Les défis du Web
Si le numérique séduit, il présente toutefois de multiples défis pour Simon Forgues, agent en communications et développement à l’Alliance des radios communautaires (ARC) du Canada. D’abord, en termes logistiques, certaines communautés sont isolées en milieu rural avec un Internet défaillant, rendant « l’appropriation des plateformes numériques difficile ». Puis, au niveau des ressources humaines, la formation du personnel est indispensable pour apprendre à maîtriser les nouveaux outils, dont « le streaming, le podcast et les applications ».
Enfin, il faut relever le défi financier : « investir sur Internet en pensant qu’on va générer des revenus est un peu rêveur », prévient M. Forgues. François Bergeron le rejoint en montrant du doigt « l’espace publicitaire plus limité, à raison de quelques bannières par page ». Rappelons que depuis quelques années les publicités fédérales ont largement diminué, « causant un tort considérable aux médias communautaires » selon M. Forgues.
Les médias de proximité, des organes vitaux
Un rapport du Patrimoine canadien, du 15 juin dernier, notait que les médias communautaires « demeurent essentiels à la vitalité des communautés ». Son Comité permanent relevait en outre que les médias locaux remplissent « un rôle civique essentiel », et qu’ils « favorisent le développement et l’épanouissement des communautés linguistiques en situation minoritaire ».
Francis Sonier, président de l’Association de la presse francophone (APF), souhaiterait de l’État « une aide ponctuelle », notamment en réinvestissant la publicité gouvernementale, et souligne qu’« en aidant les journaux, on contribue à l’épanouissement des communautés ». Pour M. Forgues, cet investissement est nécessaire « si l’on veut que les gens puissent encore avoir accès à l’information locale ».
Quel modèle d’avenir ?
Denis Bertrand, expert-consultant en communications, conseille de dissocier versions papier et numérique : « le papier devient un support d’analyse, qui creuse davantage, revenant à un journalisme d’enquête, alors que le numérique permet de couvrir l’actualité ». Selon lui, il faut aussi que les médias s’adaptent afin de capter de nouveaux auditoires, à l’instar des jeunes.
Enfin, pour certains, comme François Bergeron de L’Express de Toronto, « c’est aux entreprises de trouver le modèle le plus pérenne, car il ne faut pas que les journaux dépendent de subventions gouvernementales ; c’est la liberté de la presse qui est en jeu ».