Le 1er octobre, il y a eu des élections au Québec… La Coalition Avenir Québec prend le pouvoir. Ça ne soulève pas de tempête de poussière dans les Prairies, ça ne fait pas descendre un chinook des Rocheuses ni monter les embruns dans nos océans.
Remontons dans le temps, jusqu’à cette soirée mémorable du 15 novembre 1976. René Lévesque et le Parti québécois (PQ) venaient de balayer le Québec avec 71 sièges sur 108. Le Gaspésien indépendantiste en devenait le premier ministre. Une onde de choc a traversé le pays. Il était facile de décrire la secousse pour le Canada anglais : un réveil d’enfer. C’était plus complexe pour les francophones minoritaires. Choqués, éberlués, victorieux… Un peu de tout. Le principal foyer de la langue et de la culture française au pays sortait de l’ombre.
Comment ne pas se sentir un peu victorieux en dedans ? Mais en même temps, l’indépendantiste qu’était René Lévesque exposait les communautés francophones minoritaires à l’abandon dans la mer anglophone d’Amérique.
C’est dans la peur du Québec que le Canada anglais s’était réveillé pour admettre, non sans peine, qu’il y avait du français dans le tricot canadien. C’est dans l’angoisse née en ce soir d’automne que les droits des minorités furent enchâssés dans la Charte des droits et libertés en 1982.
Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose de la tourmente électorale de 1976. Le PQ effondré ne fait plus peur à personne. De la déferlante de 1976, il reste une mer d’huile. On range les radeaux de sauvetage. Est-ce de bon augure pour la francophonie canadienne ?
Les hauts et les bas des relations
L’évolution positive des quatre dernières décennies était en partie nourrie par une inquiétude qui n’existe plus. L’écho d’un Québec insatisfait du Canada donnait un peu de poids à la revendication des minorités, mais le chat s’est endormi. Dans ce contexte, l’appui franc du Québec à la francité pancanadienne prend de l’importance.
Mais rappelons qu’il y a eu des hauts et des bas dans les rapports entre le Québec et les minorités francophones dans l’histoire récente.
L’assimilation des minoritaires a parfois servi d’appui à la thèse voulant qu’il n’y ait point de salut hors du Québec. Puis on a entendu des paroles blessantes à leur endroit : « Dead Ducks », « cadavres encore chauds », « derniers homards de l’Atlantique »…
Alors qu’il était chef du Bloc québécois, Lucien Bouchard a tenté de mettre fin à cette guéguerre verbale et leur a tendu la main en articulant une politique complète à leur endroit.
Quelques années plus tard, au printemps 1999, Québec a refusé de participer à la semaine canadienne de la francophonie, laissant ses cousins seuls dans leur chaumière.
Maintenant, le gouvernement du Québec a une politique-cadre à leur intention, fondée sur le partenariat avec le monde francophone canadien que le gouvernement Couillard ne se gênait pas d’afficher.
Oui, il y en eu des hauts et des bas.
Une CAQ muette
Ce fut plaisant de voir cette vidéo lancée sur Facebook par le Secrétariat du Québec aux relations canadiennes le printemps dernier au sujet du français.
« Il participe à notre identité québécoise et canadienne. De Whitehorse à St. John’s, en passant par Edmonton, Saint-Boniface, Sudbury, Wendake et Trois Rivières, Shawinigan et Val-d’Or, Tadoussac et Caraquet, nous sommes près de 10 millions à parler chez nous en français. Ensemble, faisons résonner le français d’un bout à l’autre du territoire et du pays. »
Ce le fut tout autant d’entendre Jean-Marc Fournier, ministre québécois responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne.
« Le français est bien vivant dans les autres provinces du Canada et on peut aider à ce que ce soit encore plus vrai pour l’avenir ». Elle est réconfortante cette vision continentale de la francité. Il nous reste à voir ce que le gouvernement de François Legault va en faire. Pour le moment, la page web de la CAQ est muette à ce sujet.