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le Jeudi 8 novembre 2018 19:00 Actualité

Guerre à finir en 2020 à Washington : Les démocrates sans tête contre un Trump au pied du mur

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Le point tournant du scrutin aurait eu lieu lors d’une assemblée du 2 octobre. Donald Trump s’était moqué du témoignage de Christine Ford contre le juge Brett Kavanaugh avant de déplorer que tout jeune Américain puisse dorénavant être accusé injustement de n’importe quoi.  — Photo : compte Twitter de President Trump
Le point tournant du scrutin aurait eu lieu lors d’une assemblée du 2 octobre. Donald Trump s’était moqué du témoignage de Christine Ford contre le juge Brett Kavanaugh avant de déplorer que tout jeune Américain puisse dorénavant être accusé injustement de n’importe quoi.
Photo : compte Twitter de President Trump
Francopresse. Un combat s’amorce pour la présidentielle de 2020 aux États-Unis. Dans le coin gauche, les démocrates sans chef ni cohésion politique; dans le coin droit, un président qui fait face à la menace d’enquêtes sur ses finances et agissements.
Guerre à finir en 2020 à Washington : Les démocrates sans tête contre un Trump au pied du mur
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La tension monte aux États-Unis après le vote historique du 6 novembre marqué par une hausse de 50 % de femmes candidates depuis 2014 et le vote de 30 millions d’électeurs latino-américains. En prenant le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat, les démocrates ont changé la dynamique au Congrès américain. La table est mise pour les présidentielles dans deux ans.

Même si les républicains de Donald Trump ont maintenu de justesse leur emprise sur le Sénat avec 53 des 100 sièges, le président sera traqué au quotidien par une majorité démocrate de 225 sur 435 élus en Chambre.

Ces élections servent de mise en scène pour la « lutte à la mort de 2020 », estime la politicologue Laure Paquette, de l’Université Lakehead à Thunder Bay, en Ontario. « On verra encore plus de règles électorales partisanes dans les États et plus d’enquêtes sur Trump en Chambre. Mais ces litiges n’influenceront pas les Trumpers. »

Qualifiant les élections de référendum sur sa popularité, le président a réussi à limiter les dégâts côté républicain grâce à sa capacité de fouetter l’instinct de combat de sa base au moment opportun.

Selon une chroniqueuse du Devoir, ce moment est survenu après le témoignage de Christine Blasey Ford, une des victimes présumées du juge Brett Kavanaugh, candidat à la Cour suprême. « Ce qui avait toutes les apparences d’un point culminant du mouvement #MeToo, écrit Francine Pelletier, est devenu l’occasion de déplorer non pas la vulnérabilité des femmes, mais bien celle des hommes. »

« Les privilèges de l’homme blanc étaient menacés »

Devant une assemblée publique le 2 octobre, le président Trump s’est moqué des réponses de l’accusatrice avant de suggérer que tout jeune Américain pouvait être accusé faussement de n’importe quoi. « Trump a offert une planche de salut à son parti en lui fournissant une cause on ne peut plus rassembleuse, note la journaliste. Soudainement, les privilèges de l’homme blanc étaient menacés. »

Le président n’a pas gagné son référendum, soutient le politicologue Frédéric Boily, mais ne l’a pas complètement perdu. « La fameuse vague bleue ne s’est pas matérialisée et il a tenu bon pour certains sénateurs menacés. C’est quand même un avertissement aux démocrates : c’est loin d’être dans la poche pour 2020. »

Même si Donald Trump se dit ouvert à une collaboration avec la majorité démocrate, il menace l’opposition de représailles si des enquêtes sont lancées contre lui et son administration. Les démocrates ont bien l’intention de le contester sur tous les fronts, mais ils ont d’autres défis : en mal de leadership national, ils doivent également se doter de politiques cohérentes.

« Les démocrates ont encore un examen de conscience à faire au niveau stratégique, suggère Frédéric Boily. « Ils semblent dispersés par une gauche qui voudrait tirer encore plus à gauche sur des politiques de l’identité. Des critiques fortes ont été faites depuis les élections pour dire que les démocrates avaient mis trop d’accent sur des groupes particuliers de la société américaine. »

Photo : Tony Webster, Minnesota

Les démocrates en mal de leadership pour 2020

Prôner la diversité culturelle n’est pas une mauvaise idée, admet le politicologue, mais elle encourage dans ce cas « une fragmentation de l’électorat en groupes où chacun fait ses propres revendications. Les démocrates ne proposent pas une vision unifiée de l’Amérique comme le font les républicains ».

Cette dérive aurait permis à Donald Trump de galvaniser ses électeurs autour des questions identitaires, comme l’immigration. Mais l’approche inclusive des démocrates a contribué à sa majorité en Chambre.

Au Colorado, un premier gouverneur ouvertement gai, Jared Polis, a été choisi lors d’une soirée marquée par l’élection au Congrès de 110 femmes, dont 31 nouvelles à la Chambre des représentants et presque toutes démocrates.

À 29 ans, Alexandria Ocasio-Cortez (New York) et Abby Finkenuer (Iowa) sont devenues les plus jeunes élues de l’histoire du Congrès. Au Kansas, Sharice Davids est la première lesbienne et une des deux premières Autochtones à Washington; l’autre est Deb Haaland du Nouveau-Mexique.

Deux musulmanes ont été élues pour la première fois : la réfugiée somalienne Ilhan Omar, du Minnesota, et Rashida Tlaib, du Michigan. Une première Afro-Américaine, Ayanna Presley, a dominé au Massachusetts.

Deux Autochtones élues pour la première fois

Selon Frédéric Boily, on pourrait en contraste reprocher au président Trump les excès de sa politique anti-immigration. « Mais il a un agenda économique et l’économie se porte bien, ce qui convient à l’ensemble de l’électorat. »

La clé pour les démocrates? « Quels types de politiques ils vont privilégier, et quels types de candidats ils vont choisir. Des questions plus larges comme l’économie et l’environnement ou des politiques plus fragmentées? »

Le grand défi de la politique américaine serait sa polarisation intense, conclut le professeur. « On est complètement d’un côté ou de l’autre; on n’arrive pas à trouver de position intermédiaire. Donald Trump a le plus à gagner de cette approche, il nourrit la polarisation. »