Il n’y a pas de fin aux anecdotes et à l’attachement touchant l’église Saint‑Pierre de Chéticamp, qui fête son 125e anniversaire en 2018. Les préparatifs pour souligner l’évènement sont commencés.
Fondée en 1785, la paroisse de Chéticamp a vu la construction successive de trois églises, soit en 1790, en 1810 et en 1861, dont une à moins de deux kilomètres au sud-est de l’église actuelle. Le père Fiset, un homme de vision, reconnaissait que le centre du village était devenu le havre de Chéticamp et il voulait que l’église soit située là aussi. En 1885, après avoir acquis le terrain, la paroisse procéda à la construction d’un presbytère.
Un élément ayant une importance historique pour l’église demeure son orgue, un des premiers Casavant. Avant 1905, un orgue harmonium accompagnait le chant dans l’église du Buttereau. Il fut remplacé par le magnifique orgue à tuyaux Casavant qui demeure en excellente condition.
Casavant Frères est une des plus importantes entreprises de fabrication d’orgues au Canada. Elle fut fondée à Saint-Hyacinthe, au Québec, en 1879 par les frères Joseph-Claver et Samuel‑Marie Casavant. Leur père Joseph, un ancien forgeron, mit un jour la main sur un document concernant la construction d’orgues. Il utilisera ce document afin de restaurer un instrument. Il obtint son premier contrat en 1840 et, quand il prit sa retraite en 1866, il avait fabriqué 17 orgues, y compris celles pour les cathédrales catholiques d’Ottawa et de Kingston.

L’orgue de Chéticamp
Les Chéticantins ont toujours été très fiers de leur orgue Casavant, qui compte 534 tuyaux, variant en longueur d’environ 1,3 cm à 2,4 m. À son achat, l’orgue coûtait 1235 $. Après l’ajout des coûts de transport et d’installation, le montant total était de 1496 $ (en calculant le taux d’inflation à partir de 1914 — les données les plus anciennes disponibles — la valeur serait de plus de 35 000 $ en 2018). Aujourd’hui, un tel orgue aurait une valeur de plus de 100 000 $.
Au début, l’orgue était soufflé à la main, un travail assez ardu exécuté notamment par Luc (à Dosithé) Odo et John (à Paulite à Marine) LeBlanc. Vers 1960, un moteur électrique a été installé et fait fonctionner la soufflerie de l’orgue.
Heureusement : on dit que John LeBlanc suait à grosses gouttes quand Sœur Marguerite-Marie des Filles de Jésus, native de Rivière-Bourgeois, jouait et qu’elle décidait de faire résonner le Casavant dans toute l’église. On dit aussi qu’elle jouait de l’orgue en chantant et en dirigeant la chorale en même temps.
Imaginez ce que ces tuyaux pourraient raconter sur les spectacles des chœurs, de la présence de missions religieuses et des mariages, baptêmes, funérailles qui ont eu lieu dans l’église. Imaginez les changements qu’a vécus l’église Saint-Pierre au cours du dernier siècle. Mais une chose n’a pas changé : l’extrême beauté de cet édifice et le son magique de l’orgue, qui donnent encore la chair de poule.
Activités du 125e anniversaire
Des prestations formidables ont été données dans cette église, entre autres l’Orchestre symphonique de la Nouvelle‑Écosse, la chorale l’Écho des montagnes, la chorale Cœur du havre, des chants d’opéra, des chorales de jeunes et des productions théâtrales. À l’occasion du 125e anniversaire, il y aura des concerts spéciaux tout l’été.
Lisette Bourgeois, directrice générale de la Société Saint-Pierre, explique que « cette année, nous voulions ajouter une activité pour célébrer le 125e anniversaire de notre église. [En juin], il y a eu une marche dans l’église, alors que Napoléon Chiasson nous ramenait dans le passé avec un aperçu des 125 ans de l’église. Après la marche, il y a eu une rencontre d’une heure dans la chapelle afin d’écouter la musique de Ronald Bourgeois. »
L’auteure est toujours à la recherche d’anecdotes concernant l’église Saint-Pierre. Les personnes qui veulent partager leurs expériences sont priées de communiquer avec elle au 902‑224‑2492 ou à [email protected].