le Dimanche 27 avril 2025
le Vendredi 6 novembre 2020 14:08 Actualité

La lutte antiraciste n’est pas un Google Home

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
« Avant de penser à sa place dans cette lutte, il faut reconnaitre les enjeux et les outils nécessaires pour combattre ce monstre qu’est le racisme», écrit notre chroniqueuse Paige Galette. — Patrick Behn – Pixabay
« Avant de penser à sa place dans cette lutte, il faut reconnaitre les enjeux et les outils nécessaires pour combattre ce monstre qu’est le racisme», écrit notre chroniqueuse Paige Galette.
Patrick Behn – Pixabay
FRANCOPRESSE – Souvent, quand j’anime des ateliers portant sur la lutte antiraciste, on me demande «mais où est ma place, en tant qu’allié.e?». Alors que je prépare ma réponse, je vois et ressens le désespoir de ceux et celles qui ne veulent que bien faire, mais qui cherchent une réponse courte et simple.
La lutte antiraciste n’est pas un Google Home
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C’est normal… Regardez dans quel monde nous vivons! Nos téléphones requièrent maintenant qu’on pèse sur une seule touche, et hop! Sur commande, ils se mettent à la tâche. De même pour les appareils tels que Google Home ; toute notre routine est programmée par la commande vocale «Ok, Google».

Mais la lutte antiraciste… c’est n’est pas un Google Home!

Reconnaitre les enjeux

On peut reconnaitre que la colonisation a eu de nombreux impacts négatifs sur les peuples des Premières Nations, Métis et Inuit.

Pourtant, on en parle généralement très peu, sauf quand des cas épouvantables font les manchettes : Colton Boushie, Tina Fontaine et plus récemment Joyce Echaquan, femme atikamekw ayant perdu la vie dans un hôpital de Joliette, au Québec, après avoir enregistré avec son téléphone les propos racistes tenus par des infirmières.

Pourquoi faut-il perdre une vie pour enfin passer à la conversation et à l’action?

Avant de penser à sa place dans cette lutte, il faut reconnaitre les enjeux et les outils nécessaires pour combattre ce monstre qu’est le racisme.

— Paige Galette, chroniqueuse Francopresse

Pour y arriver, il faut passer à l’action, changer le statuquo et toujours être à l’affut des dernières actualités.

Les pièges à éviter

Nous tenons à être antiracistes dans le but de créer un monde plus juste et d’atteindre le progrès social.

Être antiraciste, ça signifie souvent de donner sa place aux autres : aux personnes noires, autochtones et racialisées. Aux voix marginalisées.

C’est partager ou laisser le pouvoir entre leurs mains.

Je pense ici à la notion de «par et pour», souvent utilisée dans les milieux francophones hors Québec : l’importance de créer des organismes et des institutions gérées par les francophones, pour les francophones, afin de répondre adéquatement à leurs besoins.

Car malheureusement, les minorités sont souvent oubliées dans les décisions prises par la majorité.

Il en va de même pour la lutte antiraciste : les personnes racialisées ont besoin de se créer des espaces, gérés et conçus par elles pour pouvoir répondre à leurs besoins spécifiques, sans jugement ni changement de comportement pour le confort d’autrui.

— Paige Galette, chroniqueuse Francopresse

Être antiraciste c’est aussi de ne pas tomber dans le tokénisme ; par exemple, un milieu de travail embauche quelques personnes racialisées et se dit fièrement inclusif. Bravo, super!

Mais quand on visite leur site Web, on remarque qu’en haut de l’échelle salariale et hiérarchique, il n’y a que des personnes blanches.

Dans de tels cas, les personnes racialisées se voient attribuer des tâches de labeur, tandis que le pouvoir est maintenu au sommet, entre les mains de dirigeants blancs. Bien que des efforts aient été faits pour atteindre un certain niveau de diversité, l’inclusion et l’équité n’y sont pas, de sorte que le racisme systémique aura toujours sa place et ne sera pas démantelé.

Vous voulez contribuer à la lutte antiraciale? Ne gardez pas le monopole du pouvoir et du discours! Nous aussi, personnes noires et racialisées, nous faisons de très bons leadeurs et avons de bonnes idées visionnaires. Faites-nous confiance!

Faites vos recherches!

Ce qui m’amène à mon dernier point : éduquez-vous!

Si vous êtes en mesure de faire une recherche Google pour savoir combien il y a de nouveaux cas de COVID-19 dans votre région, une recherche sur «comment lutter contre le racisme» vous est sans doute aussi accessible!

De nos jours, nous avons la chance d’avoir des livres tels que 11 brefs essais contre le racisme (Zaazaa, Nadeau), Until We Are Free : Reflections on Black Lives Matter in Canada (Diverlus, Hudson, Ware) et Policing Black Lives (Maynard), des films, des baladodiffusions et même des jeux pour enfants à n’en plus finir qui nous apprennent comment être de bons alliés.

Peu importe votre préférence en apprentissage, les ressources sont là, à votre disposition.

Enfin, la place des allié.es n’est pas statique. Une fois que vous êtes considéré.e «allié.e», vous êtes enfin prêt.e à débuter le «vrai de vrai» travail.

Parce qu’en tant que personnes racialisées, ce n’est pas d’une panoplie d’allié.e.s dont nous avons besoin, mais bien de combattant.es, prêt.es à l’action!

Paige Galette est activiste et éducatrice communautaire sur l’antiracisme et la lutte contre les oppressions, à l’échelle nationale. Son chapitre From Cheechako to Sourdough : Reflections on Northern Living and Surviving while being Black se retrouve dans le livre Until We Are Free : Reflections on Black Lives Matter in Canada (Diverlus, Hudson, Ware).