Avec cette distinction, l’APCM souhaite saluer l’engagement de celui qui, depuis plus de 30 ans, fait rayonner la chanson franco-canadienne, notamment au micro de son émission Can-Rock : l’autoroute de la francophonie musicale canadienne.

Paul Demers était un auteur-compositeur-interprète franco-ontarien.
Le prix Bâtisseur Paul-Demers récompense une personne ayant eu une incidence durable sur l’industrie musicale par son travail et ses actions.
D’abord animateur de la discothèque mobile de ses parents, Marc Lalonde, dit «Lalonde des ondes», s’est lancé en autodidacte dans l’aventure Can-Rock en 1994, sur les ondes de CHUO FM, la radio de l’Université d’Ottawa. L’émission est aujourd’hui diffusée sur 16 stations membres de l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC).
Actuellement établi à Penetanguishene, en Ontario, Marc Lalonde collabore depuis plusieurs années avec l’APCM et a notamment contribué à l’élaboration du Gala Trille Or. Il revient sur ces trois décennies de chansons et de rencontres.
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Francopresse : Comment avez-vous réagi à l’annonce du prix Bâtisseur Paul-Demers?
Marc Lalonde : Je vais être honnête avec vous, j’ai été perplexe, dans le sens que ça m’a fait du bien; finalement on m’a reconnu à ma juste valeur, parce que ça fait 30 ans que je fais ça, avec pas une cenne dans les poches.
Mais de l’autre côté, j’étais un peu gêné, parce que la seule chose que je fais, c’est de parler d’artistes, de musiciens, puis de faire jouer leurs tounes.
Mais c’est sûr que ça fait du bien. Étant vraiment très passionné, je me demande tout le temps la même question que tout le monde se pose : «Est-ce que je vais laisser une trace? Est-ce que les gens vont se souvenir de moi?» Et puis ça, c’est une bonne façon de dire : «Bravo Marc, on apprécie ce que tu fais. Lâche pas.»
Justement, vous parlez de cette passion qui vous anime depuis plus de 30 ans pour la musique francophone. Comment est-elle née?
Chez nous, on avait une discothèque mobile et j’étais animateur. Je parlais aux gens et je les rencontrais. Ça me faisait du bien. Ç’a peut-être commencé là, mais ç’a pris du temps avant de germer comme il faut.
Après ça, quand j’ai fini mes études en cinéma à Saint-Jérôme [au nord de Montréal], je suis revenu en Ontario. Je voulais continuer à faire du cinéma ou quelque chose d’artistique. J’ai été faire de la télé communautaire à Rogers 23, à Ottawa.
Puis j’ai été invité par deux amis qui m’ont dit : «Ça te tente-tu de te joindre à une émission de cassettes de groupes de région?» J’ai dit : «Oui, sure.» Je suis arrivé au mois d’octobre, puis au mois de janvier, je me suis retrouvé tout seul.
J’avais dit à la directrice générale de CHUO de l’époque : «Je peux-tu l’essayer pour un mois, voir si j’aime ça?» Ça fait 30 ans que je le fais, donc I guess que j’aime ça.
Quels moments vous ont marqué?
Lorsque j’étais à la télévision de Rogers, je faisais partie de l’équipe de l’émission Coup d’œil avec Denis Labrèche. J’ai fait des entrevues avec des artistes qui viennent en région, les groupes de l’époque : Notre-Dame, Les Parfaits Salauds, tout ça. C’est comme ça que mon gout s’est développé.
Pis à un moment donné, j’ai participé à un tournage extérieur pour le carnaval de Casselman. Puis là je me disais : «Man, où est-ce qu’ils sont ces artistes-là, toutes les Véronic DiCaire et compagnie qui chantent super bien? C’est l’fun, c’est intéressant, mais où ce qu’ils sont ces artistes?» C’est là que je me suis mis à travailler un peu là-dessus.
Puis à mesure que les années passaient, j’ai découvert qu’il y avait beaucoup de jeunes artistes franco-ontariens : Kif-Kif, Hardis Moussaillons, Paul Demers, Serge Monette avec son groupe.
