le Samedi 3 mai 2025
le Mardi 27 octobre 2020 12:45 Actualité

De vilains gouvernements

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Sous couvert de la crise sanitaire, nos gouvernements aussi nous jouent des tours, écrit le chroniqueur Francopresse Réjean Grenier. — Émilie Pelletier – Archives Le Droit
Sous couvert de la crise sanitaire, nos gouvernements aussi nous jouent des tours, écrit le chroniqueur Francopresse Réjean Grenier.
Émilie Pelletier – Archives Le Droit
FRANCOPRESSE – «Petit vilain», c’est ce que me dit en riant ma petite-fille de quatre ans quand je lui joue des tours. De plus en plus, je trouve que ce mot décrit bien nos gouvernements en temps de pandémie. Parce que, sous couvert de la crise sanitaire, eux aussi nous jouent des tours.
De vilains gouvernements
00:00 00:00

Je précise ici que je ne parle pas des mesures sanitaires comme le confinement ou le port du masque qu’ils nous imposent. Je comprends que, périodiquement, ces mesures puissent être nécessaires pour contrôler la propagation du virus et empêcher notre système de santé de crouler sous un nombre effarant de cas.

Non, je parle plutôt de ces gouvernements qui glissent toutes sortes de règlements qui n’ont rien à voir dans des lois omnibus supposément liées à la COVID-19.

Ou encore, qui déclenchent des élections en pleine pandémie juste parce qu’ils veulent une majorité parlementaire. Allo, le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique!

Se donner du pouvoir en pandémie

En ce lundi 26 octobre, alors que j’écris ces lignes, les électeurs de la Saskatchewan vont aussi aux urnes, mais la situation est différente dans cette province ; quatre ans après la dernière élection, le scrutin de cette année était prévu et le premier ministre, Scott Moe, jouissait déjà d’une majorité.

La situation était bien différente au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique. Les gouvernements du conservateur Blaine Higgs et du néodémocrate John Horgan gouvernaient sur le fil du rasoir, mais ils réussissaient quand même à gouverner en travaillant avec les autres partis.

Certains diront même que ce gouvernement, par compromis, est plus démocratique. Mais je laisserai cette question à d’autres.

Ce qui m’achale dans ces élections, c’est de voir comment des premiers ministres ont instrumentalisé la pandémie pour obtenir plus de pouvoir.

— Réjean Grenier, chroniqueur Francopresse

Il est clair que de lancer une élection, alors que la population est avide de normalité, est gage de majorité. L’électeur se dit : «au moins, le gouvernement sera stable» et pouf! Les jeux sont faits. Un petit peu sournois, non?

Projets de lois omnibus

Il n’y a pas que les élections opportunistes qui me hérissent. En Ontario, on voit le gouvernement conservateur de Doug Ford glisser subrepticement dans des lois omnibus liées à la pandémie toutes sortes de lois qui n’ont aucun rapport, comme de modifier la Loi sur les élections municipales.

Ou une loi qui rend presque impossibles les poursuites judiciaires contre le gouvernement. Pire, le gouvernement propose d’appliquer cette loi aux résidences de soins de longue durée où plus de 2 000 ainés sont décédés depuis le début de la pandémie ; que la plupart de ces maisons appartiennent ou soient dirigées par des amis conservateurs n’a rien à voir, diront certains.

Pendant ce temps, au Québec, toute la classe politique préfère se prononcer sur la controverse au sujet d’un mot-dynamite soulevée à l’Université d’Ottawa — en Ontario — parce qu’elle ne sait plus sur quel pied danser alors que le nombre de cas de COVID-19 atteint des sommets inégalés.

La situation n’est pas beaucoup mieux à Ottawa. On y voit l’opposition conservatrice pousser l’idée d’une vaste enquête sur les liens du premier ministre Trudeau avec l’organisme caritatif Unis (WE), alors que les sondages démontrent que la vaste majorité des Canadiens s’en fiche.

En réponse, le gouvernement décide d’en faire une question de confiance et menace ainsi de déclencher une élection dont personne ne veut. De la ben petite politique.

Je sais bien que toute politique est une quête de pouvoir. Je comprends aussi qu’après une dizaine de mois de lutte à la pandémie, il est probable que nos leadeurs s’essoufflent.

Mais il me semble que ce n’est pas le temps de nous jouer des tours.