L’idée est née en 2014 de la passion d’un jeune Torontois, Jesse Hildebrand, diplômé en écologie. «J’ai toujours eu une fascination pour la science. Quand j’étais petit, j’adorais David Attenborough et Steve Irwin. Je voulais faire en sorte que d’autres Canadiens puissent connaitre le même genre d’expériences.» Et le pari semble plutôt fonctionner avec plus de 850 activités dans 200 villes au pays l’an dernier.
Soirées d’astronomie, démonstrations de chimie, visites de laboratoires… Les centaines d’organismes participants ne manquent pas d’idées. À la bibliothèque publique de Fredericton, une vingtaine d’enfants suivent même un programme d’éducation scientifique en pyjamas. Un autre jour, ils construisent leur propre robot. «Nous avons plein d’activités amusantes, créatives et éducatives pour faire de l’instruction autour de la science», indique Rose Morton, aide-bibliothécaire.
Les activités se font en association avec tout un monde de passionnés : des organismes tels que Labos Créatifs et Science East dont le mandat est d’offrir des programmes gratuits aux plus jeunes, des agences gouvernementales comme Parcs Canada, ou des institutions comme l’Université de Fredericton. «C’est tellement important que les enfants aient la chance d’avoir accès à des activités de ce genre gratuitement, pour avoir les mêmes chances à l’école», relève l’accompagnatrice.
Lire la science, partout où elle se trouve
L’un des moments forts de la semaine de la culture scientifique est la journée «Je lis la science» du mercredi 18 septembre. Un grand concours avec 4500 $ à la clé auquel 37 000 lecteurs et 1200 écoles ont participé en 2018 : «Ça connait un grand succès, les gens embarquent à fond dans le mouvement», se réjouit Julie Champagne, journaliste et coordonnatrice marketing aux magazines jeunesse Curium, Les Débrouillards et Les Explorateurs. L’an dernier, le mouvement pouvait compter sur le soutien d’ambassadeurs illustres tels que l’astronome David Saint-Jacques.
L’idée est de montrer que la science ne se trouve pas que dans les manuels scolaires. «Les ouvrages scientifiques prennent une foule de formes : bandes dessinées, magazines, livres d’expérience, de science-fiction, romans… C’est super accessible», soulève la coordonnatrice. En outre, tout se fait sur support papier, un pari ambitieux à l’ère du numérique. «Nos magazines n’ont jamais aussi bien marché. Les jeunes demandent le papier», constate-t-elle avec joie.
À Regina, l’école St Elizabeth fait partie des centaines d’établissements à avoir adopté ce moment de lecture scientifique. «Les élèves peuvent voir que les sciences sont partout», résume Meagan Cruickshank, enseignante en sciences en 6e et 7e année. Les magazines Les Débrouillards et Okapi remportent un vif succès. «C’est toujours un de nos buts comme enseignante en immersion de donner la chance aux enfants de lire en français des choses intéressantes», ajoute la pédagogue qui espère ainsi faire naitre des vocations.
Sensibiliser aux enjeux actuels
Le thème retenu cette année est celui des océans. Réchauffement, montée des eaux, précarité des écosystèmes… Le Canada est particulièrement concerné, bordé par l’Atlantique, le Pacifique et l’Arctique. Le rapport sur le climat changeant alertait en avril 2019 des dangers de l’acidification des eaux, du risque croissant d’inondations côtières et du réchauffement deux fois plus rapide du pays que de celui du reste du monde.
La semaine permet ainsi de sensibiliser le public à ces défis. «Pour comprendre le monde qui nous entoure, pour construire un avenir meilleur, on n’a plus le choix de nos jours que de nourrir notre culture scientifique : prendre l’habitude de développer ses capacités d’analyse, son sens de l’observation, être prêt à changer son point de vue en présence de nouveaux faits. De nos jours, tout ça est en danger avec la montée des fake news», commente Christian Riel, directeur des communications au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), partenaire depuis 2016 de l’évènement.
Au-delà du savoir, la Semaine de la culture scientifique jouerait donc un rôle sociétal. «La science renforce tout ce que nous faisons, des communications à la santé, en passant par les transports, le changement climatique et l’alimentation. Comprendre les bases scientifiques de ces sujets équipe les gens et les aide à prendre des décisions éclairées qui peuvent impacter radicalement leur vie», conclut son fondateur Jesse Hildebrand.