Le livre est en quelque sorte une autobiographie. Il a été rédigé à partir de quinze heures d’enregistrement. Parmi elles, douze heures d’entretien réalisé à la fin de 1995 dans les studios de Radio-Canada à Sudbury et qui ont servi à créer des capsules et des émissions de radio. Dans le livre, c’est le père Lemieux qui parle, puisque ce sont ses longs monologues — préparés en réponse à des questions — qui peuplent les pages et les chapitres.
Le père Lemieux y raconte sa jeunesse — ce qu’il faisait pour la première fois au moment de l’enregistrement —, ses études, ses recherches et ses convictions.
«Le père Lemieux, c’était un bonhomme qui était à l’écart des autres. C’est un bonhomme d’une grande simplicité, d’une grande naïveté, qui était, malgré ses études, un autodidacte», décrit le professeur Pichette. Un talent qui a permis au jésuite de développer son propre système de recherche et la capacité de retranscrire la musique des chansons qu’il entendait.
«Il était têtu aussi. Et ça, il faut le dire, car s’il n’avait pas été têtu, entêté, persistant, il n’aurait pas fait son œuvre.» D’ailleurs, ce n’était pas tous les jésuites qui approuvaient ses travaux. Malgré cela, l’ordre religieux l’a aussi encouragé à poursuivre.

Jean-Pierre Pichette se souvient de la première fois qu’il a vu père Germain Lemieux. Il était étudiant à l’Université Laval en 1969. Le père Lemieux vient présenter le magnétoscope portable qu’il venait d’acheter pour ses recherches. Un évènement plus important que ce que M. Pichette avait réalisé à ce moment. «Il a été, et ça je l’ai appris beaucoup plus tard, quand je suis allé en Belgique, Roger Pinon m’a dit : “Vous savez, le père Lemieux a été le premier au monde à utiliser le magnétoscope pour l’enquête folklorique, pour le patrimoine”.»
Et son équipement lui a permis de créer une collection impressionnante : 688 récits. «Les frères Grimm là, c’est 211», compare M. Pichette. «Pour le contenu, c’est l’équivalent dans le fond du travail des Grimm pour l’Ontario et l’Amérique française. Quand on va en Europe, chez les chercheurs, c’est la collection de référence pour le Canada français. Vous voyez, c’est important ce qu’il a fait.»
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