le Mercredi 7 mai 2025
le Vendredi 13 novembre 2020 14:23 Éducation

La santé mentale des adolescents préoccupe le personnel scolaire

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Dre Élaine Deschênes est la directrice du Centre de pédiatrie sociale du Sud-Est. — Archives Acadie Nouvelle
Dre Élaine Deschênes est la directrice du Centre de pédiatrie sociale du Sud-Est.
Archives Acadie Nouvelle
ACADIE NOUVELLE (Nouveau-Brunswick) – Quelles répercussions la pandémie de la COVID-19 a-t-elle sur la santé mentale des élèves du secondaire? La réponse est loin d’être évidente, mais la problématique est aujourd’hui au centre de l’attention du personnel scolaire et des intervenants auprès des jeunes.
La santé mentale des adolescents préoccupe le personnel scolaire
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Sur le terrain, Dre Élaine Deschênes, directrice du Centre de pédiatrie sociale du Sud-Est, s’aperçoit des impacts directs de la crise sanitaire sur une partie de sa clientèle.

Une situation plus difficile selon l’environnement des jeunes

«On a vu les comportements de plusieurs enfants se détériorer, les appels en détresse de familles vulnérables ont augmenté en raison de l’isolement», témoigne-t-elle

La pédiatre croit que l’enseignement à domicile une journée sur deux choisi par le Nouveau-Brunswick dessert les élèves moins bien épaulés par leur famille et qui n’ont pas eu droit à un départ solide dans la vie.

«Si on vient d’une famille favorisée, où l’attachement a été bien établi, où l’enfant peut s’appuyer sur un réseau de soutien, il est évident que les restrictions et le nouveau mode d’apprentissage sont beaucoup moins pesants. Si on est moins soutenu, si on vit une insécurité, si on ne se sent pas important, pas valorisé, ça devient difficile de fonctionner dans tout ce brouhaha», expose-t-elle.

«Ceux qui sont isolés et qui n’avaient comme cercle d’interaction que l’école sont laissés à eux-mêmes une journée sur deux dans un environnement peu enrichissant, peu reconnaissant. L’école t’apporte un soutien quand tu n’en as pas chez toi. Pour plusieurs enfants, c’est à l’école que se fait leur développement et non pas à la maison malheureusement.»

Comme tous les autres citoyens de la province, les adolescents ont été appelés à contribuer à la lutte contre la COVID-19 en minimisant leurs contacts sociaux, à l’école comme à l’extérieur. Or, «pour les jeunes de 12 et 18 ans, voir leurs amis dans le cadre d’activités parascolaires est essentiel à leur développement socioaffectif», souligne Richard Bérubé, psychologue basé à Grand-Sault.

Le professionnel constate une montée de l’anxiété parmi sa clientèle adolescente.

«Ça les a perturbés. On a vu certains symptômes s’accentuer. Des jeunes qui souffraient déjà d’anxiété ou de dépression risquent d’avoir des répercussions plus profondes»

— Richard Bérubé, psychologue à Grand-Sault

Un «sacrifice générationnel»

Richard Bérubé note que le confinement a parfois eu des effets néfastes sur les habitudes de vie : sommeil déficient, mauvaise alimentation, manque d’activité physique ou temps d’écran excessif.

«Ça aussi, ça peut avoir des impacts sur la détresse psychologique des jeunes, ou des impacts à plus long terme sur leur style de vie, sur leurs relations interpersonnelles», s’inquiète le psychologue.

Le mois dernier, l’Association des pédiatres du Québec s’alarmait des effets des restrictions sanitaires imposées dans la province voisine sur les adolescents, allant jusqu’à parler d’un «sacrifice générationnel».

Jenny Coulombe, psychologue employée au District scolaire francophone du Nord-Ouest dresse un constat plus positif de la situation au Nouveau-Brunswick. À ces yeux, les élèves du secondaire semblent bien s’ajuster.

«On observe une certaine résilience et de bonnes capacités d’adaptation chez la majorité de nos jeunes», affirme-t-elle. «Il n’empêche que des jeunes vivent des choses plus difficiles.»

Le confinement, qui a privé les adolescents d’un cadre scolaire et des moments de socialisation, a été éprouvant. Jenny Coulombe observe que le retour à l’école est un soulagement pour bon nombre d’entre eux. Elle reconnait toutefois que l’apprentissage hybride ne répond pas aux besoins de tous. «On est conscient que ça risque d’apporter un manque de motivation, plus de difficulté au niveau de l’apprentissage pour certains.»

Lire l’article dans son intégralité sur le site du journal Acadie Nouvelle