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le Mardi 26 septembre 2017 20:00 Actualité

Perte de vitesse du français dans les chaumières du Nord

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La proportion de francophones qui déclarent parler français à la maison est en baisse dans le Nord de l’Ontario selon une analyse des chiffres du Recensement 2016 de Statistique Canada, réalisé par l’Institut des politiques du Nord (IPN). Si en Ontario la baisse est de moins de 2 %, elle est plus marquée dans le Nord-Est et le Nord-Ouest. Dans le Nord-Est, en 2011, 67,2 % des francophones disaient parler français à la maison; en 2016, ils sont maintenant 58,7 %. Dans le Nord-Ouest, le chiffre est passé de 39,8 % à 35 %.
Perte de vitesse du français dans les chaumières du Nord
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Si en Ontario la baisse est de moins de 2 %, elle est plus marquée dans le Nord-Est et le Nord-Ouest. Dans le Nord-Est, en 2011, 67,2 % des francophones disaient parler français à la maison; en 2016, ils sont maintenant 58,7 %. Dans le Nord-Ouest, le chiffre est passé de 39,8 % à 35 %.

Pour la directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury, Joanne Gervais, c’est un problème sérieux. «Comment est-ce qu’on contre ça? C’est quasi impossible. On ne peut pas commencer à aller dans les maisons et faire la police de la langue! Comment est-ce qu’on peut convaincre ces gens-là de l’importance de la langue [française]?»

L’IPN a présenté son analyse lors de la table de concertation du Nord de l’Ontario de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), qui a eu lieu le 13 septembre à North Bay. L’étude se concentre sur l’utilisation de la langue, l’identité des francophones et leur présence sur le marché du travail, quoique les deux derniers thèmes se servent plus des chiffres de 2011, puisque Statistiques Canada n’a pas encore publié les plus récentes données.

L’analyste de données séniore de l’IPN qui a produit l’analyse, Amandine Martel, croit qu’il serait intéressant de chercher les causes de cette diminution. «Ce que j’entends le plus souvent, ce sont des francophones qui se marient avec des anglophones et qui n’ont donc plus l’occasion de parler français à la maison», présente-t-elle comme première explication.

Nombre de francophones en baisse dans le Nord

Mme Martel a dénombré 140 705 francophones dans le Nord-Est (25,6 % de la population totale de cette région) et 9 980 dans le Nord-Ouest (3,9 % de la population).

Même si la définition de «francophones» utilisée pour l’analyse est assez large pour englober ceux dont elle est la langue maternelle et ceux qui en ont une bonne connaissance et l’utilisent à la maison, on constate une baisse marquée de la population francophone dans le Nord.

Alors que le nombre de francophones a grimpé de 10 % à l’échelle de la province depuis 2001, il a diminué de 11,4 % dans le Nord-Est et de 24,6 % dans le Nord-Ouest.

L’augmentation provinciale est due en bonne partie à l’immigration, mais ces immigrants francophones adoptent très rarement le Nord. Considérant que la population francophone dans le Nord est relativement petite, la tendance ne serait pas si difficile à renverser selon Mme Martel. «Si on arrivait à attirer un peu plus de francophones dans le Nord, c’est sûr que ça ferait remonter la courbe.»

L’analyste est restée un peu surprise qu’une si grande proportion de francophones aient déclaré que le français était leur langue maternelle unique. «J’ai passé un peu de temps dans le Nord-Ouest et j’entendais beaucoup de personnes me dire qu’elles vivaient dans une famille exogame. Je m’attendais à ce que la majorité des francophones déclarent avoir le français et une autre langue comme langue maternelle», avance Mme Martel.

 

Autres données

L’analyse de Mme Martel révèle également que la population francophone vieillit, alors que le nombre de francophones de 65 ans et plus dans le Nord-Est est passé de 16,8 % à 23,5 % du total de francophones. Cette tendance est confirmée par la baisse de la proportion des 0 à 24 ans et des 25 à 64 ans.

Le Recensement de 2011 révèle que les francophones du Nord-Est et du Nord-Ouest ont généralement un bon niveau de scolarité avec des taux généralement au-dessus des chiffres provinciaux pour l’obtention des diplômes d’études secondaires, d’école de métiers ou collégiaux. Par contre, ils sont très loin derrière pour les diplômes universitaires — 14,4 % pour les Nord-Est, 16,4 % pour le Nord-Ouest et 33,4 % pour l’Ontario.

Par contre, le salaire moyen des francophones en 2011 était légèrement plus élevé que la moyenne de toute la population du même territoire.

Si l’AFO ou un autre organisme francophone lui en fait la demande, Mme Martel serait ravie de faire une mise à jour lorsque Statistique Canada publiera ses données de 2016 sur la scolarité, le travail, la langue de travail, la mobilité et la migration le 29 novembre.