le Lundi 21 juillet 2025
le Lundi 21 juillet 2025 6:30 Économie et finances

«Laissez-passer Un Canada fort» : quel impact sur le tourisme francophone?

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Une personne avec un drapeau canadien sur son dos, regardant le parc national Banff, qui est le plus fréquenté au Canada.   — Photo : @andre-furtado – Pexels
Une personne avec un drapeau canadien sur son dos, regardant le parc national Banff, qui est le plus fréquenté au Canada.
Photo : @andre-furtado – Pexels
FRANCOPRESSE – Rabais VIA Rail, parcs gratuits, musées accessibles sans frais pour les enfants : le «Laissez-passer Un Canada fort», lancé par Ottawa fin juin, vise à stimuler le tourisme intérieur cet été. Mais l’initiative suscite des réactions partagées parmi des acteurs du tourisme francophone.
«Laissez-passer Un Canada fort» : quel impact sur le tourisme francophone?
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«Alors que le cout de la vie augmente, ces opportunités permettent aux familles et aux visiteurs d’explorer des endroits qui n’auraient peut-être pas été [accessibles] autrement», estime le directeur général du Conseil de développement économique de la Nouvelle-Écosse (CDÉNÉ), Mark Bannerman.

Il voit le «Laissez passer Un Canada fort» comme un levier pour valoriser la culture et le patrimoine, en créant des occasions d’apprentissage et en espérant que les visiteurs apprécient leur expérience et reviennent.

«Tout programme qui offre des laissez-passer d’entrée gratuits ou à prix réduit encouragera les visiteurs à prendre le temps et l’effort de visiter les sites touristiques francophones», estime-t-il.

Mark Bannerman conseille aux entreprises francophones de présenter des prix réduits, d’augmenter leur visibilité en ligne et de développer une visite guidée spécialisée, pour profiter de l’afflux de visiteurs cet été.

Des portes ouvertes sur la culture et la nature canadiennes

Disponible jusqu’au 2 septembre, le «Laissez passer Un Canada fort» permet d’entrer gratuitement dans les sites administrés par Parcs Canada, notamment les parcs nationaux, les aires marines et les lieux historiques. Les frais de camping dans ces sites sont également réduits de 25 %.

Par ailleurs, le 17 juillet, l’entrée est gratuite a été ajoutée pour 86 galeries et musées provinciaux et territoriaux pour les jeunes de moins de 17 ans. Les personnes âgées de 18 à 24 ans bénéficient, quant à elles, d’un rabais de 50 %.

VIA Rail propose aussi la gratuité pour les mineurs accompagnés d’un adulte et des réductions pour les 18 à 24 ans.

Une initiative pour les familles

«Pour de nombreuses familles, les couts d’entrée dans les musées ou les parcs, ainsi que les frais de transport pour s’y rendre, peuvent rapidement représenter un obstacle, surtout pendant la période estivale», fait remarquer l’attachée de presse du cabinet du ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles, Hermine Landry.

Elle donne l’exemple d’une famille de cinq personnes visitant le Musée canadien de la nature, à Ottawa. Celle-ci pourra économiser au moins 50 $ en frais d’entrée. Pour un séjour de cinq jours au Parc national Forillon, au Québec, une famille de deux adultes et deux enfants économiserait jusqu’à 135 $ grâce l’entrée gratuite et une réduction de 25 % sur le camping.

Enfin, une famille de quatre personnes faisant le trajet Montréal-Ottawa pour un weekend pourrait économiser 251 $ avec les rabais de VIA Rail.

Un moteur économique

D’après l’attachée de presse du cabinet du ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles, Hermine Landry, voyager au Canada permet de soutenir «plus de 240 000 entreprises touristiques et contribue à près de 2 millions d’emplois à travers le pays».

En 2023, les Canadiens et les Canadiennes ayant voyagé à l’intérieur du pays ont généré «plus de 95 milliards de dollars» pour l’économie, rapporte-t-elle.

Elle rappelle que les sites de Parcs Canada contribuent au maintien d’environ 40 000 emplois à l’échelle nationale, qui génèrent près de 4 milliards de dollars pour le produit intérieur brut (PIB) du pays et que les visiteurs y dépensent environ 11 millions de dollars par jour.

Le «Laissez-passer Un Canada Fort» était une promesse de Mark Carney durant sa campagne électorale. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

«Plus de services, plus de stationnement»

Malgré les objectifs du programme fédéral, certains entrepreneurs touristiques s’interrogent sur la capacité à gérer l’afflux de touristes.

Sylvie Grégoire, propriétaire du restaurant Chez François à Canmore, en Alberta, depuis 35 ans, exprime des réserves. Pour elle, ce laissez-passer semble avoir été lancé «à la dernière minute». Elle estime qu’il profitera surtout aux personnes des régions de Calgary et d’Edmonton, et non à celles qui ont déjà planifié leurs vacances et qui viennent de plus loin.

La restauratrice ne pense pas que le laissez-passer changera «grand-chose» en matière de revenus pour son entreprise, car l’été est déjà une saison touristique «tellement occupée». Elle souligne que le parc national de Banff, par exemple, est déjà très achalandé, même avant le congé d’été.

«Il y a déjà beaucoup de monde, trop de monde, on ne peut pas trouver un stationnement, même dans les stationnements qui sont gratuits», témoigne-t-elle. Elle aurait préféré que l’argent soit investi dans des places de stationnement.

Sylvie Grégoire plaide également pour la mise en place de plus de services au sein du parc national de Banff, comme des employés pour accueillir et diriger les visiteurs, car ce n’est «pas un petit parc, c’est pas un parc d’amusement».

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Lê Vu Hai Huong

Journaliste junior

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