La désacralisation de l’église Saint-Bernard, située à la Baie-Sainte-Marie, marque l’ajout d’une autre église à la liste des nombreuses bâtisses ne servant plus de lieu de culte. Au début juin, l’Université Sainte-Anne avait annoncé que la chapelle du campus de Pointe-de-L’Église, à peine à 15 minutes de route de l’ancienne paroisse, deviendrait prochainement un amphithéâtre pour y organiser des spectacles et des conférences.

Jean LeBlanc, président de la Société Héritage Saint-Bernard.
D’après Jean LeBlanc, président de la Société Héritage Saint-Bernard, la perte de l’emprise de la religion catholique est l’un des principaux facteurs expliquant le sort de l’église. «C’est une tendance mondiale que dans les pays développés, de nombreuses religions traditionnelles ont vu le nombre de leurs fidèles décliner rapidement ces dernières années, explique celui qui connait bien la communauté qui de Saint-Bernard. Il n’y a tout simplement pas le nombre de paroissiens suffisant pour entretenir une telle structure.»
Selon une étude de 2019 de Statistique Canada, 54 % des Canadiens accordaient une importance à la religion ou la spiritualité, soit 17 % de moins qu’en 2003. De plus, 30 % des personnes sondées ont affirmé avoir participé à une activité religieuse ou spirituelle au moins une fois par semaine, ce qui représente une baisse de 16 % comparativement à l’année 2006.
Être religieux, sans l’église
Christopher Helland, professeur agrégé en sociologie de la religion à l’Université Dalhousie, explique que la foi et les croyances religieuses demeurent, en dépit des changements du 21e siècle.

Christopher Helland
Selon lui, de nos jours, les gens sont plus portés à pratiquer la religion en dehors des institutions qui avaient autrefois plus de contrôle sur leurs comportements. «Ces institutions ont tranquillement perdu beaucoup de leur pouvoir ou leur influence, rapporte M. Helland. Ça ne veut pas dire qu’elles sont en train de disparaitre non plus. Ça veut juste dire que les gens ne vont peut-être pas se tourner vers l’Église pour obtenir des réponses.»
Le chercheur fait remarquer que diverses sociétés à travers le monde ont encore besoin d’autorités religieuses pour veiller sur des cérémonies liées au mariage, aux funérailles et aux rites de passage. Or, avec les changements causés par Internet, les gens ont maintenant accès à un nombre illimité de groupes en ligne et à une multitude d’informations, ce qui est en train de changer radicalement la manière d’être religieux, poursuit-il.
Donner une nouvelle vie à l’église de Saint-Bernard
La construction gothique de 65 mètres de long, 28 mètres de large et 21,5 mètres en hauteur située au cœur du village de Saint-Bernard était autrefois un endroit très fréquenté. Mme LeBlanc raconte que, lorsqu’il était jeune, les familles étaient plus nombreuses et il y avait plus d’activités économiques dans la communauté, attirant ainsi plus de pratiquants.
L’église Saint-Bernard a joué un rôle important dans le parcours de Jean LeBlanc. «J’ai un attachement émotionnel [à l’église], mais en même temps, il faut reconnaitre que ce n’est plus une église et il faut faire quelque chose avec», dit-il.
La Société Héritage Saint-Bernard se penche sur diverses options de conversion de l’église, dont la transformation en édifice à logements ou en locaux communautaires. «À l’heure actuelle, la solution financière la plus réalisable semble être un certain type de logement, d’appartements, de condos, etc.», précise Jean LeBlanc, ajoutant que c’est l’Archidiocèse d’Halifax-Yarmouth aura le dernier mot sur la décision concernant une telle transformation.