Avant d’explorer l’Ile, pourquoi ne pas se munir du tout nouvel ouvrage de l’historien Georges Arsenault, Histoire illustrée de l’Acadie de l’Île-du-Prince-Édouard? Bien que de l’aveu même de l’auteur «le livre n’a pas été écrit comme un guide touristique historique», il aidera certainement «le visiteur à comprendre l’évolution et la situation actuelle de la communauté acadienne insulaire.» Agrémenté de cartes géographiques, celles-ci «servent à illustrer principalement les lieux où les Acadiens habitaient au cours des siècles.»
Avec ses quelque 5000 francophones, la communauté acadienne représente 13 % de la population. Elle se retrouve principalement dans trois régions : à l’ouest dans la municipalité d’Évangéline (comté de Prince), à Charlottetown (comté de Queen’s), et vers Souris, à l’est complètement. Mais comme le mentionne Georges Arsenault, c’est le quart de la population insulaire qui est d’origine acadienne, puisqu’au fil des ans certains «Poirier, Daigle, Maillet, Bourque, Pitre et Aucoin se sont transformés en Perry, Deagle, Myers, Burke, Peters et Wedge».
60 ans de tourisme acadien
Toujours selon l’historien acadien, «il y a eu un début de promotion de tourisme acadien à l’Ile dans les années 1960-1970, principalement dans la région Évangéline.» M. Arsenault rappelle la construction en 1967 du Village des pionniers acadiens à Mont-Carmel. Aujourd’hui fermé, il comprenait même le restaurant Étoile de mer, «le premier restaurant aux Maritimes à se spécialiser dans la cuisine traditionnelle acadienne».
Il ajoute que l’Association touristique Évangéline date de 1970 et qu’à la fin des années 1970, la Société Saint-Thomas-d’Aquin (SSTA) faisait «des démarches auprès du gouvernement de la province pour qu’il fasse la promotion touristique des régions acadiennes.» Ça n’a pas arrêté depuis.
Outre ses plages, ses restaurants de fruits de mer, la pêche aux palourdes, il y a certains attraits quasi obligatoires dans le tour de l’Ile, comme dirait le grand Félix Leclerc.
Les maisons de bouteilles
Plus de 25 000 bouteilles de verre recyclées avec des couleurs variées. C’est la quantité dont a eu besoin Édouard T. Arsenault pour la construction de trois maisons à compter de 1980. À Cape Egmont, ses maisons de bouteilles peuvent y être visitées. Visitez successivement la maison à six pignons, la taverne et la chapelle. Les effets lumineux entre le soleil et le verre valent le déplacement. De plus, de jolis jardins attenants aux bâtiments sont également accessibles aux visiteurs.
Un village musical
Opéré par l’Association touristique Évangéline, le Village musical acadien dispose d’une salle de spectacles, d’une galerie d’art, d’une boutique de cadeaux, d’une scène extérieure, d’une terrasse e, même d’une boulangerie. Bref, tout pour satisfaire ceux et celles qui veulent découvrir la culture acadienne ou encore y déguster sa cuisine et assister à du théâtre ou à un spectacle musical.
Au départ, en 1998, le Village musical acadien s’appelait le Centre Expo-Festival. Il s’agissait alors d’un établissement communautaire de l’ouest de l’Ile, qui disposait d’une grande salle, qui servait soit de salle à manger ou comme salle à spectacle. Au fil du temps, divers aménagements y ont été faits jusqu’à une dernière rénovation en 2014 où le Centre est devenu le Village musical acadien. Lieu de rencontres pour les artistes de la région, un incontournable à Abram-Village, qui compte 300 personnes et qui peut en accueillir tout autant, selon Jeannette Blaquière, membre du conseil d’administration du Village!
Une caisse pop avant le temps
Quelque 40 ans avant la première caisse populaire fondée en 1900 par Alphonse Desjardins à Lévis, il y eut à l’IPÉ, la Banque des Fermiers de Rustico dans le centre nord de l’Ile.
Fondée en 1864 et pendant 30 ans, cette banque fut considérée comme une banque du peuple. Elle fut l’œuvre de l’abbé Georges-Antoine Belcourt, qui constata rapidement l’état financier pitoyable de ses paroissiens. C’était une coopérative avant l’heure. Longtemps salle paroissiale, c’est maintenant un musée qui raconte l’œuvre de l’abbé Belcourt.
Non loin de la Banque des Fermiers se trouve également la maison Doucet. Selon le site de la Banque, «la maison Doucet est la maison la plus ancienne de Rustico et fort probablement de toute la province.» Sauvée du pic des démolisseurs, elle a été transportée sur le terrain de la Banque en 1999. Elle raconte un pan de l’histoire acadienne. Sur place, le visiteur peut profiter d’un repas préparé par un chef, qui se double parfois d’un conteur et d’un chansonnier!