Une de ses conclusions se lit comme suit : «Le ministère ne gère pas efficacement le placement et les soins des enfants sous leur garde dans les foyers de groupe et les placements spécialisés.» La situation est importante, selon madame MacPherson, parce que «des soins inadéquats peuvent avoir des conséquences désastreuses, contribuant aux tentatives de suicide, aux dépendances, aux problèmes de santé mentale à long terme et à l’itinérance.»
Le rapport nous apprend que de plus en plus de très jeunes enfants sont placés dans des foyers de groupe, y compris des enfants de moins de cinq ans. Comment cela est-il possible? En fait, le nombre de familles d’accueil a diminué de 30 % depuis 2014. Une mère nourricière qui accueille des enfants depuis plus de 20 ans nous disait que la diminution est bien plus grande si on regarde sur une plus longue période.
Des enfants pris en charge sont donc placés là où il y a de l’espace. De toute évidence, cela veut dire qu’ils se trouvent dans des foyers de groupes, avec des jeunes plus âgés, qui ont des besoins de plus en plus complexes. Les couts y sont 17 fois plus élevés, en moyenne!
Un exploitant de foyer nous expliquait que la qualité des services se détériore tout simplement parce qu’on arrive mal à recruter du personnel d’expérience et qui veut rester dans le secteur. Comme résultat, les incidents «malheureux» sont à la hausse et il y a un plus grand roulement des employés. Aussi, on remarque que les enfants arrivent plus jeunes et restent plus longtemps, souvent jusqu’à l’âge de la majorité.
La vérificatrice ajoute que les plans de soins des enfants «ne répondent pas aux normes», qu’il faut améliorer les normes et que la surveillance des foyers et placements spécialisés fait défaut.
Franchement, c’est choquant. Pourtant, c’est une crise qu’on voit venir depuis longtemps. Des gouvernements successifs remettent à plus tard, déclarant que la province est pauvre mais qu’il faut faire mieux. L’abcès crève aux yeux à ceux et celles qui veulent regarder, en attendant le prochain rapport.
Nous pourrions nous croire à l’époque des orphelinats. Il est inimaginable qu’un enfant de moins de cinq ans puisse développer l’attachement dont il ou elle a besoin dans un foyer de groupe. Madame MacPherson a raison de dire que les conséquences sont «désastreuses».
Oui, nous devons faire mieux.