Cette liste, si changeante à cause du malheureux roulement de personnel inhérent à notre singularité nordique, est source d’un intérêt certain de la part des locaux enracinés ici. Qui va s’occuper de nos enfants? Y aura-t-il des atomes crochus? Est-ce que les équipes seront complètes?
Questions légitimes qui haussent le niveau de stress des parents, niveau déjà exacerbé par la pandémie et ses conséquences sur notre vie quotidienne.
Simon Nadeau, artiste de cirque et spécialiste de l’échelle acrobatique libre
Nulle envie de trouver du positif dans l’incroyable drame humain qu’est le virus de la COVID-19, mais sans lui, le chemin de Simon Nadeau n’aurait probablement pas croisé le nôtre.
Il s’agit plutôt ici d’une conséquence de la pandémie sur le monde du spectacle. En effet, puisque les rassemblements sont quasi impossibles, c’est tout son milieu de travail qui en souffre. La pause est planétaire.
C’est ainsi que l’artiste a fait contre mauvaise fortune bon cœur pour se lancer dans une aventure inspirante et s’est laissé tenter par l’appel du Nord. Il travaille maintenant au sein du service de garde de l’École des Trois-Soleils.

Un parcours atypique
Originaire de Granby, au Québec, M. Nadeau n’est pas tombé dans l’univers du cirque dès l’enfance comme plusieurs des artisans de cette discipline. Hyperactif et indécis, il s’y est lancé en fin d’adolescence à la suite d’une série d’évènements fortuits.
Un peu désabusé au secondaire, il choisit ses cours en fonction de la charge de travail. Il s’est retrouvé en art dramatique un peu par hasard et, grâce à un enseignant qui a décelé un potentiel dans son jeu physique, il y a pris gout.
Le premier spectacle fut déterminant. À l’heure des choix postsecondaires, il décide de s’inscrire à l’École nationale de cirque à Montréal après avoir vu une publicité à la télévision.
Cette école, aux cohortes fortement contingentées, reçoit quantité de demandes, mais n’entre pas qui veut. Simon Nadeau n’a probablement qu’une chance sur mille, mais il se lance dans un entrainement intensif de pushups, de cours de gymnastique et de ballet.
Quatre mois pour rattraper tous les autres. Irréaliste, vrai, il l’avoue candidement : il n’avait pas le niveau. Pourtant, on l’accepte à l’essai dans un projet pilote. Il s’entrainera avec eux pendant un an et reprendra l’entrevue à zéro pour s’inscrire l’année suivante.
Comment a-t-il réussi ce coup? Grâce à une tactique qui lui fut payante : tout miser sur une discipline hyper nichée!
Pour lui, le talent est entre les deux oreilles :
Avec la bonne attitude, tu peux réussir avec le corps que tu as. Il suffit d’être stratégique.
Et stratégique, il le sera en se lançant corps et âme dans l’échelle acrobatique libre. Ils ne seraient peut-être qu’une dizaine à haut niveau dans le monde. L’École nationale de cirque a misé sur lui, comme le fera plus tard le Cirque du Soleil qui ne possédait pas d’acrobate de son acabit dans son équipe.
L’échelle acrobatique libre?
La discipline consiste à se tenir en équilibre sur une échelle qui n’est pas appuyée sur un mur. De là, Simon Nadeau exécute pirouettes, sauts et jeux d’équilibre sur les mains avec des accessoires et des costumes.
Du haut de son perchoir, il se déplace, sautille, se balance au son de la musique dans des chorégraphies poétiques et énergiques.
Son numéro au point, il a pu le présenter un peu partout sur la planète lors de longues tournées en Amérique du Sud, en Europe et ailleurs, pour divers cirques. Depuis une dizaine d’années, il roule sa bosse et diversifie son offre en ajoutant la jonglerie, le Rola Bola, les personnages, etc.
D’autres expériences l’ont aussi marqué, comme récemment sur un bateau de croisière en Méditerranée où tout un spectacle tournait autour d’un personnage qu’il interprétait, ou lorsqu’il fut engagé pour présenter un numéro lors d’un gigantesque mariage en Inde!
Il était en résidence pour un an à Hong Kong quand la pandémie a éclaté. De retour à Montréal, il décide, avec sa conjointe, de se dépayser totalement. Ils iront là où ils trouveront un emploi, mais s’ils ont la chance, ce sera le Nord.
Fort de ses longues années à entrainer les jeunes dans l’univers du cirque, il se trouve un emploi à Iqaluit au service de garde. Exaucés, les voici parmi nous, prêts à en découdre avec l’hiver arctique. L’aventure, toujours l’aventure!
Il faut profiter de sa chance
Simon Nadeau veut vivre le Nord. Dans ses bagages, il avait son échelle, mais aussi son matériel de camping et son fusil, car il a bien l’intention d’aller chasser le phoque.
Sentir le Nord, expérimenter les blizzards, faire du traineau à chiens : il compte bien multiplier les occasions d’intégrer sa nouvelle communauté inuite. Actif, il espère aussi pouvoir joindre le club de gymnastique pour s’entrainer et partager son savoir.
Pour l’instant, il initie quelques jeunes de son groupe du service de garde aux rudiments du fil de fer et de la jonglerie, mais ce n’est qu’un début. Chose certaine, c’est un passionné de tout qui saura laisser sa marque dans la communauté!
Projets de cirque ou de théâtre? Vous pouvez contacter Simon Nadeau via courriel : [email protected].
Pour le voir en action : https://www.youtube.com/watch?v=WqYvVG06WwQ.