Publié en 2017 en anglais, puis traduit en 2019 en français, le livre Rares, mais partout écrit et dessiné par Deborah Katz fait la part belle à la différence. Érigée en atout, et non en tare, l’altérité est ainsi présentée aux plus jeunes sous son meilleur jour.
Infirmière de formation, Deborah Katz s’est rendu compte de l’importance de sensibiliser les plus jeunes à la diversité. « Je voulais faire quelque chose pour montrer que nos différences n’étaient pas gênantes, qu’on peut même les célébrer », dit-elle. Témoin d’un sentiment de solitude et d’incompréhension parmi les enfants affectés par des maladies chroniques, des allergies, des différences parfois invisibles, voire des cancers, la francophone voulait changer la façon de voir les choses.
Avec son livre, Deborah espère ainsi que « les enfants avec des différences se sentiront moins seuls et voient leurs différences d’une manière positive ». Elle souhaite également « générer de l’empathie et de la compréhension chez les autres », grâce à l’utilisation qu’en feront les enseignants dans la salle de classe pour ouvrir le dialogue entre élèves.
L’inspiration du monde animal
« Dans le monde animal, les différences sont considérées exceptionnelles, mais pas dans le monde des humains, relève Louis Anctil, des Presses de Bras-d’Apic. L’exception rare fait que l’animal est tout à fait convoité. La différence a une valeur. On veut voir l’animal qui est différent. Alors que pour les humains, c’est le contraire. On essaie de renverser cette idée-là. »
Originaire de New York et établie depuis 20 ans à Vancouver, Deborah Katz a d’abord étudié l’ornithologie à l’Université Cornell aux États-Unis, une expérience déterminante pour sa future carrière d’auteure. Inspirée par la biodiversité du règne animal, elle dit vouloir « montrer que les différences peuvent donner un avantage ».
Rares, mais partout emmène ainsi le lecteur auprès d’animaux exceptionnels : sauterelles roses, tigres blancs, homards bleus, ou encore ours esprits… Onze animaux qui figurent aux côtés d’illustrations et de poèmes afin d’apprendre aux enfants à jeter un regard positif sur ce qui différencie les êtres vivants.
Montrer l’exemple dans les écoles
L’ouvrage s’adresse aux écoliers de la 1re à la 3e année, avec un fort potentiel pédagogique. « C’est un sujet d’actualité dans les écoles. C’est dans l’air », avance Louis Anctil, également fondateur de la maison d’édition Rencontres inattendues basée à Vancouver. À l’heure de l’inclusion, l’éditeur estime qu’il est important « de préparer les jeunes à voir et accepter des enfants qui ont des différences ».
Louis Anctil parcourt le pays à la rencontre des librairies, écoles et garderies. Le livre sera ainsi diffusé à travers le Canada, notamment en Alberta : « Je rencontre les gens de la librairie Le Carrefour en mars, et je fais des présentations aux enseignants du conseil scolaire anglophone d’Edmonton, du IISLE [Institute for Innovation in Second Language Education], puis à Calgary avec des libraires et des bibliothécaires. » Les conseils scolaires francophones et les garderies en français seront également approchés. « Les commissions scolaires sont de plus en plus à la recherche de matériel ou de livres pour parler de ce sujet et ouvrir la conversation avec leurs élèves », ponctue-t-il.
Depuis 2017, Rare is everywhere s’est écoulé à plus de 7000 exemplaires au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Irlande. Traduit en arabe, en espagnol, en allemand et aujourd’hui en français, l’ouvrage a même remporté un Vine Award en octobre 2018 dans la catégorie littérature jeunesse. Et l’auteure ne compte pas s’arrêter là, elle a d’autres idées en tête pour de prochains numéros!