«La situation actuelle de pandémie liée à la COVID-19 met en isolement de nombreux francophones et francophiles des Amériques. Durant cette période d’isolation et de distanciation physique, le Centre de la francophonie des Amériques innove». Cette innovation dont parle la présidente-directrice générale du Centre, Johanne Whittom, dans l’invitation au public, c’est la diffusion en direct de concerts 100 % Franco-Amérique.
Et pour vaincre cet isolement, Alexandre Belliard a réuni chez lui pas moins d’une dizaine de personnages historiques à l’occasion de son spectacle D’une Amérique à l’autre.
Des personnages de notre francophonie
Accompagné de son fils Loïc à la batterie, Alexandre Belliard a fait revivre avec passion des personnages que certains ont certainement dû découvrir pour la première fois. Presque autant de femmes que d’hommes avec des parcours plus grands que nature.
Marie Rollet de Québec, Marie-Anne Gaboury de l’Ouest, Émilie Tremblay du Yukon ou la prêtresse vaudou Marie Laveau de la Louisiane donnaient la réplique aux Beausoleil-Broussard, Étienne Brûlé ou encore à Mathieu Léveillé, cet homme au destin peu banal, devenu bourreau en Nouvelle-France après avoir été esclave en Martinique.
Depuis 10 ans, avec toute la québécitude qui le caractérise et souvent avec le soutien du Centre, Alexandre Belliard est allé à la rencontre des différentes communautés franco-canadiennes. Résultat : il parle avec connaissance de tous ces personnages qui le nourrissent. Il les porte littéralement en lui.
Vendredi, entre chacune de ses chansons, il a pris le temps de remettre ses personnages dans leur contexte historique et de parler des communautés d’où ils sont issus. «Avec un spectacle comme celui-là, c’est comme si je retrouvais tous ces gens que j’ai rencontrés», indique l’artiste.

Pas un spectacle ordinaire
Joint une première fois la veille de sa prestation, Alexandre Belliard disait qu’il avait davantage le trac pour un spectacle à distance qu’un spectacle sur scène, puisque personne n’est là pour s’occuper de la technique. «C’est pas mal plus de trouble!»
Cependant, samedi matin, il se disait «satisfait et content» d’avoir livré la marchandise, tout ça sans l’aide de techniciens au son ou à l’éclairage. Un spectacle sans filet en quelque sorte. Mais au bout du compte, Alexandre Belliard est d’avis que «c’était une chance exceptionnelle» que le Centre lui a donnée d’être entendu à travers les Amériques.
Rappelons que l’artiste québécois en est déjà au 6e opus de ses Légendes d’un peuple. Un 7e doit voir le jour l’automne prochain. Mais avant, dans quelques semaines, des capsules historiques D’une Amérique à l’autre seront mises en ligne par le Centre.
Du côté franco-ontarien
Lorsque joint par Francopresse, Michel Bénac de LGS était tout aussi enthousiaste que Belliard de sa participation au premier concert commandité par le Centre.
Après trois semaines à être enfermés, ma famille et moi, ça nous a permis de vivre et de faire vivre aux enfants ce moment. Ça se passait aussi dans leur maison, ce spectacle. C’était important qu’ils aient le droit d’y participer.
À partir du moment où le Centre l’a contacté, il lui aura fallu, ainsi qu’à LGS, dix jours de préproduction. Plusieurs pièces de sa maison d’Ottawa ont été mises à contribution avec différents effets sonores et lumineux. «Ce qu’on fait avec LGS, c’est de faire bouger les molécules! C’était donc important de faire passer cette énergie même à distance.»
Une motivation particulière que lui a donné l’évènement? «Oui, pour les gens qui sont anxieux de la situation actuelle.» Au cours du spectacle, il voyait d’ailleurs d’où provenaient les différentes connexions. C’était une source supplémentaire d’énergie.
Selon les chiffres du Centre, deux semaines après la présentation de On va faire la fête avec LGS, plus de 12 700 personnes avaient vu ou partagé le spectacle de Michel Bénac. Au moment d’écrire ces lignes, il était trop tôt pour connaître les chiffres concernant Alexandre Belliard.

On recommence quand?
Michel Bénac félicite d’ailleurs le Centre de la francophonie des Amériques «de donner la chance aux artistes de s’exprimer» via des performances rémunérées. «Dans le contexte actuel, nous souhaitons soutenir les artistes et leur offrons une rémunération pour leur prestation, qui est réalisée directement sur notre page Facebook et notre portail», tient à préciser la PDG du Centre.

La question que se posent plusieurs spectateurs : y aura-t-il une troisième, voire une quatrième retransmission de concerts 100 % Franco-Amérique? Pour le moment, Mme Whittom ne se compromet pas. «L’équipe du Centre fait un travail exceptionnel pour s’adapter à la situation actuelle. Nous devons évaluer si nous sommes en mesure d’en produire d’autres dans les prochaines semaines.»
D’ici là, le Centre invite les francophones des Amériques à consulter sa page d’activités en ligne pour tous pour y participer à diverses activités en ligne.
Une chose est certaine : de tels concerts, pour reprendre les paroles d’Alexandre Belliard à la fin de son spectacle de vendredi, permettent de dire aux francophones des Amériques : «Merci de porter le français».