Il faut noter son rôle exceptionnel dans la définition des droits linguistiques du public et des employés de l’appareil fédéral en vertu de la Loi sur les langues officielles (LLO) de 1969 qui, il faut bien le dire, était plutôt faiblarde.
L’expression enquête de sa propre initiative fut interprétée comme une autorisation juridique d’aller au-devant des situations potentiellement contraires aux principes de la LLO. Les vérifications, larges et englobantes, menées de sa propre initiative, firent de lui un commissaire proactif, dynamique et promoteur des droits linguistiques.
Le principe de l’égalité des deux langues officielles fut aussi interprété avec ingéniosité : la langue de travail des employés du gouvernement fédéral et la participation des membres des deux communautés de langue officielle devenaient des obligations.
Ainsi, selon certains critères, le français devenait une langue de travail au même titre que l’anglais, de même que les unilingues francophones pourraient comme les anglophones unilingues travailler pour le gouvernement fédéral.
Sans ces interprétations ingénieuses, remarquables, le travail du commissaire aux langues officielles aurait porté sur une partie importante des cas d’injustice linguistique, relevés dans les plaintes, mais l’ampleur de son travail global aurait été si étriquée que l’action aurait été très lacunaire par rapport aux problèmes qui existaient dans le réseau des organismes et ministères du gouvernement du Canada.
Rappelons que l’iniquité en matière de participation francophone et de langue de travail dans l’appareil fédéral était criante. Il fallait du courage pour s’attaquer à ces volets des problèmes. Honneur au mérite.
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[1] Breton, Yves, Drôle de vie que voilà! Pulsions – Récit historique et biographique, Vermillon, Ottawa, 2014