Après 12 ans passés à arpenter le système carcéral canadien, quel est votre constat?
Entre 2004 et 2016, chaque année, à l’exception d’une fois, la première des plaintes que m’adressaient les détenus concernait le manque d’accès aux soins. Ce qui inclut la santé mentale, l’accès à un spécialiste, la prise en charge des maladies chroniques, le traitement des douleurs chroniques…
Et lorsqu’on sait qu’un quart de la population carcérale est âgée de plus de 50 ans, cela pose un véritable problème, le premier problème grave. On a tendance à penser que les prisons abritent une population jeune, de 20 ou 25 ans, alors qu’en réalité la population carcérale vieillit et qu’avec l’âge surviennent de plus grands besoins en matière de santé.
Un deuxième problème majeur auquel il faut répondre est la surreprésentation, année après année, d’une population carcérale composée d’hommes et de femmes autochtones.
Et enfin, le troisième problème principal concerne la part toujours plus importante de détenus souffrant de troubles mentaux, avec tout ce que ça implique : blessures auto-infligées, décès prématurés en détention, recours excessif aux cellules d’isolement…