceux que dans d’autres provinces», affirme Natasha Dubois, directrice de l’École élémentaire Micheline-Saint-Cyr, à Toronto. En effet, une ligne directrice ontarienne exige que les écoles fournissent tout matériel nécessaire à la réussite scolaire.

Le Club des petits déjeuners, fondé en 1994, vise à alléger les dépenses de repas des parents tout en garantissant un soutien au développement et à la réussite scolaire. 

Photo : Flickr – Les Éditions de l’Homme

«Tout ce que [les élèves] utilisent pour l’apprentissage en salle de classe, tout le matériel de manipulation, les papiers, les crayons, tout ce dont ils ont besoin pour apprendre à l’école est fourni par l’école», précise celle qui est aussi mère de trois enfants.

Malgré cette générosité, certaines dépenses demeurent à la charge des familles. Les parents doivent, par exemple, acheter un sac d’école, une boite à lunch et une bouteille d’eau. Les élèves doivent en outre apporter une paire de chaussures pour l’extérieur et une autre pour l’intérieur, afin de garder les lieux propres.

Pour les plus jeunes, des vêtements de rechange sont recommandés en cas de petits accidents. Enfin, les parents sont parfois responsables de la nourriture pour le diner ou payer l’adhésion à un programme de repas, s’il est offert.

Différences entre provinces

L’Ontario n’est pas la seule province plus généreuse. L’Île-du-Prince-Édouard offre aussi les fournitures gratuitement pour les élèves de la maternelle à la 9e année depuis 2022. Le Québec accorde de son côté un supplément de 124 $ à l’allocation familiale.

Cette année, le Conseil scolaire acadien provincial de la Nouvelle-Écosse a instauré des listes de matériel scolaire standardisées. L’école est responsable d’acheter le matériel pour les classes de la maternelle à la 3e année. Les parents remboursent des frais fixes à l’école.

En Alberta, depuis 2017, une loi interdit aux conseils scolaires de facturer les parents pour certaines fournitures essentielles à l’apprentissage, comme les manuels scolaires, les frais de photocopies ou d’impression.

Au Nunavut, le ministère de l’Éducation dit fournir assez de fonds aux écoles pour qu’elles fournissent le matériel scolaire de base, comme des cahiers et des crayons.

À lire ailleurs : Rentrée scolaire : repenser l’achat du matériel scolaire (Le Courrier de la Nouvelle-Écosse)

Frais «cachés»

Cette disparité s’explique par le fait que chaque province détermine elle-même sa législation scolaire ainsi que les budgets alloués à l’éducation.

Au-delà des fournitures de base, l’organisme L’Échange cœur et partage, basé à Ottawa, rappelle que l’école publique comporte des couts cachés. Les familles doivent encore payer pour «les sacs à dos, les fournitures scolaires adaptées au niveau scolaire et les repas quotidiens», détaille la directrice générale, Zuzanna Kucharski.

«De nombreux parents peinent à assumer ces couts, en raison de l’augmentation du cout de la vie et de priorités financières concurrentes telles que le loyer, l’épicerie et le transport.»

Les parents évoquent aussi des défis liés aux activités, aux collations ou encore aux sorties scolaires.

Beaucoup de familles sont «surprises de constater à quel point les couts demeurent élevés malgré la gratuité de l’enseignement», poursuit la directrice exécutive. Ces dépenses inattendues peuvent créer un stress financier considérable, même pour ceux qui pensaient bénéficier d’un système entièrement gratuit.

À lire aussi : Crise du logement au Canada : un fossé entre générations

Pour une meilleure équité

Le programme de L’Échange cœur et partage donne aux enfants les outils nécessaires pour commencer l’année scolaire du bon pied. Le fait d’avoir les mêmes fournitures que leurs camarades réduit la stigmatisation et leur permet de se concentrer sur leurs études sans inquiétude.

Aux yeux de Zuzanna Kucharski, pour une amélioration systématique du soutien aux familles, des politiques visant à réduire les couts cachés de la scolarité sont nécessaires. Elle suggère un «financement accru pour les fournitures scolaires, un meilleur accès à des services de garde abordables et un soutien renforcé en sécurité alimentaire».

De tels investissements allègeraient selon elle «la pression financière et garantiraient à chaque enfant de meilleures chances de réussite à l’école».

Des mécanismes de soutien parfois insuffisants

Au sein des écoles, Natasha Dubois explique que les familles dans le besoin sont invitées à communiquer avec la direction. L’aide est fournie de «façon très discrète». Le conseil scolaire peut notamment offrir des sacs d’école aux parents qui n’ont pas les moyens.

Natasha Dubois a entendu que certains parents en dehors de l’Ontario doivent acheter des cahiers et des crayons pour leur enfant. 

Photo : Conseil scolaire Viamonde

Des conseils d’école, composés de parents et d’autres représentants, organisent des collectes de fonds pour créer un budget afin d’acheter des fournitures pour les enfants. Des initiatives comme les friperies sont organisées, permettant à la communauté de donner et de prendre des vêtements ainsi que des chaussures.

Marie-Eve Pépin, directrice des communications du Conseil scolaire du Grand Nord, en Ontario, mentionne que ce dernier a de son côté mis sur pied CSBingo pour prélever des fonds destinés à offrir des paniers aux familles pendant le temps des Fêtes.

À travers le pays, certains conseils collaborent aussi avec des entreprises locales pour distribuer des sacs à dos ou des étuis à crayons gratuits.

Des partenariats avec des organismes communautaires offrent aux familles un accès à couts réduits, parfois gratuit, à des évènements de la communauté (spectacles, soupers, foires, rassemblements, etc.).

De plus, certaines écoles participent au programme Club des petits déjeuners, qui offre des aliments et des collations nutritives aux élèves qui n’ont pas la chance d’avoir un déjeuner à la maison.

Néanmoins, malgré ces efforts, une semaine avant la rentrée scolaire, environ 300 enfants étaient encore sur la liste d’attente de L’Échange cœur et partage, signe de besoins persistants.

À lire aussi : Alimentation scolaire au Canada : un programme fédéral insuffisant

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Déclaration sur les sources et la méthode:

Déclaration IA : Le présent article a été rédigé par une journaliste. Un outil d’intelligence artificielle a servi à la transcription des entrevues. Un autre pour la recherche sur les programmes provinciaux. Les journalistes ont révisé l’exactitude des informations utilisées.

Lê Vu Hai Huong

Journaliste junior

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