le Dimanche 20 avril 2025
le Dimanche 20 février 2022 13:00 Actualité

Un rapport propose d’éliminer l’immersion française au Nouveau-Brunswick

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Les commissaires Yvette Finn et John McLaughlin proposent un nouveau programme pour uniformiser l’apprentissage du français chez les élèves anglophones.  — Photo : Jeswin Thomas – Unsplash
Les commissaires Yvette Finn et John McLaughlin proposent un nouveau programme pour uniformiser l’apprentissage du français chez les élèves anglophones.
Photo : Jeswin Thomas – Unsplash
ACADIE NOUVELLE (Nouveau-Brunswick) – Les commissaires chargés de la révision de la Loi provinciale sur les langues officielles ont mené à terme la tâche que leur avait confiée par le premier ministre Blaine Higgs, soit celle de trouver le moyen d’améliorer l’apprentissage du français chez les anglophones.
Un rapport propose d’éliminer l’immersion française au Nouveau-Brunswick
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Les commissaires Yvette Finn et John McLaughlin proposent un nouveau programme pour uniformiser l’apprentissage du français chez les élèves anglophones.

Le système actuel divise les élèves entre ceux qui participent au programme d’immersion en français et ceux qui sont inscrits au programme «English Prime», qui assure un enseignement principalement en anglais.

L’immersion française fonctionne, mais le niveau de compétence en français que les élèves doivent atteindre est «déraisonnable», selon les commissaires.

Malgré tout, plus de 90 % des élèves en immersion arrivent à maitriser suffisamment le français pour tenir une conversation, d’après John McLaughlin.

La commissaire Yvette Finn.

Source : Twitter AJEFA

Toutefois, peu d’élèves anglophones atteignent un tel niveau de français puisque 60 % d’entre eux ne sont pas inscrits à l’immersion et qu’environ 20 % de ceux qui y sont inscrits abandonnent ce programme avant la 12e année.

La plupart des élèves participent plutôt à un programme principalement en anglais, et ont globalement des compétences en français «extrêmement faibles».

Presque tous les élèves ayant des troubles d’apprentissage ou de comportement y sont également inscrits, et le nombre d’élèves ayant des besoins plus grands dans ce programme est disproportionné.

Il y a donc un «sérieux problème» de composition des classes qui crée un déséquilibre, selon les commissaires.

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Une nouvelle approche proposée

«Le Nouveau-Brunswick a besoin d’un programme d’études de français langue seconde rigoureux, authentique et engageant pour tous les élèves du secteur anglophone», précise le rapport des commissaires.

Selon eux, il faudrait donc éliminer le modèle actuel qui sépare l’immersion et le programme d’enseignement principalement en anglais.

Les commissaires prônent plutôt une approche «immersive» commune pour tous les élèves anglophones.

Ce nouveau modèle prévoit moins de temps d’étude du français que le programme d’immersion actuel, mais il offrirait un apprentissage «prolongé et intensif» de la langue seconde. Il permettrait aussi à davantage d’élèves d’arriver à maitriser le français.

Un cadre à adopter sans tarder

Le commissaire John McLaughlin.

Photo : Site Web EdCan Network

John McLaughlin et Yvette Finn déconseillent d’opérer des changements brusques dans le système d’éducation pour éviter de le déstabiliser, surtout que la pandémie complique toujours la vie quotidienne dans ce secteur.

Ils veulent toutefois que les élus et les dirigeants du secteur de l’éducation s’attaquent «immédiatement» à combler l’écart entre les groupes d’immersion et le reste des élèves, sans toutefois perturber le système.

«Il s’agit en effet d’un équilibre délicat, mais qui doit être atteint si l’on veut faire les choses correctement», admettent les commissaires.

Ils proposent également au gouvernement de choisir une mesure uniforme du niveau de compétences linguistiques. Il existe actuellement plusieurs échelles pour évaluer cette compétence, ce qui crée de la confusion, d’après eux.

Les commissaires suggèrent l’adoption du Cadre européen commun de référence pour les langues, qui décrit la compétence en langue seconde pour l’écriture, l’expression orale et la compréhension orale et écrite.

Une pénurie d’enseignants

Il y a une pénurie d’enseignants francophones au Nouveau-Brunswick, aussi bien dans les districts scolaires francophones qu’anglophones. Il est donc difficile de doter les programmes d’enseignement en langue seconde.

Les commissaires proposent d’encourager les études postsecondaires en enseignement et d’ouvrir davantage de places dans les programmes de formation dans ce domaine, particulièrement en français.

Une autre partie de la solution, selon John McLaughlin, serait d’offrir une formation aux enseignants qui sont déjà dans le domaine de l’éducation et qui veulent atteindre un niveau de français suffisant pour donner des cours de français langue seconde.

«Mais je ne dis pas que c’est chose facile, et je pense qu’un effort pour augmenter le nombre d’enseignants francophones dans les deux secteurs doit faire partie du plan du gouvernement», souligne John McLaughlin.

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Des améliorations pour le secteur francophone

Bien que la plupart des recommandations portent sur les enjeux du secteur d’éducation anglophone, le rapport des commissaires propose également quelques améliorations à apporter au secteur francophone.

Il recommande notamment davantage de ressources pour offrir des activités de francisation aux élèves de la maternelle à la 12e année qui ont besoin de soutien en français.

Il s’agit entre autres d’activités en classe ou en famille pour solidifier les compétences en français.

Les besoins ne cessent de croitre dans certaines régions en raison de l’augmentation du nombre de familles exogames et de nouveaux arrivants, d’après les commissaires.

«On peut apprendre une langue, le vocabulaire et l’écriture, mais on ne va nulle part à moins d’avoir l’opportunité de pratiquer cette langue», explique la commissaire Yvette Finn.

Elle ajoute que «dans le rapport, on indique qu’il faut créer […] des activités pédagogiques qui auront comme objectif de placer des gens qui apprennent une deuxième langue dans une situation où ils vont pouvoir parler [dans cette langue]».