J’ai commencé à faire des entrevues à la radio pour Can-Rock avec des artistes de l’Ontario français. Pis là je me disais : «C’est-tu juste l’Ontario français parce qu’on était à côté du Québec?»
Puis à un festival franco-ontarien, il y avait, entre autres, Michel Marchildon, des Acadiens, Suroît… Je me suis dit : «Ben crime, il y a des francophones en dehors du Québec qui font de la bonne musique en français.» Donc, j’ai commencé à les chercher.
J’ai été invité à donner un grain de sel pour les Trille Or. J’ai suggéré des choses en tant qu’animateur radio; ce que j’aime entendre, ce que je pense que les gens voulaient entendre et puis c’est comme ça que s’est développé les Trille Or.
En plus de 30 ans de carrière, vous avez été témoin de l’évolution de l’industrie musicale francophone. Qu’est-ce qui a le plus changé selon vous?
C’est des milliards d’années-lumière de différence. Aujourd’hui, les jeunes sont tous équipés, ils s’entraident. Mais au début, c’était pas évident. Il fallait qu’ils aillent dans le studio, ça coutait cher.
Au début du Can-Rock, on recevait des nouveautés musicales une fois aux deux mois, trois mois peut-être.
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Êtes-vous confiant quant à l’avenir de la musique francophone canadienne? Quels défis attendent la prochaine génération d’artistes?
Je suis confiant, un petit peu, pas beaucoup. Ces derniers temps, on parlait beaucoup – à cause que Trump voulait envahir le Canada – de la culture francophone, la culture québécoise, au Québec… Oui, mais on est là [les francophones en milieu minoritaire], on est là, oubliez-nous pas!
Je suis confiant que oui, il y a des jeunes qui sont influencés par les Serge Monette, les Robert Paquette, les Céleste [Lévis] et les différents groupes d’aujourd’hui.
Les artistes qui vont dans les écoles aujourd’hui font une grosse part pour s’assurer d’un avenir possible de la musique franco-canadienne. C’est avec ces échanges-là qu’on va réussir peut-être à garder la communauté musicale franco-canadienne et à influencer les jeunes à faire de la musique en français. Je trouve ça super important.
C’est facile de faire de la musique en anglais, mais faire de la musique en français, c’est une prise de fierté, une prise de parole.
Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier d’animateur? Qu’est-ce qui vous motive à continuer, année après année?
Ce sont les rencontres et les découvertes.
[Aux Trille Or], il va y avoir des vitrines qui vont être faites avec Reney Ray, Jessy Lindsay et bien d’autres. Il y a des artistes que je n’ai pas vus depuis longtemps. J’ai hâte de voir Jocelyne Baribeau, Marie-Véronique Bourque, qui a fait un superbe album inspiré de la nature avec Christine Tassan. Ces rencontres-là, c’est le fun.
Mais aussi, je remarque qu’en nomination au gala des Trille Or cette année, il y a plusieurs artistes que je ne connais pas. Donc moi, ce qui m’excite, c’est d’aller voir ces gens-là en spectacle, puis aller les rencontrer, échanger, les encourager à continuer à faire de la musique en français.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Trille Or 2025 : une scène franco-canadienne vibrante
Les célébrations Trille Or auront lieu du 27 au 29 mai 2025, au Centre national des Arts (CNA) et ses environs, à Ottawa.
Le gala principal de cette 13e édition se tiendra le 29 mai au Studio Azrieli du CNA. Comme en 2023, la cérémonie sera animée par Éric Robitaille, animateur radio à ICI Nord de l’Ontario/Radio-Canada.
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Parmi les artistes qui reviennent le plus souvent dans les nominations cette année, on retrouve Beau Nectar, Mclean, Mehdi Cayenne et Mimi O’Bonsawin.
La scène émergente n’est pas en reste avec Flora Luna, Jessy Lindsay, Kelly Bado, Fire & Smoke et Sophie Grenier, en lice pour la Révélation de l’année.
La catégorie Coup de cœur du public regroupe 25 artistes et groupes de tout le Canada.