Le 28 janvier 2021 devait avoir lieu la célébration virtuelle du 60e anniversaire de l’Université Laurentienne (U/L). Je devais y participer comme conférencière, représentante des diplômés(es) des années 1960. J’avais tellement hâte de partager ma fierté, ma reconnaissance, mon enthousiasme pour mon alma mater.
Nous avons tellement de raisons d’être fiers : il ne faut qu’identifier les centaines de diplômés(es) de l’U/L qui ont connu des succès extraordinaires dans le domaine des affaires, en éducation, en santé, en politique, en recherche, en sports, en radiodiffusion, en technologie, dans le domaine culturel et judiciaire et religieux et j’en passe.
Nous avons raison d’être reconnaissants, car les professeurs nous ont transmis la soif d’apprendre, le gout de nous impliquer et un sens profond d’éthique personnelle. Notre enthousiasme est allumé à chaque fois que l’on passe du temps avec un(e) ancien(ne) collègue de l’université.
Cette célébration fut annulée à quelques semaines d’avis. J’ai compris le pourquoi le 1er février 2021 quand j’ai lu les mots «faillite de l’U/L» dans la presse écrite. Comme tout le nord de l’Ontario, comme les milliers de diplômés(es) au Canada et à l’étranger, j’ai été secouée.
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Mais surement, pas autant que vous, monsieur le Premier ministre.
Comment une université ontarienne, sous la gouvernance de votre ministre responsable des Collèges et universités peut-elle «déclarer faillite» comme si elle était une compagnie privée? Surement que les hauts fonctionnaires du ministère responsable sont en communication constante avec les collèges et universités de l’Ontario, donc au courant des défis financiers de l’U/L? Et ce depuis longtemps, car l’on sait que des pertes financières, ça s’accumule.
Alors qu’allez-vous faire, monsieur le Premier ministre? La balle est dans votre camp : allez-vous oser la prendre pour assumer la responsabilité de l’éducation postsecondaire en Ontario?
Vous pourriez créer une table de concertation, présidée par votre ministre des Collèges et Universités, où tous les joueurs, incluant l’Université Laurentienne ses collèges fédérés, les divers niveaux gouvernementaux et les parties prenantes, seraient invités à étudier les diverses options que le gouvernement de l’Ontario pourrait considérer.
Vous pourriez assurer la minorité linguistique francophone et les communautés autochtones que vous travaillez étroitement avec le gouvernement fédéral. Vous pourriez convoquer un symposium provincial pour étudier les défis que vivent tous les collèges et universités en Ontario. Nombreux sont vos outils de gouvernance.
Ou vous pourriez simplement vous taire et laisser la maison de la Laurentienne crouler. Les entrepreneurs disent que la capacité d’une maison à survivre les intempéries dépend de la force de sa fondation.
Et la fondation de la Laurentienne, ce furent ses collèges fédérés. Je me souviens de l’entente conclue en 1960 avec les pères Jésuites du Collège Sacré-Cœur, entente facilitant la Charte de l’Université de Sudbury. Cette entente «fut jugée» le 2 mai 2021 comme étant non contraignante… tout un précédent en droit contractuel, à la suite de 60 ans de vie commune…
Bonne réflexion monsieur le Premier ministre. J’espère que vous aurez le courage de vos convictions, car je suis sure que vous êtes convaincu qu’une société est aussi forte que la qualité de ses systèmes d’éducation, l’investissement dans sa jeunesse.
Respectueusement,
Hon. Marie-P. Charette-Poulin, B.A., LL.B., M.A. fière diplômée de la Laurentienne et représentante du nord de l’Ontario au Sénat du Canada de 1995 à 2015.