Leur histoire a en effet été teintée d’un certain romantisme tout ce qu’il y a de plus hollywoodien : deux jeunes rebelles qui commettent de petits crimes et vont jusqu’à perpétrer des meurtres, qui sont continuellement en cavale et qui échappent par miracle à la police à plusieurs reprises. Impossible pour une telle épopée bien réelle de ne pas trouver d’écho, notamment en France.

La fin tragique de Bonnie et Clyde : leur Ford V8 volée criblée de balles lors d’une embuscade policière.
«Vous avez lu l’histoire de Jesse James. Comment il vécut, comment il est mort. Ça vous a plu, hein? Vous en demandez encore. Eh bien, écoutez l’histoire de Bonnie and Clyde.»
Vers la fin des années 1960, Serge Gainsbourg a écrit Bonnie and Clyde, qu’il a chanté avec Brigitte Bardot, en s’inspirant largement d’un poème autobiographique rédigé par Bonnie elle-même, peu de temps avant sa mort tragique.
Dans The Trail’s End (La fin de la route), Bonnie offre une image plus humaine d’elle et de Clyde, présentant leur périple comme une lutte pour la liberté contre des autorités répressives.

Faye Dunaway et Warren Beatty ont immortalisé l’épopée du couple mythique dans un film de 1967 : Bonnie et Clyde.
Les derniers vers de poème sont particulièrement prémonitoires : «Some day they’ll go down together. They’ll bury them side by side. To few it’ll be grief, to the law a relief, but it’s death for Bonnie and Clyde.» [Traduction libre : Un jour, ils tomberont ensemble. On les enterrera côte à côte. Peu seront endeuillés, la justice sera soulagée, mais ce sera la mort pour Bonnie et Clyde.]
Ils semblaient vouloir vivre leur vie comme dans un film. D’ailleurs, Hollywood les a immortalisés en 1968 avec le film Bonnie et Clyde. Le couple était personnifié par des acteurs de renom : Faye Dunaway et Warren Beatty.
Dans ce cas-ci cependant, la réalité dépassait très largement la fiction. Attachez votre ceinture, le chemin de vie de ce couple est une route périlleuse à l’extrême, menant inéluctablement à un cul-de-sac.
Les personnages
Bonnie Parker nait en 1910 à Rowena, Texas. Elle réussit bien à l’école, mais décroche pour se marier. Elle a 16 ans. Son nouveau mari écope peu après d’une peine de cinq ans de prison pour vol. C’est la fin du couple, mais ils ne divorceront jamais.
Clyde Barrow, nait en 1909 à Telico, Texas. Quand Clyde a 12 ans, sa famille déménage dans un rude quartier de Dallas. Avec son frère, il commence à voler des voitures.
Scène 1 : Coup de foudre et orage
En janvier 1930, quelques semaines après avoir rencontré Bonnie, Clyde est condamné à deux ans de prison pour des crimes antérieurs. À peine deux mois plus tard, en mars, il s’évade grâce à une arme que Bonnie a réussi à lui faire passer. Mais Clyde est appréhendé peu après et écope d’une peine de 14 ans.

Photo de Clyde Barrow (âgé d’environ 17 ans), en 1926, lors d’une de ses premières arrestations.
Désespéré, Clyde se tranche deux orteils avec une hache (on dit aussi qu’il aurait peut-être demandé à un autre prisonnier de le faire) dans l’espoir d’être transféré dans une prison moins invivable.
C’est un sacrifice qui s’avère inutile, car il obtient une libération conditionnelle une semaine plus tard, sa mère étant intervenue avec succès auprès du gouverneur de l’État.
Libre, Clyde forme avec d’autres petits bandits le gang Barrow, qui se lance dans une série de vols. Bonnie est parfois de la partie, mais surtout pour conduire la voiture de fuite. Lors d’un de ces vols, elle est arrêtée et emprisonnée, mais est libérée peu après, faute de preuve.
Pendant que Bonnie est en prison, un vol du gang Barrow dans un magasin général tourne mal. Le propriétaire est tué par balles. Mais la prison n’est pas une option pour Clyde : c’est la fuite. Lorsque Bonnie sort de prison, elle décide d’accompagner Clyde.
Scène 2 : Le métier rentre
Au cours des deux années qui suivent, le couple devient des criminels à plein temps, parcourant le Texas, le Nouveau-Mexique, l’Oklahoma et le Missouri. Ils ciblent des banques, mais aussi de petits commerces, des postes d’essence. Souvent, les montants volés sont minimes.

Bonnie et Clyde aimaient faire des mises en scène pour se faire prendre en photo.
D’autres personnes se joignent au couple, dont Buck, le frère de Clyde. Alors que la bande savoure une pause de quelques semaines dans un appartement, la police surgit. Au cours de la fusillade, un policier est tué. Bonnie, Clyde et les autres parviennent à s’échapper.
À l’été 1933, la police encercle deux chalets loués par la bande. Autre fusillade. Autre fuite réussie. Les membres de la bande roulent toute la nuit jusqu’à une autre ville où la police les rattrape. Encore une fusillade, mais ils réussissent encore à s’échapper. Clyde a reçu une balle à un bras. Son frère Buck est aussi atteint et meurt quelques jours plus tard.
Scène 3 : Quiconque se sert de l’épée périra par l’épée
Malgré tout, Bonnie et Clyde renouent avec le crime quelques mois plus tard. En janvier 1934, ils aident un ami détenu à s’évader, mais un gardien est tué. D’autres prisonniers en profitent pour s’évader, dont un dénommé Henry Methvin, qui se joint à la bande. Il sera le judas de Bonnie et Clyde.

Cette photo du célèbre duo criminel a été prise par un membre du gang Barrow entre 1932 et 1934 et a été trouvée le jour de leur mort.
En mai, Methvin décide de trahir ses comparses, en échange d’un pardon. Le 23 mai 1934, Bonnie et Clyde doivent aller chercher Methvin chez son père, à Salies, en Louisiane. Mais la police les attend.
La camionnette du père est placée sur le bord de la route, un pneu en moins. Le piège fonctionne. Bonnie et Clyde reconnaissent le véhicule et s’arrêtent. Ce sera leur terminal, où personne ne descendra.
À 9 h 15, six policiers ouvrent le feu, sans avertissement. Cette fois-ci, la fuite est impossible. Plus de 130 balles sont tirées vers la voiture. Le couple meurt sur le coup, la tête de Bonnie reposant sur l’épaule de Clyde…
Bonnie, comme le disait son poème, souhaitait être enterrée à côté de son partenaire dans le crime, mais ils reposent dans deux cimetières différents, comme si on avait voulu les séparer pour l’éternité…