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le Vendredi 24 avril 2020 16:02 Arts et culture

Une nouvelle direction pour l’Alliance nationale de l’industrie musicale

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  Skitterphoto - Pixabay
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FRANCOPRESSE – Entrée en fonction le 20 avril, Clotilde Heibing succède à Benoit Henry, qui occupait le poste depuis la création de l’organisme en 2002. Française d’origine, Monctonienne d’adoption depuis 2016, l’ancienne coordonnatrice de la Stratégie de promotion des artistes acadiens sur la scène internationale (SPAASI) pour la Société nationale de l’Acadie (SNA) estime que son imposant bagage «marketing» bénéficiera aux membres.
Une nouvelle direction pour l’Alliance nationale de l’industrie musicale
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L’Alliance nationale de l’industrie musicale (ANIM) est l’organisme porte-parole de l’industrie musicale des communautés francophones et acadiennes. L’ANIM compte actuellement une quarantaine de membres — entreprises, associations et artistes. Un chiffre que Clotilde Heibing compte bien développer.

«Ce qui fait la force de l’ANIM, c’est qu’on a une vision globale de l’industrie. Il y a vraiment la volonté d’inclure tous ces alliés, parce qu’au final tout le monde fait ce métier pour voir se développer la culture et les carrières des artistes», expose la nouvelle directrice.

Courtoisie Clotilde Heibing

La «business» au premier plan

À cet effet, celle qui cumule de nombreuses années d’expérience dans le domaine du marketing, notamment à l’international et en entrepreneuriat, veut remettre au premier plan l’aspect «business» de l’ANIM.

«Pourquoi on fait tout ça au final? C’est pour que les gens aient accès à la musique! Si on perd le consommateur de vue, on perd la dimension “business” de l’industrie. Je n’ai pas honte de dire que je fais du marketing, que ma finalité c’est que l’industrie se porte bien financièrement», avance Clotilde Heibing.

Pour y arriver, l’ANIM se basera notamment sur un tout nouveau plan stratégique qui sera présenté au conseil d’administration dans deux semaines. «Il devrait être adopté à l’assemblée générale annuelle de septembre, donc à partir de là on le mettra en place. On se dirige vers des axes qui sont beaucoup dans l’action, donc je pense que ça va bien me correspondre!» prévoit la directrice générale.

Ericka Muzzo

Des membres aux quatre coins du Canada

L’ANIM ayant des membres à l’échelle du pays, Clotilde Heibing est bien consciente de l’importance de prendre en compte les réalités multiples. Même si la nouvelle directrice demeurera à Moncton, elle assure qu’il n’y a «aucune volonté de centralisation.»

«Les horaires sont différents d’un bout à l’autre du Canada, et les visions non plus ne sont pas les mêmes. Même au sein des régions de l’Acadie, les réalités sont très différentes d’une province à l’autre! C’est très important de prendre en compte la diversité des expériences : être minoritaire à Ottawa ou à Moncton, ce n’est pas du tout la même chose que quand on est dans des coins où parler français, c’est un vrai défi.»

COVID-19 oblige, l’entrée en poste de Mme Heibing s’est faite «à distance», mais l’ANIM tient tout de même des réunions hebdomadaires auxquelles se joignent une quinzaine de membres de diverses régions.

Chacun a sa voix. Il n’y a pas du tout la volonté d’avoir une seule réponse pour tout le monde ; je le vois dans les formations qu’on propose, à chaque fois c’est du sur-mesure. La solution doit venir des membres qui vont l’utiliser, et nos outils reflèteront ça.

— Clotilde Heibing, directrice de l'ANIM

«On est dans une industrie où les gens par nature sont très indépendants, parce que dans les arts et la culture on a des personnalités fortes : on a envie d’être représentés, mais on veut aussi pouvoir s’exprimer soi-même. Il faut que l’ANIM soit le vecteur de ça ; qu’on ait une voix commune, mais qui n’écrase absolument pas les voix particulières.»

Poursuite en cours contre le CRTC 

L’un des dossiers chauds des dernières années pour l’ANIM a été le dépôt, en 2013, d’une plainte auprès du Commissariat aux langues officielles (CLO) à l’encontre du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Ayant d’abord validé la plainte, le commissaire Raymond Théberge a fait volteface en 2019.

L’ANIM a alors décidé de mener la cause devant les tribunaux, où elle se trouve toujours. «Malheureusement, on n’a pas la possibilité de communiquer là-dessus. Puisque le processus est en cours, on ne peut pas le commenter. Je pense qu’il faudra attendre qu’il y ait une délibération juridique, mais ça fera l’objet d’une rencontre quand ça sera le cas, comptez sur moi!» affirme Clotilde Heibing.

Site web de l’ANIM

La problématique des revenus 

D’ici là, elle compte d’abord se pencher sur la problématique de revenus qu’elle observe chez les membres de l’organisme. «D’où vient l’argent, où va l’argent et comment on peut aider l’industrie à retrouver des revenus qui soient d’un niveau acceptable : ce sera l’un de mes premiers grands dossiers. Il faudra le faire avec créativité, en se servant de la situation actuelle pour se réinventer.»

Car elle ne doute pas que la crise de la COVID-19 aura des répercussions à court, moyen et long terme.

On verra apparaitre des consommateurs à la fois frileux et curieux de l’autre, parce qu’ils auront été confinés pendant longtemps. On aura affaire à des extrêmes et je ne crois plus que tout le monde pourra faire la même chose, on ne pourra pas donner des solutions globales : les gens qui s’en sortent le mieux aujourd’hui sont ceux qui sont très investis dans leurs particularités.

— Clotilde Heibing, directrice de l'ANIM

«Ma proposition, c’est que chacun des membres puisse vivre leur unicité et de leur donner des outils qui permettent de conserver leur essence de francophones en milieu minoritaire. Ça veut aussi dire être de plus en plus professionnels, aguerris, connaitre les outils de marketing et de mise en marché, connaitre les outils techniques puisqu’on s’en va de plus en plus vers la diffusion en continu. Il y a des compétences nouvelles à acquérir», confie la directrice de l’ANIM.

Même si elle aurait préféré arriver il y a quelques mois plutôt qu’en pleine crise, elle y voit tout de même une occasion de se réinventer, de développer et de fédérer les membres. «D’ici quelques années, j’espère vraiment qu’on sera un acteur important et même essentiel de l’industrie musicale francophone au Canada.»