Sur le plan mondial, le plus grand problème est, bien sûr, celui des inégalités économiques. Remarquez que ce sont les pays riches — Grande-Bretagne, États-Unis, Canada entre autres — qui ont reçu les premières doses de vaccins.
Ces inégalités posent de sérieux problèmes quant à l’éradication du virus. Par exemple, est-ce que les pays qui n’obtiennent pas un nombre suffisant de vaccins continueront à infecter le monde? Voilà qui souligne la nécessité d’une collaboration internationale.
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Même les pays riches qui peuvent se permettre des campagnes de vaccination font face à leur lot de défis. Prenons le Canada en exemple : les autorités sanitaires canadiennes font présentement face à deux problèmes importants, soit la logistique que sous-tend la distribution d’un vaccin qui nécessite deux doses pour être entièrement efficace et le scepticisme de certains Canadiens face à un vaccin créé en temps record selon une méthode qui n’a jamais été utilisée auparavant.
Et c’est sans parler de la vaste étendue du pays et du défi de coordination entre une quinzaine d’autorités médicales provinciales et territoriales.
Beaucoup de récalcitrants
Prenons d’abord la logistique. C’est peut-être le problème le plus facile à régler.
Le gouvernement fédéral et les provinces semblent s’être entendus pour remettre ce défi aux militaires. Ces derniers sont entrainés et habitués à relever des défis logistiques compliqués.
Si on se fie à la première livraison de vaccin, ils semblent avoir réussi, en peu de temps, à monter un système de distribution adéquat. Il y aura certainement des ratés, mais dans l’ensemble, ça devrait marcher.
Le deuxième problème, la réticence de certains Canadiens à la vaccination en générale et à ce nouveau vaccin en particulier, sera le défi le plus important.
On dit qu’il faut que plus de 70 % de la population soit inoculée si on veut atteindre l’immunité de groupe [herd immunity]. Or, les plus récents sondages indiquent que nous n’en sommes pas encore là. Au début décembre, une étude Ipsos-Radio-Canada rapportait que seulement 40% des répondants veulent se faire vacciner; 23% indiquent qu’ils se feront «probablement» vacciner, 21% se disent incertains et 16% répondent carrément non.
«Probablement», ça veut d’habitude dire, «p’t’être ben qu’oui, p’t’être ben qu’non». Il nous faut donc encore convaincre une partie de ce groupe, plus les 37% de récalcitrants. Toute une job!
Sérieux et transparence
Il existe cependant des moyens. Le premier est la transparence, qui seule peut instaurer la confiance.
Santé Canada a déjà expliqué en long et en large les protocoles suivis par ses scientifiques qui ont approuvé le vaccin. C’est un bon début.
L’organisme national a aussi émis un avertissement aux personnes souffrant de graves allergies qui pourraient développer des réactions négatives au vaccin. Pour s’assurer que ce message soit bien compris, les autorités ont même publié la liste des ingrédients qui entrent dans la fabrication du vaccin.
Le gouvernement devrait cependant aller plus loin, car certaines personnes peuvent subir des effets indésirables graves après la vaccination. Pour le vaccin contre la COVID-19, ce nombre est estimé à 0,1 sur 100 000 doses administrées, soit quelque 25 Canadiens.
Le problème est que, contrairement à plusieurs pays qui jouissent d’un régime de santé public, le Canada n’a pas de programme de compensation pour les victimes de tels effets indésirables graves. Celles-ci doivent se fier aux tribunaux pour obtenir une compensation.
S’il veut vraiment démontrer son sérieux et gagner la confiance de la population, le gouvernement canadien devrait instaurer un tel programme pour le vaccin contre le coronavirus.