le Vendredi 18 avril 2025
le Vendredi 8 mai 2020 15:04 Arts et culture

Un premier salon du livre francophone virtuel en Ontario

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
  LubosHouska - Pixabay
LubosHouska - Pixabay
Quarante-quatre auteurs et autrices répondent virtuellement présents au Salon du livre du Grand Sudbury, et ce, jusqu’au 10 mai. L’occasion pour les lecteurs et lectrices de se faire raconter d’autres histoires que celles du coronavirus.
Un premier salon du livre francophone virtuel en Ontario
00:00 00:00

 Le conseil d’administration du Salon du livre du Grand Sudbury et sa directrice ont dû «se retourner sur un 10 cents», explique cette dernière, quand la décision a été prise de proposer une programmation alternative à défaut d’avoir des auteurs en chair et en os. Sur les 60 auteurs et autrices pressentis au départ, plus d’une quarantaine ont répondu à l’appel, y compris les invités d’honneur, dont Joséphine Bacon pour le volet «littérature autochtone».

Il a fallu faire preuve d’ingéniosité pour que tout le monde y trouve son compte. La directrice du Salon, Geneviève LeBlanc, explique que la page Facebook du Salon sert notamment pour la série Coups de cœur littéraires et pour des rencontres en direct, comme celle qui aura lieu samedi avec le poète, dramaturge, romancier et nouvelliste de l’Outaouais Stefan Psenak, également président d’honneur du Salon 2020.

On peut également retrouver, sur le site Web du Salon, une section blogue proposée par divers auteurs, avec des textes parfois loufoques ou plus sérieux, mais toujours avec l’amour des mots.

Les après-midis, toutes les heures ou presque, les amoureux des livres pourront faire la connaissance sur la page Facebook du Salon d’un auteur ou d’une autrice. Geneviève LeBlanc n’a pas non plus voulu que les enfants soient en reste : la programmation jeunesse a été maintenue.

Bien sûr, les tournées dans les écoles, qui ont lieu habituellement lors du Salon, ont été abandonnées, mais des rencontres virtuelles de 15 à 30 minutes pour des animations jeunesse ont été programmées. «Les deux conseils scolaires de la région ont maintenu leurs commandites», se réjouit la directrice tout en mentionnant que des trousses pour les enseignants ont été réalisées.

Courtoisie Geneviève LeBlanc)

S’adapter et y prendre goût

Pour les auteurs, c’est souvent aussi une première, ces rencontres virtuelles. C’est le cas pour l’invité d’honneur pour le volet «littératures LGBTQ+», Nicholas Giguère. «Lorsque Geneviève me l’a proposé, j’ai trouvé que c’était une bonne idée.»

Il a eu une première rencontre avec les lecteurs jeudi dernier. «Ça s’est bien passé devant la caméra. On finit par s’habituer, on développe des habiletés.» Certes, il croit que la distance ne peut remplacer la présence, mais celui qui publiera à l’hiver 2021 un recueil de poèmes réalisé à partir de paroles de chansons de David Bowie estime que «ça demeure crucial qu’un évènement comme le Salon du livre du Grand Sudbury ait lieu. Parce que dans les médias, actuellement, la culture, c’est 0 et une barre! On sent que les gens ont besoin d’entendre autre chose que les nouvelles actuelles», défend Nicholas Giguère.

Courtoisie Nicholas Giguère

Sensiblement le même son de cloche pour Véronique Sylvain. Originaire de Kapuskasing, l’autrice du recueil de poésie Premier quart, paru l’automne dernier aux Éditions Prise de parole, estime que même s’il peut y avoir des problèmes techniques en mode virtuel, il y a tout de même un échange avec le public. «En virtuel, les gens sont dans l’instantanéité. Ils ont une question, ils la posent tout de suite.»

D’autre part, en tant que responsable des communications et de la promotion aux Éditions David, Véronique Sylvain croit que les ventes sont peut-être plus difficiles en ce moment. Encore que les organisateurs du Salon prennent soin, après chaque activité, de mettre les liens vers les maisons d’édition des auteurs venus discuter en virtuel. «J’ai trouvé que le Salon du livre du Grand Sudbury avait fait preuve de créativité. De classe aussi envers les auteurs, en respectant les cachets. Ça montre la créativité du nord de l’Ontario!»

Mathieu Girard

Apportez votre signet… et votre vin!

Peut-être que l’édition 2020 du Salon du livre du Grand Sudbury ne rejoindra pas 10 000 personnes comme c’est le cas habituellement, mais Geneviève LeBlanc et sa petite équipe ont tout fait pour que les gens ne s’ennuient pas.

Deux exemples : samedi soir, la programmation fera place sur Zoom à un jeu littéraire avec la présentation de French Kiss Trivia. En collaboration avec le Wordstock Sudbury Literary Festival, ce l’occasion de tester, seul ou en équipe, ses connaissances littéraires.

Dimanche à midi, art culinaire et littérature seront au rendez-vous avec Monia Mazigh lors de la rencontre intitulée Le féminisme au fond de la cuisine. Pendant qu’elle va parler de son roman Farida, l’autrice montrera comment confectionner les briks tunisiens!

En poste depuis 2017, la directrice Geneviève LeBlanc constate que la pandémie vient s’ajouter à sa liste des défis annuels. Après les fermetures de la Librairie du Centre à Ottawa et Sudbury, puis la grève des enseignants, elle a hâte de pouvoir souffler un peu. Mais Geneviève LeBlanc ne s’en fait pas pour autant : «On est créatifs, on s’amuse! Le virtuel permet aussi d’avoir une visibilité à l’étranger», conclut-elle.